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Majorité territoriale : Vers une rupture consommée avec les autres nationalistes ?


Philippe Peraut le Jeudi 1 Juillet 2021 à 23:38

La session d’installation de l'Assemblée de Corse s’est déroulée ce 1 juillet. Si l’ambiance était plutôt conviviale dès le début, elle s’est peu à peu tendue marquant la rupture entre la liste conduite par Gilles Simeoni et les autres mouvances nationalistes.



Photo Michel Luccioni
Photo Michel Luccioni
C’est dans une ambiance plutôt conviviale que les 63 élus qui vont composer, durant un peu plus de six ans, la nouvelle assemblée de Corse, sont arrivés au sein de l’hémicycle en début d'après-midi. Parmi eux, le retour très remarqué de Paul Quastana et Paul-Félix Benedetti dont l’accolade avec Camille de Rocca Serra ne passera guère inaperçue. « On démarre une nouvelle mandature qui, je l’espère, sera beaucoup plus animée en termes de débat et de participation que la précédente », lance Paul Quastana qui retourne dans l’hémicycle après 12 ans d’absence. « C’est une bonne chose d’avoir une femme à la tête de la Présidence de l’Assemblée mais ça s’arrête là. Nous allons tâcher de faire passer nos propositions qui sont ancrées dans les fondamentaux du nationalisme ».

Des élections boudées
Si tout le monde se félicite, en effet, de l’élection d’une femme aux commandes de l’Assemblée, son vote, boudé, à l’exception de Josepha Giacometti qui mettra un bulletin blanc, par les candidats de Core in Fronte et Avanzemu, marque une rupture prévisible. « Je suis la seule élue de Corsica Libera », rappelle l’ancienne conseillère exécutive, « je vais m’efforcer de poursuivre mon travail dans la continuité de ce qui a été fait lors des deux mandatures précédentes. »

Peu à peu, surtout à l’annonce de la désignation de la Commission permanente et des deux vice-présidents - Hyacinthe Vanni et Nadine Nivaggioni -, certains visages se font plus marqués. Lors des applaudissements qui suivent l’élection de Marie-Antoinette Maupertuis, la rupture avec les deux autres courants nationalistes, qui n’esquissent pas le moindre geste d’approbation, est consommée. Un sentiment corroboré quand, après une pause d’une heure, la commission permanente - où figurent six membres issus des trois autres groupes et surtout les deux vice-présidents, issus de la majorité territoriale, est dévoilée.

Une famille nationaliste qui n’a jamais été aussi puissante mais qui est plus que jamais divisée
Forcément, à l’annonce de l'élection du Président de l’Exécutif et de ses futurs conseillers, la liesse et les chants qui suivent (A Palatina) contrastent avec celle de 2015 et 2017. Aucun applaudissement de la part de la liste Avanzemu, ni de Core in Fronte du reste. « Je me félicite de l’élection de Marie-Antoinette Maupertuis à la Présidence de l’Assemblée de Corse » - commente Jean-Christophe Angelini à l’évidence très déçu,  «mais je note tout de même une certaine inélégance dans l’ensemble de ces élections à l’endroit des autres listes nationalistes. On a revendiqué nos voix, mais on ne les veut visiblement pas ! Je déplore une famille nationaliste qui n’a jamais été aussi puissante, mais qui est plus que jamais divisée. Un parti exclut tous les autres, cela ne laisse augurer rien de bon pour la suite... ».

Un sentiment partagé mais sur un ton plus ironique, par Paul-Félix Benedetti : « Gilles Simeoni nous dit qu’il va ouvrir et tendre la main aux autres nationalistes, c’est une main spirituelle, car physiquement, nous ne voyons rien ! ».

Une droite plus modérée
Finalement, le plus modéré dans l’histoire sera celui que l’on attendait le moins. Laurent Marcangeli ému à l’idée de se retrouver pour la première fois dans l’hémicycle. « Cette Assemblée, c’est la nôtre et celle de tous les Corses. Je suis heureux de voir une femme Présidente de l’Assemblée, je trouve qu’elle a dit des choses intéressantes, il faudra voir dans les actions, mais elle me trouvera à ses côtés dès lors qu’elle défendra les intérêts de l’île. En revanche, je suis perplexe concernant Gilles Simeoni. On parle de sentiments, mais rien de concret sur les déchets, les transports, l’urbanisme, la ruralité, les Corses attendent autre chose. »

Une ouverture ?
Au terme du ghjuramentu, ce sera de nouveau la liesse aux abords de l’hémicycle et au sein des candidats de la majorité territoriale. Si tout le monde se lève pour entonner le Diu et si l’on remarque même que certains élus de Droite reprennent (ironiquement ?) A Palatina, les regards des autres élus nationalistes masquent difficilement la déception. Gilles Simeoni a parlé dans son allocution, d’ouverture vers sa famille politique de prédilection. Cette dernière attend désormais des actes.
 

Jean-Christophe Angelini et Jean-Michel Savelli (Un Soffiu Novu)
Jean-Christophe Angelini et Jean-Michel Savelli (Un Soffiu Novu)