Passe d’armes sur le budget primitif au conseil municipal de Bastia

Manichéen. S’il fallait définir le conseil municipal de Bastia de ce vendredi 9 avril, manichéen serait le qualificatif le plus approprié. Deux visions diamétralement opposées se sont donc affrontées lors du vote du budget primitif 2021 de la ville de Bastia comme cela avait déjà été le cas lors dernier conseil municipal. Qui est le bien ? Qui est le mal ? Chacun se laissera le luxe de juger de son propre chef. La seule certitude c’est que pour la majorité municipale comme pour l’opposition, « l’enfer c’est les autres ».

D’un côté la majorité municipale se félicite d’un bilan satisfaisant malgré la crise, affichant des équilibres financiers préservés, des recettes en hausse, une maîtrise des dépenses de fonctionnement et une épargne brute de 3,29 millions d’euros contre 1,9 millions en 2020. Des efforts qui permettront à la municipalité d’ambitionner un programme d’investissement de plus de 32 millions d'euros.

De l’autre, l’opposition parle d’une situation financière dans le rouge, plombée par un endettement record et une hausse des charges de personnel injustifiée. 

Un véritable débat contradictoire de plus de quatre heures sur lequel planait l’ombre du rapport provisoire de la Chambre Régionale des Comptes sur la gestion de la ville de Bastia. Rapport qui a servi de fusil d’aiguisage à l’opposition pour piquer au vif le maire Pierre Savelli, non sans subtilité comme le prouve Jean-Sébastien De Casalta lors de l’une de ses interventions sur le contentieux du cimetière de l’Ondina : « il y a un contentieux qui est pendant devant la justice administrative, laissons les juges trancher pour dire qui sont les responsables, alors chacun en tirera les conclusions qui s’imposent. Un peu plus d’objectivité vous rendrait un peu plus convaincant. Je doute que vous convainquiez les juges de la Chambre Régionale des Comptes sur d'autres sujets ».

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Mais pour le maire le responsable est tout trouvé : « la responsabilité est endossée soit par les entreprises qui ont effectué les travaux, soit par le maître d’ouvrage qui est la mairie. Le projet ayant été livré en 2013, je vous laisse le soin de savoir de quelle mandature il s’agit ».

C’est le maître-mot du programme d’investissement prévu au budget primitif 2021. Une attractivité déjà reconnue par le Palmarès des centres villes dynamiques délivré par l’association des Villes de France. Bastia se classe ici en vingt-sixième position. Une attractivité qui se retrouve dans les chiffres pour Jean-Louis Milani, deuxième adjoint au maire : « Bastia a gagné 4 000 habitants, 1 400 logements ont été construits entre 2014 et 2019. La municipalité a aidé 175 primo accédants, évitant une fuite vers les autres communes du sud. Arrêtons d’assombrir le tableau ! ».

Une augmentation de population qui permet une hausse des recettes fiscales sans avoir à augmenter les taux des taxes. Mais pour l’opposition, l’argument passe mal.

« On n’augmente pas les taux à la mairie de Bastia mais la communauté d’agglomération vient de voter une augmentation de 50 % de la Taxe sur l’Enlèvement des Ordures Ménagères. Le bénéficiaire est différent mais au final c’est le contribuable bastiais qui paye » déclare Julien Morganti, chef de file du mouvement Un Futur pour Bastia.

« Une stabilité fiscale de façade » pour François Tatti qui dénonce lui aussi  l’augmentation de la charge fiscale votée à la CAB le 2 avril dernier.

Mais ce qui préoccupe le plus les membres de l’opposition c’est le manque de transparence quant aux recrutements effectués à la mairie de Bastia comme le souligne Jean-Martin Mondoloni : « il y a un défaut de transparence sur la masse salariale, vous porterez le poids de cette suspicion temps qu’on ne saura pas qui a été recruté et dans quel but ». Pour le maire de Bastia « chaque création de poste répond à une volonté d’améliorer le service public. Quand on crée des services supplémentaires comme l’Alb’oru il faut bien recruter du personnel pour y travailler. De plus, il n’y a aucun défaut de transparence puisque chaque création de poste a été discutée en conseil municipal ».

Une fois de plus le conseil municipal de Bastia aura été l’objet de vifs échanges entre majorité et opposition avec cette fois un invité surprise : le rapport provisoire de la CRC.