Corse Net Infos - Pure player corse

Le cri d’alarme des médecins corses : "le Covid-19 ne doit pas empêcher de soigner les autres pathologies"


Livia Santana le Mardi 27 Octobre 2020 à 19:34

Avec la première vague de Covid-19, certaines maladies pathologiques ont été mises de côté. Les patients atteints de cancers et de maladies cardiovasculaires sont les premiers à pâtir du manque de soins.



Le cri d’alarme des médecins corses : "le Covid-19 ne doit pas empêcher de soigner les autres pathologies"
Durant la première phase de la crise sanitaire, certains malades ont fait l'impasse sur les consultations médicales. Selon un rapport daté de juillet dernier de l'assurance maladie, les médecins spécialistes ont vu un recul de 60 % de leur activité, 30% pour les généralistes. Aujourd'hui, les malades paient le prix fort de la Covid-19. De nombreuses pathologies se sont aggravées car elles n'ont pas été prises à temps.

"On observe des patients qui arrivent avec des stades évolués de la maladie. Avec des états aussi dégradés, on ne peut plus leur proposer d'alternatives qu'ils auraient pu avoir quelques mois en arrière. Pour les cancers digestifs par exemple, si cela est pris à temps on peut opérer ", explique Mathieu Besnard, chirurgien vasculaire et thoracique, directeur médical de crise à l'hôpital de la Miséricorde à Ajaccio. 

Yves Fanton, chef de pôle de spécialité médical au centre hospitalier d'Ajaccio, explique cette aggravation des pathologies par un problème de gestion de la première vague : "nous avons tellement été submergés que nous étions obligés de déprogrammer certaines opérations ou rendez-vous". Mais aussi par une crainte des patients de se rendre à l'hôpital en temps de Covid ou encore la contrainte de devoir obligatoirement effectuer un test PCR pour certaines consultations. 


Les cancers ou les pathologies cardio-vasculaires en première ligne
"La douleur fait consulter, quand ce n'est pas douloureux mais très grave on est plus laxistes.", lance Yves Fanton. Ainsi, lors du confinement, les pathologies faiblement symptomatiques comme les maladies cardio-vasculaires ou les cancers ont été largement impactées. "Les personnes ressentaient une petite douleur dans la poitrine ou bien décelaient une petite boule naissante mais se disaient : je consulterai plus tard. Ce qui peut sembler être banale peut déboucher sur des maladies graves", poursuit le médecin. 

​Pour affronter la seconde vague et éviter que ce genre de phénomènes ne se reproduisent, les soignants du CH d'Ajaccio ont repensé la hiérarchisation des déprogrammations des opérations. Des médecins spécialisés dans différents domaines sont regroupés dans une cellule de déprogrammation pour vérifier au cas par cas les dossiers et décider de la prise en charge prioritaire ou non des malades. 
"Ce n'est pas au patient de se dire, ce que j'ai ce n'est pas grave, ça attendra. J'appelle la population à venir et ce sera à nous de juger ceux qui peuvent attendre ou non. Le covid fait peur mais il y a aussi d’autres maladies et à la fin de l'épidémie il faut que l'impact soit le moins important possible pour toutes les pathologies", affirme le chirurgien vasculaire et thoracique.