Corse Net Infos - Pure player corse

Murtoli : le luxueux domaine de nouveau visé par la justice


La rédaction avec AFP le Vendredi 7 Avril 2023 à 22:05

Pointé du doigt depuis 18 ans par les associations de défense de l'environnement, Paul Canarelli, propriétaire du domaine corse de Murtoli, lieu de villégiature prisé des célébrités, a été mis en examen vendredi pour fraude à l'urbanisme.



Murtoli : niché dans le maquis surplombant les eaux turquoises du golfe de Roccapina, entre Sartène et Bonifacio
Murtoli : niché dans le maquis surplombant les eaux turquoises du golfe de Roccapina, entre Sartène et Bonifacio
"Malgré de multiples procédures judiciaires effectuées depuis 2005, le ou les dirigeants du Domaine de Murtoli continuent à faire les travaux de rénovation, construction, aménagement en l'absence totale de demande d'autorisation d'urbanisme", selon des documents consultés par l'AFP.
Niché dans le maquis surplombant les eaux turquoises du golfe de Roccapina, entre Sartène et Bonifacio, ce lieu de villégiature cinq étoiles parsemé de bergeries de luxe, de trois restaurants et d'un golf est prisé des milliardaires et personnalités comme l'acteur américain Leonardo DiCaprio ou l'ex-président français Nicolas Sarkozy.
Paul Canarelli a été mis en examen en son nom propre et en qualité de représentant légal des sociétés "Domaine de Murtoli" et "Cala Barbaria".
Il est soupçonné d'avoir effectué des travaux sans permis de construire ou autorisation préalable et en infraction avec le plan local d'urbanisme, d'avoir exécuté des travaux ayant modifié sans autorisation un monument naturel ou un site classé et d'avoir aménagé un golf sans permis préalable, ont indiqué des sources proches du dossier. Ce qu'a confirmé à l'AFP le parquet d'Ajaccio.
Son ex-compagne et exploitante agricole du domaine, Valérie Guilbert, ainsi que l'architecte du domaine, Stéphane Lucchini ont également été mis en examen pour les mêmes chefs d'inculpation.
Tous les trois ont nié les faits reprochés.
Assurant que "le domaine de Murtoli est cité en exemple dans le monde entier comme étant "un modèle de développement durable, de tourisme unique", Paul Canarelli avait déclaré en garde à vue bien vouloir "croire qu'il y a quelques infractions en matière d'urbanisme mais en dehors de tout cela, il y a de la vertu", a rapporté à l'AFP une source proche du dossier.

"Suites de luxe"
L'enquête s'est intéressée aussi à la construction de trois bâtiments agricoles. "Le bâtiment A qui devait être un bâtiment agricole, n'a jamais été construit et en lieu et place, ce sont des chambres et suites de luxe qui ont été construites", relèvent les enquêteurs".
"La procédure qui vise Paul Canarelli est fondée exclusivement sur des infractions non établies à ce jour aux règles de l'urbanisme", a indiqué à l'AFP son avocat, Me Philippe Dehapiot, précisant que "les points soulevés sont pour la plupart prescrits, déjà régularisés ou en cours de régularisation, en accord avec les services administratifs concernés".
Me François Susini a confirmé à l'AFP la mise en examen de son client, Stéphane Lucchini, sans autre commentaire. L'avocate de Mme Guilbert n'a pu être jointe.
Une enquête préliminaire avait été ouverte suite aux plaintes des associations de défense de l'environnement (U Levante, ABCDE et France Nature Environnements) pour des constructions réalisées en l'absence d'autorisation d'urbanisme, dans des zones inconstructibles, en espace remarquable de la loi littoral ou en site classé entre 1996 et 2019.
U Levante s'étant constituée partie civile, une information judiciaire avait été ouverte début 2021.
Ces mises en examen interviennent au moment où le domaine a annoncé la "création de leur fonds de dotation destiné à soutenir des actions et des missions d'intérêt général en faveur de la biodiversité et de l'environnement en Corse ".
Dans son communiqué de presse, le domaine assure s'être inscrit dans l'initiative "Entreprises engagées pour la nature" portée par l’Office français de la biodiversité.
Le domaine avait été condamné en 2016 par la cour d'appel de Bastia pour notamment "destruction d'espèces animales et végétales protégées".