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La vague Bleu Marine déferle sur la Corse, la droite fait de la résistance !


Nicole Mari le Dimanche 23 Avril 2017 à 23:05

Comme on y s'attendait, pari réussi en Corse pour la candidate du Front national, Marine Le Pen, qui arrive en tête avec 27,87 % des suffrages, devançant de 2 points François Fillon. Même si le candidat libéral limite les dégâts dans l’île en arrivant en seconde position avec 25,51 %, l’échec est patent sur une terre résolument de droite. Le favori national, Emmanuel Macron, décroche une lointaine troisième place avec 18,49%, suivi par Jean Luc Mélenchon avec 13,74%. A noter, le score remarquable de Jean Lassalle qui, avec 5,69%, devance le candidat PS, Benoit Hamon qui rassemble à peine 3,75% des voix.



Marine Le Pen en meeting à Ajaccio.
Marine Le Pen en meeting à Ajaccio.
Comme d’habitude, la Corse vote à contre-courant ! Si l’incertitude aura duré jusqu’au bout au plan national, les résultats dans l’île étaient attendus, voire, pour certains, redoutés. Pas de surprise, déjà, sur la faiblesse du taux de participation. Avec seulement 68,05% de votants, la Corse, comme lors du précédent scrutin en 2012, continue d’être bien moins citoyenne. Le taux d’abstention record de 31,95%, dix points supérieur à la moyenne nationale, témoigne d’une certaine désaffection sur la durée pour ce scrutin particulier. Faut-il attribuer son ampleur au retard constaté sur l’ouverture de plusieurs bureaux de vote d’Ajaccio, Bastia, Porto-Vecchio, Corte et de certains villages, dû au manque d’assesseurs… L’abstention a culminé à 50,85% à Isolaccio di Fiumorbu, 47,73% à Ficaja, plus de 45% à Tarrano et à Lozzi, 44,4% à Novale, plus de 42% à Foce et à Zoza, plus de 38% à Corte, Cargiaca, Rezia et Riventosa, 37,66% à Mela, 36,39% à Bastia, idem à Talasani, plus de 35% à l’île Rousse, 34% à Quenza, Ortiporio, Linguizetta et Orto… Pas sûr que l’attente, qui a parfois duré plus d’une heure, soit seule responsable de la fuite de près de 75 000 électeurs !
 
La vague Marine dans l’urbain
Pas de surprise non plus sur la vague Bleu Marine ! Elle avait déjà déferlé sur l’île en 2012, avec des scores, alors, jamais obtenus par le Front National et une moyenne de 25%. Avec 27,87% des suffrages contre 21,43% au niveau national, Marine le Pen gagne encore du terrain et caracole en tête, laissant le candidat de droite à deux points derrière elle. Avec 28,62% en Corse du Sud et 27,22% en Haute-Corse, elle atteint des scores historiques dans les grandes villes, comme dans le péri-urbain et les villages. A Ajaccio, elle réalise 30,56% et devance le candidat libéral de 7 points, un score obtenu dans les quartiers populaires de l’Est de la ville qui ont voté massivement FN. Elle s’empare totalement  des communes de la CAPA (Communauté d’agglomération du pays ajaccien) où elle affiche 26,67% à Villanova, 30,16% à Valle-di-Mezzana, 32% à Afa, 33,08% à Alata, 36,28% à Appietto, 34,18% à Cuttoli-Corticchiato, 35,59% à Peri et jusqu’à 39% à Sarrola-Carcopino et 39,44% à Tavaco. Des scores tout aussi impressionnants à Bastia où Marine Le Pen capte 30,77% des suffrages, devant Emmanuel Macron, avec une poussée très forte dans les Quartiers Sud où, dans la plupart des bureaux de vote, elle flirte avec les 47%, voire 50%. Même tendance dans les communes périurbaines du Grand Bastia avec 26,54% à Santa-Maria di Lota, 35,86% à Furiani, 36,54% à Biguglia et jusqu’à 40,76% à Lucciana.
 
Un rural, couleur FN
La vague FN prend parfois l’ampleur d’un tsunami dans maintes communes du rural, tant au Nord qu’au Sud. Des scores d’une ampleur remarquable : plus de 53% à Rosazia, plus de 48% à Arbellara et Urbalacone, 46% à Ventiseri, plus de 44% à Poggio-Mezzana et Santa Maria Figaniella, plus de 43% à Santa-Maria Poggio, 42% à Moncale, Talasani et Polveroso, plus de 41% à Santa-Lucia di Moriani, plus de 40% à Olivese et Scolca, plus de 39% à Olmeta-di-Tuda et Occhiatana, plus de 38% à Canale di Verde et Serra-di-Fiumorbu, plus de 37% à San Nicolao, Palneca, Pastricciola, Silvareccio, Valle di Mezzana et Volpajola, plus de 36% à Appietto, Prunelli-di Fiumorbu, Giocatojo, Vero ou Gavignano, plus de 35% à Castello-di-Rostino, Peri, Solaro et Venzolasca, plus de 34% à Cargiaca, Cozzano, Croce, Fozzano ou Pie-d’Orezza, plus de 33% à Lavatoggio et Soveria, plus de 32% à Calenzana, Cauro, Monacia d’Aullène, Murzo et Pruno, plus de 31% à Azilone, Carbuccia, Cardo, Frassetto, Grossa, Manso, Lano, Pori, Poggiolo, Valle d’Orezza et San Damiano, plus de 30% à Castifao, Coggia, Albitreccio ou Sotta, plus de 29% à Linguizzetta, Carpineto, Guitera, Ocana, Ville di Paraso, Olmeto, Rapale et Morosaglia, plus de 28% à Bastelicaccia, Sisco, Sant’Andrea d’Orcino, Santa Maria Siché, Ota, Ucciani, Viggianello et Velone-Orneto, plus de 27% à Azzana, Canari, Rutali, Ziliara, Zoza… et aussi plus de 24 % à Sartène. A Propriano, Marine Le Pen obtient plus de 31% des suffrages, suivie par François Fillon à 27% ! Dans toutes ces communes, elle rafle la pôle position, et se retrouve, dans bien d’autres, à la seconde place.
 
Une droite en recul
Pour la droite, la sanction n’est pas, non plus, une surprise. Sur cette terre sarkozyste par excellence, François Fillon, avec 25,52% des suffrages, fait nettement mieux que ses 19,95% de moyenne nationale. Mais, même s’il réussit à arracher une deuxième place à deux points du leader, il est loin des 31 % réalisés en 2012 par Nicolas Sarkozy, alors largement majoritaire. La droite perd du terrain dans l’île à chaque élection présidentielle. Elle recule de 5,5% par rapport à 2012 et de plus de 11,5% par rapport à 2007 (37%). Même si elle conserve certains de ses fiefs, comme Borgo (55,84%), Ciamanacce (45,74%) ou Aleria (43,8%), Conca (40,64%), l’île Rousse (32,36%), Porto-Vecchio (30,97%)…, elle régresse presque partout. À Calvi par exemple, traditionnellement très fortement ancrée à droite, François Fillon n’a convaincu que 35% des électeurs alors que Nicolas Sarkozy avait récolté 45,7% lors du scrutin précédent. La droite cède le pas au Front national dans un nombre grandissant de communes, notamment à Ajaccio où François Fillon ne recueille que 23,24% des suffrages alors que Nicolas Sarkozy était arrivé en tête avec 29,83 %, malgré une mairie de gauche. Même si elle était attendue, l’élimination historique du candidat de droite au 1er tour, une première sous la Vème République, laisse les toujours nombreux électeurs des Républicains (LR) quelque peu désemparés pour le 2nd tour !
 
Macron pas favori
Pas de surprise, non plus, sur le score d’Emmanuel Macron ! En remportant le 1er tour de l’élection présidentielle avec 23,89 % des suffrages, le candidat d’En Marche a gagné son pari. La bulle Macron n’a pas éclaté ! Elle a même, en éliminant, presque sans coup férir, les deux grands partis traditionnels de la droite républicaine et de la gauche socialiste, créer un véritable séisme sur l’échiquier politique national. Mais, le vent de renouvellement, qui souffle sur l’hexagone, n’atteint que faiblement les côtes corses. Le favori ne récolte que 18,48% des suffrages régionaux, soit une lointaine 3ème place à 9 points derrière Marine Le Pen et à 7 points derrière François Fillon. Avec 17,87 % en Corse du Sud et 19% en Haute-Corse, la dynamique Macron, soutenue localement par toute la gauche Giacobbiste et dite progressiste, n’a pas vraiment séduit les insulaires. L’appel de François Fillon et de plusieurs leaders de la droite nationale à constituer un front républicain, comme en 2002, pour faire barrage au FN sera-t-il localement entendu ? Difficile à dire tant la donne a changé…
 
La surprise Lassalle
Comme on s’y attendait également, la gauche ne sort guère localement renforcée de ce 1er tour de scrutin. Avec 13,74 % des suffrages, Jean Luc Mélenchon conquiert, cependant, une quatrième place et progresse par rapport à 2012 où il atteignait à peine 10 %. Alors que François Hollande avait totalisé près de 25% des suffrages régionaux en 2012, le candidat socialiste Benoit Hamon s’effondre et ne grappille qu’un malheureux 3,74%. Il est dépassé par Jean Lassale qui réalise un très beau 5,68%, le propulsant à la cinquième place. Le candidat du Nouveau Parti anticapitaliste et député des Pyrénées-Atlantiques crée la surprise en se plaçant en tête dans six communes : Lopigno avec 49,53%, Alzi avec 44,44%, Belgodère (37,79%), Piazzole (36,36%), Balogna (30%) et Orto (26,80%). Il se retrouve en seconde position à Ambiegna (33,3%), Muracciole (26,32%), à Piana, Arro (25%) et Mausoleo (21,5%) et dans le top 4 de nombre de communes des deux départements.
Sur les cinq candidats restants, seul Nicolas Dupont-Aignan surnage dans l’île avec 2,89%. Les autres ne dépassent pas 1 % : 0,89% pour Philippe Poutou, 0,63% pour François Asselineau, 0,32% pour Nathalie Arthaud, et 0,23% pour Jacques Cheminade.

Le second tour aura lieu le dimanche 7 mai.

N.M.