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Municipales à Bastia : Sylvain Fanti pose les bases de sa candidature


Christophe Giudicelli le Samedi 19 Juillet 2025 à 10:43

Candidat déclaré aux municipales de 2026, Sylvain Fanti entend incarner une alternative clairement identifiée à droite. Le chef d’entreprise bastiais place l’éducation, la sécurité et le développement économique au cœur de son projet, et prône un rassemblement autour d’un socle de valeurs communes. À moins d’un an du scrutin, il affiche sa volonté de “tourner la page d’une Bastia assignée à la pauvreté”.



Municipales à Bastia : pour Sylvain Fanti : « Personne ne gagnera seul »
Municipales à Bastia : pour Sylvain Fanti : « Personne ne gagnera seul »

À quelques mois du scrutin municipal, vous avez officialisé votre engagement. Que souhaitez-vous porter dans cette campagne ?
Au mois d’octobre dernier, je me suis engagé à porter une démarche claire et unitaire avec deux ambitions fortes. Affirmer la présence et l’identité de la droite pour les prochaines élections municipales à travers des marqueurs clairs : l’éducation, la sécurité, le développement économique et durable. Et le deuxième point, c’est le rassemblement et se dire que nous sommes capables de laisser de côté nos ego pour nous mettre au service de Bastia et des Bastiais.

Des discussions sont en cours au sein de votre famille politique. Peut-on dire que vous serez tête de liste ?

Par chance, nous discutons, et il faut discuter avec toutes les forces d’alternance. Concernant la droite, il y a eu un premier symbole assez puissant. Il y a environ un mois, j’ai organisé une réunion avec Jean-Martin Mondoloni. Jean-Louis Milani était absent, excusé mais représenté. Et c’est un symbole assez fort, car c’est quelque chose que nous n’avions plus vu depuis vingt ans. Aux municipales, il y a des alliances qui sont possibles. Les personnes que je viens de citer participent à des alliances, et si je vais plus loin, en 2026, personne ne pourra gagner seul. Mais je considère d’abord qu’il faut être clairement identifié. Les Bastiais que je rencontre me le disent : « Aux municipales, on vote d’abord pour l’homme. » Et ils ont raison. Il faut se poser la question : qui est cet homme ou cette femme face à moi ? Qu’a-t-il fait dans sa vie ? En répondant à cette question, vous saurez quel maire et quelle ville vous allez avoir. Bien sûr, il faut être ouvert, mais il faut d’abord être clairement identifié.

Des alliances dès le premier tour sont-elles envisageables ?
Il ne faut fermer aucune hypothèse, tout doit être pensé au service des Bastiais. Si la population souhaite l'alternance, je suis convaincu qu’elle ne veut pas le retour de l’ancien monde ni d’une liste bâtie sur le « tout sauf Pierre Savelli ». Elle sera attentive au renouvellement des femmes et des hommes qui porteront la liste, ainsi qu’aux valeurs clairement affichées.
Si une chose peut rapprocher les sensibilités, c’est la volonté de redonner à Bastia son rôle de capitale de la Corse.
De toute façon, les choses vont s’éclaircir rapidement, afin de présenter cette démarche montrant une volonté farouche de servir.

L’opposition s’est montrée ouverte à des échanges avec d’autres sensibilités, comme lors de la réunion du PNC à Bastia. Est-ce une voie à explorer ?

Il ne faut avoir aucune vision sectaire. Mais je le redis : il ne peut y avoir de rassemblement ou de rapprochement que sur la base d'un projet clair et concret, autour des sujets fondamentaux pour les Bastiais. L’alliance pour l’alliance ne sert à rien. On sait que, sur la durée, cela ne fonctionne pas. On l’a vu en 2014 : l’attelage un peu étrange n’a pas tenu très longtemps. Aujourd’hui, si quelque chose doit se passer, ce doit être autour d’un projet fort, au service de Bastia.

La majorité sortante va bientôt tirer son bilan. Comment comptez-vous aborder cette période ?
Je n’aime pas la stratégie habituelle qui consiste à dire que le sortant a tout mal fait et que j’ai la vérité absolue. Le sortant a son bilan, que ce soit au niveau de la municipalité ou de la CAB. La question, c’est : quelle vision nouvelle pouvons-nous porter pour Bastia ? Aujourd’hui, je suis marqué par un constat qu’on nous livre depuis plusieurs dizaines d’années. Peu importe la coloration politique aux responsabilités. C’est le constat de « Bastia, ville pauvre ». Le problème, c’est que la phrase et le constat s’arrêtent là, et nous n’avons aucune solution pour casser cette image terrible. C’est-à-dire qu’on a créé un véritable déterminisme qui dit : « Si tu es Bastiais, alors tu seras pauvre. » Et si j’ose dire, on a également créé des « quartiers sud », un terme que je rejette. Il y a des habitants de Lupino et de Montesoro, et à ces habitants, on ne peut pas leur dire : « Si tu es de ce quartier-là, alors tu seras toute ta vie pauvre. »

Quels leviers pour changer cette image et rompre avec ce déterminisme ?
L’éducation, c’est le socle de tout. Sans elle, il n’y a rien. Il faut inonder Bastia de matière grise. C’est l’une des façons les plus fortes et les plus efficaces pour casser cette image de Bastia, ville pauvre. On reprend à notre compte le slogan de Pascal Paoli : « Studià hè libertà. » On achète sa dignité, sa liberté en s’instruisant et en s’élevant. Si aujourd’hui on amène 800 étudiants post-bac, ils vont vous retourner la ville. Si on forme mieux les Bastiais, ils pourront postuler à des emplois mieux qualifiés et mieux rémunérés. On va créer cette émulation qui permettra de faire émerger une génération de nouveaux créateurs de richesse. Avec nous, Bastia ne sera plus une ville pauvre. Chaque projet sera soutenu, chaque ambition sera accompagnée.

Sur le terrain, quels sont les sujets qui remontent le plus dans vos échanges avec les habitants ?
Aujourd’hui, il y a beaucoup de travail de terrain qui est fait de mon côté. Ce sont des rencontres en tête-à-tête ou en petit groupe, quartier par quartier. On aborde des sujets qui intéressent les Bastiais. On me parle très souvent de sécurité. C’est une valeur essentielle de la Corse, au même titre que la langue ou le drapeau. Et en cela, on se doit de défendre cette tranquillité qu’il y a en Corse. Sur ce point, nous sommes les seuls à pouvoir la garantir. Je le dis toujours avec un peu d’humour. Pour ma campagne de 2014, j’annonçais qu’il fallait équiper la police municipale de tasers, qu’il fallait la vidéosurveillance. Tout le monde s’est moqué de moi. En 2025, tous les policiers municipaux ont un taser et on installe un peu de vidéosurveillance. Aujourd’hui, il va falloir aller un peu plus loin. C’est-à-dire qu’il faut former et armer, peut-être, certains policiers municipaux. Il va falloir créer des comités locaux de sécurité. Discuter avec les représentants des communautés étrangères pour faire une bonne intégration. Il va falloir aller loin. À Bastia, les règles doivent être respectées, et dès maintenant.

Outre l’éducation et la sécurité, que proposez-vous pour améliorer la qualité de vie à Bastia ?
Aujourd’hui, les gens veulent avoir un meilleur pouvoir d’achat, un meilleur niveau de vie. La vie est compliquée à Bastia. On a du mal à se loger, à avoir un salaire décent. L’idée, c’est de mettre le paquet sur le volet développement économique et durable. Il y a des leviers : l’éducation, la formation, mais aussi l’accompagnement auprès des porteurs de projets et des commerçants. C’est leur faciliter la vie pour qu’ils puissent exercer leur travail.

Craignez-vous une montée de l’abstention ou une poussée de l’extrême droite, comme lors des dernières législatives ?
C’est un risque, surtout si nous n’avons pas de marqueurs politiques clairs. Si on n’est pas identifié comme quelqu’un qui peut provoquer un changement. Au regard de mon parcours, je suis un homme d’action. Et si demain je suis élu maire, je souhaite que chacun puisse se dire : « Mon quotidien a changé. » Que ce soit par une petite action, un mode de transport ou de grands projets, à l’image de ce que nous allons faire du port de commerce. Comment créer une nouvelle voie pour entrer dans Bastia ? Aujourd’hui, la capitale économique de la Corse est dépendante d’un tunnel, qui est ouvert ou fermé. C’est tout ce programme qui peut permettre à Bastia de porter son titre et son rôle de capitale de la Corse.