"Les salariés de la SNCM ont décidé de reprendre le travail. Par leur action, face à un gouvernement fuyant ses responsabilités depuis des mois, ils ont réussi à repousser les menaces immédiates qui pesaient sur la compagnie et gagné un processus de discussion qui n'était pas à l'ordre du jour.
Si elle n'a pas été sans effets sur l'activité saisonnière, leur détermination à se faire entendre était et demeure indispensable, pour l'emploi, pour les ports de Marseille et de Corse, pour le service public de continuité territoriale, pour l'avenir d'une compagnie dont la structure même du capital la situe de fait dans le giron public de l’Etat. La loi de la concurrence libre et non-faussée, la loi des actionnaires privées avides de dividendes indus n'est pas une fatalité. Comme beaucoup de salariés, nous avons été choqués par l'attitude du gouvernement dans ce conflit, refusant le dialogue, attisant la division, laissant les salariés se faire agresser par des groupes violents et menaçant d'utiliser directement contre eux la force publique s'ils ne reprenaient pas le travail. Cette attitude est indigne d'un gouvernement de gauche et n'honore pas la République.
Tout doit être fait pour remettre en cause les amendes de la Commission européenne, dictées par une volonté politique de livrer la desserte aux compagnies low-cost dont l'objet n'est pas d'assurer le service dont la Corse et le continent ont besoin. C'est l'Etat qui est responsable de la privatisation. Le fonds financiers BCP a gagné 60 millions d'euros sur l'opération, et la Commission ferait bien de s'intéresser au budget des compagnies concurrentes qui essayent par tous les moyens de couler la SNCM.
Dans les cinq mois qui viennent, au côté des marins, officiers et sédentaires de la SNCM, nous resterons mobilisés pour gagner un avenir, qui passe par un projet industriel de relance que l'Etat a le devoir de soutenir, et pour lequel les actionnaires ont le devoir de payer leur part. Nous osons espérer que la parole publique ne sera pas une nouvelle fois remise en cause. La SNCM doit vivre. C'est l'intérêt de Marseille et de la Corse. C'est l'intérêt de la nation. Il appelle un engagement déterminé et loyal."