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La caserne des pompiers d'Ajaccio, haut lieu de la solidarité : L’appel a l’apaisement largement entendu


Jacques-François Vinciguerra le Mardi 29 Décembre 2015 à 16:52

Il y avait foule mardi matin dans la cour de la caserne des pompiers d’Ajaccio. Du monde de tous les bords, des ajacciens des gens venus des quatre coins de l’île. Le soleil était de la partie au centre de secours principal d’Ajaccio. En clair, une grande journée de soutien aux hommes du feu qui ont été lâchement agressés la nuit de Noël. Face à une assistance constituée de personnes de toutes opinions politiques, dans le silence et le respect, sans absolument aucune invective ni cris hostiles, les sapeurs-pompiers ont pu s’exprimer. Les principaux responsables du corps d’Ajaccio avaient à leurs côtés le président du conseil Exécutif Gilles Simeoni, le président de l’Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni, le président du SDIS Charles Voglimacci, le député-maire d’Ajaccio, Laurent Marcangeli, le président du Conseil Départemental, Pierre-Jean Luciani ainsi que des conseillers territoriaux, départementaux et municipaux d’Ajaccio et de la région



U troppu stroppia, il y en a ras-le-bol, tous, nous avons besoin d’apaisement, de calme, de fraternité. Cette triste affaire a été la goutte d’eau, celle qui a fait se déverser la colère et bien plus encore. Il fallait crever cet abcès et voir les choses en face, prendre le taureau par les cornes et tout mettre sur la table. Ce qui a été fait. La population d’Ajaccio a réagit. Comment lui en vouloir d’avoir été solidaire des sapeurs-pompiers qui ne faisaient que leur travail de sauveteurs ? Comment admettre qu’un groupuscule de malfaisants puisse s’en prendre à ces gens qui se battent pour sauver des vies à longueur d’année ?
Toujours cette goutte d’eau qui a fait déborder le vase de la colère et a soulevé l’indignation du peuple.
Bien sûr, il y a eu les médias. Pas les nôtres, ceux qui ne voient pas les choses comme nous, nous les vivons sur le terrain. La recherche du sensationnel est leur fond de commerce, leur ADN sans lequel ils ne s’intéressent guère à une agression de pompiers en pleine ville. Dès lors qu’on brûle un local, les voilà qui sautent sur l’occasion pour rappeler qu’il y a du racisme dans l’air en Corse, de la xénophobie dans  les quartiers d’Ajaccio. Parini folle !
Allez, passons, revenons à la réalité des choses et au bon sens qui est en train de l’emporter. Pour preuve, cette conférence de presse de mardi matin au centre de secours d’Ajaccio en présence des pompiers et du public ainsi que des politiques, beaucoup de politiques de quelque bord que ce soit.
 
L’appel au calme
Ils sont venus des quatre coins de l’île apporter leur soutien inconditionnel aux hommes du feu. Politiques compris, qui n’ont pas hésité à se mettre à leur table et à s’exprimer sur le sujet qui a soulevé l’ire de la Corse entière.
L’un des porte-parole des pompiers s’est montré on ne peut plus clair dans sa déclaration lorsqu’il a rappelé les faits et expliqué comment s’était déroulée l’agression :
 «La présence des forces de l’ordre n’a pas empêché le caillassage du véhicule à son arrivée sur les lieux. Par la suite, c’est une groupe d’une trentaine d’individus particulièrement haineux, armés de bâtes de base-ball, de club de golf, de pierres et d’acide chlorhydrique qui a pris d’assaut le camion à bord duquel se trouvaient quatre de nos collègues, brisant les vitres et blessant deux sapeurs-pompiers au visage. Ces mêmes agresseurs ont tenté vainement de grimper dans les véhicules en proférant des insultes et des menaces, y compris à caractère racial, à l’encontre des intervenants. L’issue aurait pu être pire encore
 
Sans escorte policière…
Le caractère particulièrement violent et organisé de cette agression nous surprend et nous choque. Nous tenons en effet à rappeler que nous exerçons nos missions, guidés par des valeurs d’honneur, de courage et dévouement, que nous intervenons de jour comme de nuit, du 1er janvier au 31 décembre et ce dans toutes les conditions imaginables. Nous insistons sur le fait que nous le faisons en dehors de toute considération sociale, raciale, politique ou religieuse et sur l’ensemble du territoire. Nous nous adaptons en permanence à l’évolution des risques naturels et technologiques mais nous ne pouvons nous résoudre à devoir nous adapter à des violences urbaines telles que peuvent les subir nos collègues continentaux. Intervenir sous protection policières la nuit du 24 au 25 décembre n’a pas suffit comme cela ne suffit pas dans les grandes banlieues françaises.
Nous ne tolèreront plus d’autres agressions !
Nous refusons catégoriquement d’intervenir sous escorte policière. Nous nous sentons en sécurité partout en Corse et il est hors de question qu’il en soit autrement. Nous voulons à ce titre remercier l’ensemble de la population qui nous a témoigné un soutien inconditionnel. Les regroupements spontanés, y compris un jour de fête, ainsi que tous les messages qui nous ont été adressés nous ont profondément touchés.
Cet engagement à nos côtés nous réconforte et renforce notre motivation. Nous pensons que le message du « meilleur vivre ensemble » a été entendu. Le temps de l’apaisement et des actions concrètes est venu. 
Nous, sapeurs-pompiers, attendons des services de l’Etat qu’ils règlent le problème de l’insécurité dans ce quartier montré du doigt depuis longtemps. Cette conférence aurait du se dérouler au quartier des Jardins de l’Empereur mais dans un souci d’apaisement il a été décidé de le faire ici même. L’ensemble de la classe politique insulaire nous a apporté son soutien, aura à cœur de rendre possibles des avancées rapides qui s’inscriront dans la durée.
Semu e seremu qui per voi tuttu l’annu, site qui per noi oghje, vi ringraziemu.
 
Longuement applaudi, le discours a été ponctué par un Dio Vi Salvi Regina interprété par des pompiers et quelques chanteurs présents dans le public.
J.-F. V

Ils se sont exprimés...

Charles Voglimacci, président du SDIS 
« Merci à tous pour votre présence, votre soutien à nos soldats du feu. Je ne reviendrai pas sur ce qui s’est passé dans la nuit du 24 au 25 décembre mais je voudrai vous dire que j’ai été touché par ce qui s’est passé. Ce que je veux vous dire, c’est que plus jamais on ne touche à l’un de nos hommes. Il faut que les gens le sachent, les pompiers sont là pour sauver des vies, et ils ne regardent pas si ce sont des français ou des étrangers, ils ont à cœur de faire ce métier. Je l’ai dit à diverses reprises, on ne peut pas faire ce métier si on n’a pas la foi et la passion. Il faut que tout le monde en soi conscient. On ne peut tolérer qu’une petite minorité agisse de la sorte. Nous attendons des services de l’Etat qu’ils fassent leur travail et nous, les élus, ferons le notre. Chacun doit jouer son rôle. Je suis très fier de présider cet établissement public, c’est un honneur pour moi et je veux dire à mes hommes qu’ils peuvent compter sur moi. Je serai toujours là… »
 
Jean-Guy Talamoni, qui a excusé le président du Conseil Exécutif pour son léger retard à la conférence  
« Au nom de l’ensemble des institutions de la Corse, nous apportons notre soutien fraternel à l’ensemble des pompiers. Nous ne répèterons pas ce que nous pensons de tels actes, s’agissant de ceux qui se battent d’un bout de l’année à l’autre pour nous, sans distinction de race ou de religion. Ils se battent pour tous les citoyens. S’en prendre aux pompiers, c’est se mettre en dehors de la civilisation, tout simplement. Un seul mot, solidarité totale et inconditionnelle… »
 
Laurent Marcangeli 
« C’est une journée difficile que nous avons vécu le 25 décembre, difficile pour la ville. Je ne peux accepter en tant que député-maire de voir le nom de ma ville citée dans tous les médias nationaux plusieurs jours durant. Je veux rendre hommage une fois de plus au courage, au travail de nos sapeurs-pompiers, leur dire que nous sommes fiers de les compter dans notre communauté, que le soutien que nous leur exprimons est sans faille et je rappelle comme l’a souligné le président du SDIS, que le travail doit continuer. Continuez à sauver, à venir en aide, continuez à sauver aussi la nature comme vous le fait chaque été. Continuez à donner cette belle image de courage, de dévotion, de don de soi. Les responsables publics que nous sommes aujourd’hui ne vont pas cesser de réclamer le minimum, c'est-à-dire le fait qu’en chacun des quartiers de cette ville, on puisse aller et venir, travailler. Avec mes collègues du conseil municipal nous avons fait remonter un certain nombre d’informations. Malheureusement, il a fallu que le drame se produise pour que la communauté toute entière prenne conscience de la difficulté dans laquelle vivent un certain nombre de nos concitoyens dans certains quartiers d’Ajaccio. Cela ne se résume pas au seul quartier des Jardins de l’Empereur, nous le savons et vous le savez. Je demande à mon tour que chaque zone du territoire de notre ville et chaque zone de la Corse soient des zones où chacun puisse s’y rendre et y vivre, travailler dans la paix et la sérénité… »
J.-F. V.