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Le sentiment en demi-teinte de Corsica Palestina après le discours d’Emmanuel Macron


le Lundi 22 Septembre 2025 à 18:53

Alors que le Président de la République, Emmanuel Macron, a officiellement reconnu l’État de Palestine ce lundi soir à New-York, l’association Corsica Palestina, affiche un sentiment mitigé. Si d’un côté il argue que cette reconnaissance est importante sur la scène diplomatique internationale et est le fruit d’un long combat, le président de l’association, Thomas Santoni, regrette en effet aussi qu’elle n’intervienne que très tardivement « alors que le génocide a eu le temps de faire énormément de morts »



(Photo : Corsica Palestina)
(Photo : Corsica Palestina)
« Le temps est venu d’arrêter la guerre à Gaza, les massacres, la mort ». C’est une date qui restera dans les livres d’histoire. Ce lundi soir, au siège de New York dans un discours en amont de l’Assemblée générale des Nations Unies, Emmanuel Macron, le Président de la République française a officiellement reconnu l’État de Palestine dans un long discours dans lequel il a appelé à « construire une paix juste et durable au Proche-Orient ». « Certains diront que c’est trop tard, d’autres diront que c’est trop tôt. Une chose est sûre, nous ne pouvons plus attendre », a posé le Président en martelant : « Nous sommes là car le temps est venu. Le temps est venu de libérer les 48 otages. Le temps est venu d’arrêter la guerre et les bombardements à Gaza, les massacres et les populations en fuite. Le temps est venu car l’urgence est partout. Le temps de la paix est venu car nous sommes à quelques instants de ne plus pouvoir la sceller ». 
 
Condamnant « sans aucune nuance » les attaques du 7 octobre et appelant à la libération des otages israéliens « sans aucune condition », Emmanuel Macron a affirmé dans la foulée que « rien ne justifie plus la poursuite de la guerre à Gaza, tout commande au contraire d’y mettre un terme définitif maintenant à défaut de l’avoir fait plus tôt pour sauver des vies ». « Sauver toutes les vies ». « Depuis près de 2 ans c’est bien la négation de l’humanité de l’autre et le sacrifice de la vie humaine qui prévalent. Depuis le 7 octobre c’est bien la vie de l’autre qui est niée », a-t-il encore déploré en réaffirmant : « Une vie vaut une vie ». Et de reprendre : « Une solution existe pour briser le cycle de la guerre et de la destruction : c’est la reconnaissance de l’autre, de sa dignité et de son humanité ». Dans cet objectif, le Président de la République a estimé qu’il pèse sur la communauté internationale « une responsabilité historique » : « Nous devons tout faire pour préserver la possibilité même d’une solution à deux États : Israël et la Palestine vivant côte à côte en paix et en sécurité ».

Filant l’anaphore, Emmanuel Macron a alors déclaré : « Le temps est venu c’est pourquoi fidèle à l’engagement historique de mon pays au Proche-Orient, pour la paix entre le peuple israélien et le peuple palestinien, je déclare que la France reconnait aujourd’hui l’État de Palestine ». Une reconnaissance, a-t-il indiqué, qui est « une manière d’affirmer que le peuple palestinien n’est pas un peuple en trop », mais qui « n’enlève rien aux droits du peuple israélien ». 
 
Une reconnaissance « importante » mais « tardive »
 
Depuis Ajaccio, ce discours a bien évidemment retenu l’attention de l’association Corsica Palestina, mais qui laisse un sentiment mitigé à son président Thomas Santoni. « Nous avons quand même un double sentiment. Il y a une satisfaction qui est très forte parce que c'est le résultat d'un combat acharné pendant de longues années, de la part de nombreuses associations et militants, et notamment de celle de l'ancien président de Corsica Palestina, Vincent Gaggini », explique-t-il en appuyant sur le fait que « cette reconnaissance est importante car elle vient d'un pays qui a quand même une grande importance sur la scène diplomatique mondiale ». 
 
« Mais il y a quand même un sentiment d'amertume parce que cette reconnaissance, elle arrive très tard. Quand on regarde aujourd'hui sur les cartes, on constate que la France est parmi les derniers pays qui reconnaissent l'État de Palestine », tempère-t-il. « Cette reconnaissance arrive très tard, alors que le génocide a  malheureusement eu le temps de faire énormément de morts. Elle aurait dû avoir lieu il y a très longtemps, puisque sous le mandat de François Hollande elle avait déjà été votée mais n'a pas été appliquée », déplore-t-il en notant encore : « Maintenant, il y a quand même un espoir très fort que la reconnaissance de l’État de Palestine par la France permette de pousser d'autres pays à en faire de même et ouvre une voie supplémentaire vers la paix. Même si, évidemment, il reste à convaincre notamment les États-Unis qui sont peut-être le pire pays en ce qui concerne le soutien au génocide israélien ».