Ils étaient plusieurs centaines à se rassembler ce samedi après-midi dans les rues de Bastia pour dénoncer l’emprise mafieuse en Corse. À l’appel des deux collectifs Massimu Susini et A Maffia Nò, A Vita Iè, le cortège est parti du palais de justice avant de rejoindre la préfecture, réunissant plusieurs centaines (1 600 selon les organisateurs, 700 selon les forces de l’ordre) de citoyens, élus et représentants associatifs autour des mots d’ordre Assassini, Maffiosi : Fora et A maffia tomba, u silenziu dinò.
Parmi eux, François-Xavier Ceccoli, député de la 2e circonscription de Haute-Corse, qui voit dans cette mobilisation « une manifestation citoyenne ». « J'étais déjà présent à Ajaccio la dernière fois, malheureusement dans des conditions bien plus dramatiques pour l'assassinat de cette jeune fille de Corte, et je crois qu'il faut montrer qu'on parle du présent mais qu’on parle surtout du futur, de nos enfants, et d'une Corse apaisée où on peut investir, travailler et exercer son envie et ses désirs sans avoir de pression. Tout ça commence aussi par cette manifestation populaire pour montrer que c'est ce à quoi les Corses aspirent. » Pour lui, la réponse doit être collective. « Je crois que c'est une réaction à tous les niveaux : d'abord l'État, et je crois qu’il fait aujourd’hui preuve d'action. On a ces moyens nouveaux qui ont été votés à l'Assemblée nationale avec le statut de repenti et un renforcement dans les peines et les confiscations. Et puis, il y a aussi les citoyens qui sont les premiers à défendre leur avenir. Il y a une vraie volonté pour tous les Corses d'aller vers un avenir serein. »
Également présent, Jean-Martin Mondoloni, conseiller municipal d’opposition à Bastia et président du groupe de droite Un Soffiu Novu à l’Assemblée de Corse, évoque pour sa part « un double devoir ». « Un devoir d'abord de citoyen, père de famille, qui constate que prospèrent en Corse des dérives d'ordre mafieux qui viennent assombrir l'horizon des plus jeunes. Un devoir aussi d’élu pour essayer de construire une société apaisée contre un fléau qui est en train aujourd'hui de contaminer une grande partie de la société. C'est un sujet qu'il ne faut pas surjouer, mais qu'il ne faut pas minorer non plus. C'est notre place, c'est notre responsabilité de faire comprendre à celles et ceux qui ne sont pas encore engagés que c'est précisément en transcendant nos différences qu'on peut créer les conditions pour faire en sorte qu'avec le concours de l'État, nous fassions émerger des solutions pour attaquer de plein fouet, avec détermination, ce qui ressemble ou s'assimile de toute façon à un cancer. »
Du côté des organisateurs, Jérôme Mondoloni, du collectif Massimu Susini, se dit « très satisfait » de l’ampleur de la mobilisation. « Quand nous avons démarré il y a six ans, si on nous avait dit que les Corses accepteraient de descendre dans la rue, dans deux villes différentes, le même jour, d'une manière aussi importante, je n'aurais pas cru. Le point le plus important à retenir, c'est que s'est créée cette coordination anti-mafia qui rassemble aujourd'hui environ 17 ou 18 associations, et c'est ça qui est essentiel, c'est de créer ce qui est pour nous un véritable front citoyen de la société civile contre la mafia. En obtenant le maximum d'adhésions d'associations et de syndicats, nous allons pouvoir faire basculer le rapport de force. La mafia a toujours une emprise, soit elle fascine, soit elle fait peur. Mais c'est avec ce genre de mobilisation qu’on démontre qu'on n'a plus peur de parler, et qu'on n'a pas peur de ces ordures qui assassinent et qui rackettent, et qu'on ira jusqu'au bout. »
Enfin, Léo Battesti, pour le collectif A Maffia Nò, A Vita Iè, salue lui aussi une mobilisation considérée comme « exceptionnelle ». « Je suis ému parce que c'était un challenge. Et on a réussi aussi bien à Ajaccio qu'à Bastia à mobiliser beaucoup de gens, ce qui prouve qu'il y a un potentiel énorme et je vous assure qu'il y aurait eu beaucoup plus de monde si la peur ne faisait pas de dégâts. Beaucoup de gens hésitent toujours, mais j'ai vu aujourd'hui dans la foule des gens que je connais et que je n'aurais jamais pensé voir manifester un jour contre la mafia, ils ont franchi le pas. Ils ont compris que c'est dans cette dynamique que la Corse peut se retrouver pour construire un avenir pour leurs enfants. Nous nous battons pour que le devenir collectif sur cette terre soit vertueux et que les jeunes n'aient pas à courber la tête devant les grandes bandes de criminels qui leur inspirent la peur, la crainte. C'est notre combat, nous le ménerons, et personne ne nous fera perdre. »
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