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Les entreprises corses tiennent bon malgré la crise


Julia Sereni le Mercredi 26 Janvier 2022 à 21:29

Malgré le contexte sanitaire et économique, les entreprises corses résistent plutôt bien. C’est le constat que font les tribunaux de commerces insulaires, entre baisse des procédures collectives - qu’il s’agisse de sauvegarde, de redressement ou de liquidation judiciaires - et même, montée en flèche de la création d’entreprises.



L'activité des tribunaux de commerce reste peu importante en Corse, malgré la crise. Photo : Michel Luccioni
L'activité des tribunaux de commerce reste peu importante en Corse, malgré la crise. Photo : Michel Luccioni
En fin d’année 2020, déjà, le président du tribunal de commerce de Bastia, Gilles Filippi, s’étonnait d’une activité « anormalement calme », malgré la crise. Aujourd’hui, force est de constater que les choses n’ont pas beaucoup changé.
 
La baisse des procédures collectives suit son cours : les redressements et liquidations judiciaires ont chuté de 33% entre 2020 et 2021 au tribunal de Bastia, passant de 85 à 57. À Ajaccio, on constate une légère augmentation, 56 en 2021, contre 41 en 2020, « mais les années précédentes, on tournait plutôt autour de 100 ou 120 », souligne le président Frédéric Benedetti. Les chiffres restent donc en deçà de l'activité habituelle.

L’effet « État providence »

« Aujourd’hui, il y a encore un effet ‘État providence’, qui fait reculer le nombre d’ouverture de procédures », commente Gilles Filippi, président du tribunal de commerce de Bastia. Pour lui, c’est grâce aux différentes mesures - prêts garantis par l'Etat, reports d'échéances sociales et fiscales - et aux ordonnances prises durant l’année 2021 par le gouvernement que les entreprises corses gardent la tête hors de l’eau. 
 
« L’État a fait ce qu’il fallait », confirme son homologue ajaccien. « S’il n’avait pas pris ces mesures, on aurait eu une une augmentation des liquidations ». Aujourd’hui, Frédéric Benetti estime que le pays a retrouvé un taux de croissance « confortable » et que les entreprises ont « passé le cap » de la crise, sans trop de dégâts. La stratégie du « quoi qu’il en coûte » mise en oeuvre par le président de la République aurait donc porté ses fruits.

L’avenir entre incertitude et optimisme

Pourtant, un chiffre commence à inquiéter Gilles Filippi : « Le nombre d’injonctions de payer a augmenté de 24,9%, ce qui signifie qu’il y a des tensions de trésorerie », analyse-t-il. Le signe d’une recrudescence prochaine du nombre d’affaires ? « Personne n’a de boule de cristal », tempère le président, « mais ce qui est certain c’est qu’à un moment donné, il y aura des difficultés. » Reste à savoir quand.
 
Pour les deux présidents, l’avenir reste incertain. « Comment la sortie de crise va-t-elle se dérouler ? Quid de l’élection présidentielle ? », interroge Frédéric Benetti. Ce dernier veut toutefois rester confiant. « Je ne pense pas qu’il y aura un cataclysme économique, je suis plus optimiste que ce que j’ai pu être il y a un an ou deux. »

« Explosion » de la création d’entreprises

Un élément vient renforcer cet optimisme, « l’explosion » de la création d’entreprises. Le président du tribunal de commerce de Bastia constate une augmentation de 31% des inscriptions au registre du commerce et des sociétés, son confère ajaccien, 22%. Parmi elles, «  beaucoup de micro-entreprises ».

« Cela veut dire qu’il y a une envie d’entreprendre », indique Gilles Filippi. « Est-ce l’effet Covid ? Aujourd’hui, il y a beaucoup de personnes qui ont décidé de changer de vie et qui ont un goût pour l’entrepreneuriat », poursuit-il. « Est-ce l’impact psychologique de la crise qui pousse à vouloir se mettre à l’abri en créant sa propre entreprise ? Il faudrait demander à un sociologue », interroge de son côté Frédéric Benetti.

« Il faut arrêter de voir le tribunal comme une chambre de sanctions »

Jeune entreprise ou société installée, les deux présidents insistent sur la nécessité de consulter le tribunal de commerce en cas de difficultés. « Le tribunal de commerce est fait d’entrepreneurs qui connaissent les difficultés et il y a un certain nombre d’outils de gestion qui permettent d’aider les entreprises et non de les sanctionner. Il faut arrêter de voir le tribunal comme une chambre de sanctions », rappelle Gilles Filippi. « Le tribunal de commerce est au service des entreprises », conclut Frédéric Benetti.