Paul-Dominique Rocca, âgé de 52 ans, a été pris pour cible ce mardi matin un peu après 8 heures alors qu'il se rendait sur le port de Bunifaziu au niveau du quai d'honneur. Le batelier, co-directeur de la SMPD, une compagnie de bateaux de promenades en mer, aurait tenté de se réfugier sur son bateau. En vain. Atteint par quatre balles, il est décédé une heure après, malgré l'intervention rapide des pompiers et du SAMU qui n'ont pu le ranimer.
Le procureur de la République d'Aiacciu, Eric Bouillard, arrivé sur les lieux dans la matinée, a fait un point avant de repartir :
" Mr Rocca était en train d'arriver sur son lieu de travail quand il a été pris pour cible par un individu. Il a reçu au moins 2 coups de feu, sans doute de la chevrotine, en tous cas une arme létale de calibre 12. Il va tenter d'échapper à son agresseur, mais va s'écrouler. Malgré les tentatives de réanimation des pompiers, le décès est constaté un peu plus d'une heure après ". Le procureur émet l'hypothèse d'au moins deux agresseurs : l'auteur des faits et un complice "potentiellement à bord d'une voiture. Un véhicule est retrouvé brûlé sur la RT 10 dans les minutes qui suivent ".
Reprise de la guerre des bateliers ?
La victime, déjà connue des services de police, avait été condamnée en 2016 suite à des affaires d'extorsion chez les bateliers de Bunifaziu.
Cet assassinat renvoie à une guerre de triste mémoire entre les familles qui se partagent le juteux marché des promenades en mer à Bunifaziu et a, fin des années 90 - début des années 2000, fait plusieurs morts, notamment celle de François Rocca, frère de la victime. Des compagnies ont fini par fusionner et créer la SMPM et un guichet de billetterie unique. Les tensions semblaient être retombées, malgré l'assassinat en 2013 d'un batelier de 32 ans, Jean-Sébastien Gros.
La piste d'une possible reprise des conflits est sérieusement examinée par les enquêteurs, même si rien ne la laissait présager. Même si selon certains témoignages, Paul-Dominique Rocca aurait porté un gilet pare-balles.
Le procureur d'Aiacciu reste, néanmoins, très prudent. " La famille de la victime a été au sein d'une guerre qui avait opposé des bateliers dans le secteur de Bonifacio. Son frère, qui tenait la société, était décédé. Lui-même a, à sa sortie de détention, repris la direction de la société. On sait que c'est un enjeu important. Il est possible que ces faits aient un lien avec cette enquête, mais il est beaucoup trop tôt pour le dire ". Craignant une reprise des hostilités, le procureur annonce que la priorité sera donnée à l'identification des agresseurs.
Eric Bouillard lance un appel à témoins, notamment aux touristes qui se trouvaient à bord des bateaux en partance pour une promenade et qui ont pu voir quelque chose.
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