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Le Conservatoire d’espaces naturels de Corse reçoit l’aide du Crédit Mutuel pour protéger les habitats menacés


Léana Serve le Mardi 9 Décembre 2025 à 16:05

Dans le cadre de son appel à projets sur le thème « Faune et flore en danger : protéger et préserver les espèces menacées », le Crédit Mutuel a remis ce mardi un chèque de plus de 40 000 euros au Conservatoire d’espaces naturels de Corse. La dotation va permettre de développer un projet visant à protéger les habitats et oiseaux rupestres de l’île, menacés à cause de l’activité humaine.



43 307 euros. C’est le montant du chèque remis ce mardi au Conservatoire d’espaces naturels (CEN) de Corse, dans les locaux du Crédit Mutuel de Bastia. Une dotation qui s’inscrit dans le cadre du troisième appel à projets dédié à la biodiversité et lancé en avril 2025 par la Fondation Crédit Mutuel Alliance Fédérale. Cette année, 230 candidatures sur le thème de « faune et flore en danger : protéger et préserver les espèces menacées » ont été examinées et 60 initiatives ont été retenues, dont huit implantées en région méditerranéenne, pour un soutien global de deux millions d’euros. Un appui d’autant plus nécessaire que « chaque année, plus d’une centaine d’espèces s’éteint dans le monde » et qu’en France, « 30 % des oiseaux des champs ont disparu en seulement 15 ans ».
 

« Le statut d’entreprise à missions que le Crédit Mutuel a fait le choix d’adopter amène à faire des engagements, les tenir et choisir des missions », souligne Nathalie Mussi, présidente du conseil d'administration du Crédit Mutuel de Bastia. « Le Crédit Mutuel a validé en début d'année 20 nouvelles missions, les 15 précédentes ayant toutes été remplies. Dans ces 20 missions, il y a notamment notre regard tourné vers le social et l'environnement. Le troisième appel à projets faune et flore en danger représente une volonté de préserver la biodiversité. Nous savons que les associations souffrent parce qu'elles n'ont plus de dotations comme elles en avaient par le passé. Le Crédit Mutuel ne se substitue pas aux collectivités, bien sûr, mais il est un outil, il a une force financière. C'est cette force-là qu’il met à disposition de l'économie et de l'environnement. »
 

Un programme pour protéger les oiseaux rupestres
 

Parmi les associations récompensées figure le Conservatoire d’espaces naturels de Corse, lauréat pour un projet triennal consacré à la préservation des habitats et oiseaux rupestres de l’île. Fondé en 1972, il a pour vocation de « travailler sur la préservation de l'environnement et la biodiversité du territoire insulaire » en participant à « des missions de sensibilisation auprès de scolaires », mais aussi en « accompagnant les mairies et collectivités pour une meilleure prise en compte de la problématique environnementale ». Si son projet s’est distingué parmi les 230 dossiers présentés, c’est parce qu’il « répond de manière scientifique et écologique à un réel problème », selon Nathalie Mussi. « Le monde rupestre est réellement en danger si la communauté scientifique n'intervient pas, et le conservatoire a pu apporter une réponse appropriée sur cette problématique. »
 

À l’origine du projet récompensé, un constat mondial désormais bien documenté : 75 % des milieux terrestres sont aujourd’hui dégradés, tandis que 32 % des oiseaux nicheurs sont menacés en France, et principalement les rapaces. En Corse, la situation présente un paradoxe : l’île demeure un refuge pour les habitats rupestres, mais « à l’heure où certains revendiquent aujourd'hui un droit d'accès à la nature sans la moindre limite, la préservation de ces espaces est totalement remise en question ». Face à ce risque, le CEN a imaginé un programme destiné à « protéger la biodiversité sur les sites d'intérêt », comme certains sites d’escalade, où la présence de l’homme empêche la nidification ou la reproduction d’espèces comme le balbuzard pêcheur, l’aigle royal, le faucon pèlerin ou encore le pigeon biset, dont la souche sauvage est encore présente sur l’île. « On va protéger les sites où il y a de la biodiversité et la rendre compatible avec l'escalade », explique Carole Attié, chargée de mission patrimoine naturel au CEN.
 

Concrètement, la mission du CEN va se dérouler en plusieurs étapes : « On va commencer par faire un travail de recensement et de recherche de tous les endroits qui sont d'intérêt primordial avec un enjeu de biodiversité. » L’objectif est « d’acquérir des connaissances sur la répartition des espèces d’oiseaux rupestres » et de « classer les sites en fonction des enjeux et des menaces ». « Quand on aura fait ce travail, on va hiérarchiser les sites afin de connaître ceux qui méritent le plus notre attention. » Le CEN entend également « signer des conventions de partenariat avec les acteurs du territoire, gestionnaires de la nature et fédérations d’escalade de l’île ». « L'idée, c'est que les gens prennent conscience de l'impact de leurs activités », précise Carole Attié. Le projet a vocation à « concilier les pratiques sportives et la préservation des habitats des oiseaux », avec une volonté, à terme, « d’inverser les courbes de dégradation des milieux rupestres et permettre une conservation des espèces ».