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Mutation des enseignants : la mise au point du recteur de l'Académie de Corse


Patrice Paquier Lorenzi le Mardi 27 Mai 2025 à 09:05

Le recteur de l’Académie de Corse, Rémi-François Paolini, a tenu à clarifier, ce lundi après-midi, les règles encadrant les mutations des enseignants. Il affirme que plus de 75 % des demandes de retour en Corse sont satisfaites chaque année, soit via les barèmes et postes ouverts, soit après un recours auprès du ministère de l’Éducation nationale. Il a également réagi à la médiatisation du cas de Rose-Marie Albertini, une enseignante évoquant une situation injuste : une version qu’il qualifie de "caricaturale, approximative et truffée d’erreurs".



Rémi-François Paolini, le Recteur de Corse a rappelé les règles en vigueur concernant la mobilité des enseignants.
Rémi-François Paolini, le Recteur de Corse a rappelé les règles en vigueur concernant la mobilité des enseignants.

La question des enseignants souhaitant revenir exercer leur métier en Corse s’invite régulièrement chaque année, et tout particulièrement récemment avec la médiatisation du cas concernant Rose-Marie Albertini. Cette jeune professeure de 25 ans avait dénoncé, le lundi 12 mai, devant les grilles de la préfecture, sa situation personnelle, en affirmant avoir été agressée sur le Continent et être dans l’impossibilité de rentrer dans l’île malgré son habilitation en langue corse.

« Les règles du jeu sont connues de tout le monde. Il ne faut pas s’en étonner »
Pour rétablir certaines vérités, mais surtout expliquer le système de l’affectation par le biais notamment des barèmes, le recteur de Corse était entouré de Virginie Frantz, secrétaire générale, et François Squarcini, chargé de mission à la langue corse : « La mobilité des enseignants et de leur affectation est un sujet qui revient chaque année et nous le faisons en toute transparence. Ce qu’il faut savoir, c’est que ces règles de mobilité ne se font pas seules. Nous travaillons chaque année main dans la main avec les syndicats d’enseignants, qui connaissent parfaitement le cadre juridique. »

Chaque année, l’Académie de Corse étudie ainsi chaque cas et livre ses arbitrages au sein d’échanges avec le STC, le SNALC, la FSU, la CGT et le SNETAA-FO. En 2025, 37 dossiers de recours ont été déposés par des enseignants souhaitant revenir exercer leur métier en Corse, mais qui n’ont pas été retenus pour les postes ouverts, contre 41 en 2024. Sur les 37 dossiers en cours, 25 ont ainsi été choisis pour être particulièrement soutenus et auront une chance d’aboutir selon les postes disponibles : « On tient compte des postes existants, mais aussi des situations personnelles, des enfants, de la santé, et même parfois de situations de handicap. Après, quand on se présente lors des concours, il y a des règles à respecter et il ne faut pas être surpris des résultats, quand cela ne convient pas (…) Cette mutation se fait selon un barème, et celui qui en a le plus a évidemment plus de chances de rentrer. Ce barème est la résultante de plusieurs critères, mais aussi de la réitération de la demande. Quand on fait plusieurs fois la demande de revenir en Corse, on se rapproche du seuil pour rentrer, mais celui-ci dépend du nombre de postes ouverts. »

Cette année, 59 enseignants ont ainsi pu revenir en Corse sur cette base, et une vingtaine le seront après recours, soit « près de 75 % des demandes satisfaites », selon le recteur.


Le cas de Rose-Marie Albertini ? « Une situation caricaturale, approximative et truffée d’erreurs »
Concernant le cas de Rose-Marie Albertini, le recteur de Corse a pointé « une situation caricaturale, approximative et truffée d’erreurs », avant de préciser : « Quand on regarde attentivement le dossier, on est loin de la présentation qui en a été faite. Nous n’avons aucune trace d’éléments au sein de l’Académie concernant une situation dégradée comme elle en a fait mention dans la presse, ni à Lyon, ni à Créteil, où elle n’est restée qu’une semaine. Nous regrettons qu’elle n’ait pas pris contact avec l’Académie de Corse, où nous aurions pu l’aider et l’accompagner. Si elle avait respecté les procédures, aujourd’hui elle serait dans l’Académie de Corse. Elle avait été accompagnée par un syndicat, mais elle n’est pas allée au bout des démarches. Elle n’a pas effectué la procédure alors même qu’elle avait le nombre de points nécessaires à son retour. D’autre part, elle a passé son habilitation corsophone sur le Continent sur deux matières linguistiques (lettres et anglais) qu’il n’est pas possible d’enseigner en langue corse. Elle a tenté par deux fois de passer le CAPES de Corse, mais n’a pas été admissible », avant de lui tendre la main : « Nous n’avons pas eu de contact avec cette jeune enseignante, et nous lui conseillons de prendre attache avec nous pour l’accompagner et la conseiller. »

Le recteur a aussi tenu à rappeler que le recrutement des enseignants du 1er degré s’effectue par un concours académique, ce qui fait que, lorsqu’on le réussit, on enseigne obligatoirement en Corse. Quarante-deux postes ont ainsi été ouverts cette année, dont 22 en classe bilingue, soit un nombre supérieur aux classes standards. En revanche, le concours du 2ᵉ degré est national : « Le nombre de postes offerts dépend des besoins au niveau national. Le plus grand nombre de postes est forcément plus élevé dans des régions comme l’Île-de-France qu’en Corse. Les règles du jeu sont connues de tout le monde. Il ne faut pas s’en étonner. Si l’on veut absolument rester en Corse, on doit passer le concours de professeur de Corse ou bien le CAPES. »

L’Académie de Corse assure également faire son maximum pour répondre à la volonté des jeunes enseignants, et a obtenu une avancée au niveau des stagiaires, jeunes lauréats du concours : « Depuis cette année, nous avons obtenu que tous les lauréats des concours issus de notre Académie fassent leur stage en Corse. Cela n’existe pas sur le Continent, seulement en Outre-mer. »

Une avancée importante, puisque le fait d’effectuer le stage d’affectation au sein de leur académie permettra à ces jeunes professeurs d’obtenir une bonification de 600 points dans leur barème. Cette année, 90 % des stagiaires devraient ainsi rester en Corse pour exercer leur métier. « Quand on fait son stage, on est quasiment assuré de continuer sa carrière au sein de l’Académie de Corse. Dire que nos étudiants lauréats de concours doivent obligatoirement s’exiler est totalement faux. Cela peut arriver dans certaines situations, notamment pour des postes spécifiques. »