Corse Net Infos - Pure player corse

Législatives : Anissa-Flore Amziane (PC, Front de Gauche)


Antoine Astima le Vendredi 9 Juin 2017 à 10:22

« Nous voulons travailler à rassembler les forces populaires sur des orientations clairement anticapitalistes. Et nous estimons être les mieux placés, en Corse, pour aider à ce rassemblement.» Désignée par l’antenne régionale du PC dans la première circonscription de Corse-du-Sud, Anissa-Flore Amziane porte, avec Stéphane Leroy, son suppléant, la voix de sa famille politique.



Législatives : Anissa-Flore Amziane (PC, Front de Gauche)
- Quel est votre priorité à l’occasion de ce scrutin ?
- Je retiens trois propositions emblématiques, d’ailleurs liées entre elles : reprendre le pouvoir sur la finance ; augmenter le pouvoir d’achat des salaires et des retraites ; défendre l’emploi. La création d’un pôle bancaire public, très puissant, autour de la Caisse des dépôts, de la Banque publique d’investissement, de la Banque postale, avec la  nationalisation de la BNP Paribas et de la Société générale, permettrait de peser sur l’orientation du crédit et de l’épargne. Sa mission : agir contre l’évasion et la fraude fiscale, sécuriser l’emploi et la création de richesses dans les territoires, apportant ainsi aux  très petites entreprises, majoritaires en Corse  le soutien bancaire dont elles ont besoin. L’augmentation du smic et des petites retraites, réparant une injustice flagrante, stimulerait également la consommation, et donc l’emploi. Une lutte résolue contre le détournement des réfactions de TVA en Corse permettra de rendre du pouvoir d’achat aux insulaires, victimes de l’insularité et des pratiques inciviques dans certains secteurs de l’économie corse.
 

- Vous êtes en désaccord avec Jean-Luc Mélenchon. Un handicap qui divise votre famille politique ?
- Il y a plus de points d’accord que de points de désaccord sur nos programmes respectifs. Le problème principal, c’est la différence de nature entre un parti (le nôtre a une longue histoire collective avec ses sacrifices, ses gloires et… ses déboires) et un mouvement fondé par un homme et fonctionnant sous son autorité exclusive, dans une visée principalement électorale. On la bien vu au cours des différentes discussions autour des législatives. La différence est visible : nous sommes restés fidèles à « L’Humain d’abord », notre programme commun de 2012. Jean-Luc Mélenchon s’en est largement inspiré mais il l’a personnalisé, en 2017, certes autour de la thématique de l’insoumission, mais aussi,  et surtout, autour de sa forte personnalité. Les forces authentiquement de gauche sont, certes, divisées, mais nous avons apporté une contribution efficace à Jean-Luc Mélenchon notamment en Corse, où tous les élus communistes l’ont parrainé.
 
 
- Que pensez-vous de la situation actuelle de la Corse  ?   

- Elle n’est que trop connue : sous industrialisée, dépendante des importations pour sa consommation courante, fortement marquée par des inégalités sociales qui s’aggravent, l’économie  de la Corse s’est tournée depuis quelques années vers un tourisme essentiellement saisonnier, ce qui a contribué à accentuer ses déséquilibres internes, notamment entre le littoral et l’intérieur. Et pourtant la Corse ne manque pas d’atouts et elle dispose d’avantages très enviables : son cadre naturel exceptionnel et sa richesse environnementale, sa culture propre et son patrimoine historique, sa sensibilité à l’égard de l’économie sociale et solidaire, la combativité de son peuple. Le secteur de l’environnement où je travaille avec les enfants me semble très porteur d’avenir dans de nombreux domaines. En accordant une priorité absolue à la lutte contre les inégalités, on peut réorienter tout le développement de la Corse dans la bonne direction. C’est d’autant plus nécessaire que nous devons relever de nouveaux défis socio-économiques avec le réchauffement climatique qui  impacte déjà la Corse comme tous les territoires méditerranéens. 
                                                                                                                                                           

Le PC ne peut-il, à terme, profiter de l’effondrement du PS et d’une gauche désunie dans l’ensemble ?
- Je ne crois pas que mon parti profitera de la ruine des autres. Toute la gauche s’est démantelée sous les coups de la crise,  de la montée des populismes, et du poids des politiques libérales imposées par le quinquennat écoulé. Notre projet, c’est travailler à rassembler  les forces populaires sur des orientations clairement anticapitalistes. Nous nous adressons à tous ceux qui souffrent  et qui se désespèrent de l’éparpillement des forces de gauche. Communistes, socialistes, écologistes, syndicalistes, associatifs, démocrates…ils ont tous intérêt à se rassembler. Et  nous estimons que nous sommes les mieux placés, en Corse, pour aider à ce rassemblement nécessaire. Non dans une perspective de récupération politicienne, mais de progrès collectif.
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                               
- Songez-vous, à travers cette élection, aux prochaines territoriales ?
- La particularité insulaire des législatives est, en effet, qu’elle précède de quelques mois les élections territoriales ; et qu’il y a certaines formations ou certain(e)s candidat(e)s qui veulent, avant tout, « se compter » pour se positionner en vue des élections de décembre. Nous, nous ne confondons pas les échéances. Notre objectif est, avant tout, national : nous travaillons (même si c’est très difficile)  à constituer, sinon une majorité de progrès à l’Assemblée nationale, du moins une force d’opposition suffisamment puissante pour faire échec à la montée du Front National et pour combattre les politiques libérales, la remise en cause du code du travail, et l’austérité que le nouveau Président entend bien poursuivre et, sans doute, aggraver. Chaque voix en faveur de notre projet comptera, ici ou ailleurs.