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Lumiu : Escale à Terra di Canti pour Juan Carmona


Maria-Serena ALIOTTI le Mercredi 20 Juin 2018 à 09:09

Avant sa tournée australienne, le surdoué du flamenco Juan Carmona, s'est produit sur la scène du festival de musique de Lumiu " Terra di Canti" offrant à son public un extraordinaire voyage.



- D’où vous vient cette passion pour la guitare flamenca ? 
C'est une histoire de famille. Je suis gitan, et chez nous le flamenco est très présent. Notamment pendant les fêtes de Noël. Quand j'avais 7 ans, j'attendais avec impatience la période des fêtes. Pas pour les jouets comme les autres enfants, non mais pour me retrouver en famille et voir mon oncle Jean jouer de la guitare. Et moi, j’étais en admiration devant lui. Et voilà, je suis tombé amoureux de cet instrument . 

 

- Une première guitare ? Vous en souvenez vous? 
- Mon père travaillait au chantier naval de La Ciotat. Un jour, il y a trouvé une guitare cassée qu'il a réparée car il était menuisier. C'était son jouet et il ne fallait surtout pas y toucher. Mais moi, en admiration devant mon oncle, je n'avais qu'une seule envie: en jouer. Ça me démangeait. Comme je savais que mon père revenait du travail à 17 heures, je rentrais avant, prenais la guitare et jouais en cachette. J'ai commencé à évoluer, me remémorant ce que faisait mon oncle, mais toujours en cachette. Jusqu’au jour où mon père est rentré plus tôt et m’a surpris avec la guitare. Sur le moment j’ai eu peur de sa réaction. Et là, c est comme si j’avais eu une deuxième respiration. Il m’a dit : "puisque je vois que tu en prends soin et bien joue !" Et à partir de là, je me suis lancé. Je faisais peut être 5, 6 heures de guitare par jour. 

 

- Et ensuite ? 
-Les choses sont allées très très vite. Je fais mon premier concert à l’âge de 13 ans. Je suis repéré par tous les grands professeurs de Marseille qui m’organisent rapidement un concert. Après ça, Francis et Jean-Félix Lalanne me remarquent. Et je suis parti en tournée avec eux. Je devais avoir entre 15 et 16 ans. J’ai commencé à faire des concerts nationaux. Un jour, Claude Lelouch m’appelle et me demande de faire la musique du film «  La belle histoire ».  Peu après, c'est Vladimir Kosma qui me demande de faire la musique de "Cuisine et dépendance". 
J’ai aussi rencontré d’excellents musiciens comme le fils de Django Reinhardt , Al Di Meola et des grands maîtres de la guitare comme Baden Powell. 
Puis, je pars vivre en Espagne qui est le pays du flamenco, pour m’inspirer. Là-bas j’y ai remporté plusieurs prix. C'était un rêve devenu réalité car j’ai commencé à travailler avec ceux dont je rêvais petit. Cette inspiration qui devait durer 6 mois a finalement duré presque 10 ans.
En France je jouais à un niveau national. Avec l’Espagne, ma carrière a décollé. Je me suis retrouvé à jouer aux quatre coins du globe. États-Unis, Chine, Japon, Russie, de partout. 

 

- Que nous vaut cet honneur, à Terra di Canti?
- Je suis venu en Corse pour la première fois, je crois au début des " Nuits de la guitare" à Patrimoniu. J’ai adoré ce concept de concert en pleine nature et sa relation avec la musique. Il y a 2 ans, j'y ai rejoué, juste après un concert à Hawaï. Mais sincèrement, il n’y a pas besoin de faire le tour du monde pour découvrir des endroits merveilleux. Je suis vraiment très «  aficionado » à la Corse. C’est pour moi un grand plaisir d’y jouer. Pour mes musiciens également. Ils ont senti quelque chose dans l’atmosphère qui leur a donné envie de tout donner. Il y a aussi quelque chose de très familial chez les Corses. Comme nous les gitans. Nous sommes très famille. Et bien sûr les Corses adorent la guitare. Et j'y ai rencontré de nombreuses personnes de talent, comme le groupe A Filetta. 

 

- Vous avez composé une œuvre symphonique de guitares " flamencas " jouée dans le monde entier. Pourriez vous quelques mots nous raconter ?
- Je n'ai pas étudié le solfège. Je joue tout d'oreille. Un de mes grands rêves était de jouer avec un orchestre symphonique. Mais comment faire quand on ne connaît pas le solfège ? Car vous jouez sur une partition que vous êtes censé avoir écrit. J'ai eu la chance de rencontrer le chef d'orchestre de la Garde Royale du Maroc qui est fan de ma musique et qui a décidé de l'écrire sur partitions. Ainsi est née la "Sinfonia Flamenca", qui a révolutionné ma carrière et m'a ouvert les plus grandes scènes du monde où j'ai fait de grandes rencontres. 

 
Vous avez, déjà, mené de nombreuses collaborations musicales intercuturelles. Peut on espérer un jour un projet avec la Corse ? 
- J'adore mêler et confronter d'autres cultures musicales, qui n'ont rien à voir avec le flamenco. Le jazz, la musique brésilienne, indienne. Pour la corse, j'en ai en effet discuté avec Jean Sicurani d'A Filetta. Nous avons de nombreux points communs. Et j'espère qu'un jour nous aurons l'occasion de faire quelque chose ensemble.

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Pour plus de renseignements sur sa tournée internationale, www.juancarmona.com