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L’hommage au préfet Claude Erignac : 19 ans après…


José FANCHI le Lundi 6 Février 2017 à 17:28

Il y a 19 ans, le 6 février 1998, Claude Erignac était assassiné près du théâtre Kallisté où il se rendait pour assister à un concert. 19 après, la cérémonie d’hommage a été célébrée avec toujours autant d’émotion dans le quartier Sainte Lucie d’Ajaccio



Le préfet de région, le député-maire et les élus de la ville, de la CAPA, du Département et de la Région, les autorités civiles et militaires ont assisté au dépôt de gerbe en hommage au préfet Claude Erignac. Dans son allocution, Bernard Schmeltz, préfet de la Corse, est revenu sur l’assassinat de la rue Colonel Colonna d’Ornano perpétré le 6 février 1998 et rappelé les faits : « Il y a 19 ans, un homme, dans un moment de détente culturelle, a été assassiné. Peu importe les explications avancées, peu importe la recherche des causes d’un tel acte, ici même, il y a 19 ans, un homme a été assassiné. Nous nous réunissons aujourd’hui pour honorer la mémoire d’un homme qui représentait l’Etat de droit, garant de nos libertés, qui représentait la République., notre bien commun qui protège nos droits et au nom de qui s’exerce la solidarité nationale sur l’ensemble du territoire. »
Le préfet de Corse a rappelé le défilé de 40 000 personnes dans les rues de la ville : « C’est la République qui nous protège de la violence. Vieille de plus de deux siècles, elle a dû faire face aux plus grands tourments, s’appuyant sans cesse, aux heures les plus sombres, sur ses valeurs l’Egalité, la Liberté, le Fraternité, la Solidarité  mais aussi la justice. Le chapitre judiciaire est désormais clos, nous devons écrire celui du souvenir. Ici même, sera érigé un monument à la mémoire de Claude Erignac et sera inauguré l’année prochaine, pour le 20e anniversaire de sa mort. La page du souvenir ne doit pas celle où sont ressassées les turpitudes du passé, elle doit être celle de l’avenir qui s'enrichit des erreurs commises, celle de l’avenir de la Corse, un avenir dans lequel la violence n’a pas de sens, pas de légitimité, pas d’issue… »


Le président de l’Exécutif présent
Gilles Simeoni, président du Conseil Exécutif de la Corse était présent hier à la cérémonie d’hommage au préfet assassiné. Jean-Guy Talamoni, comme il l’avait annoncé, était absent et s’en est expliqué dans un communiqué : « J’estime que ma présence serait déplacée et sans doute n’est-elle pas souhaitée", a indiqué le président de l’Assemblée de Corse comme il l’avait fait l’an dernier et d’ajouter : "Mon absence à la cérémonie d'hommage au préfet Claude Erignac ne doit pas être interprétée comme une marque d'indifférence à l'égard de sa mémoire et de ses proches. Au nom de la Corse, notre respect et notre compassion lui sont acquis."
Une heure avant, une cérémonie avec dépôt de gerbe a eu lieu à la préfecture de la Corse en présence du préfet, Bernard Scheltz, du président du Conseil Départemental, des conseillers et des personnels.
J. F.
 

Gilles Simeoni : "Réussir la paix implique des gestes symboliques et politiques réciproques"

Erignac
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En ma qualité de Président du Conseil Exécutif de Corse, j’ai à nouveau été invité par le Préfet de Corse à assister à la commémoration en mémoire du Préfet Erignac. J’ai expliqué l’année dernière les raisons qui, au lendemain de la victoire des nationalistes aux élections territoriales, m’avaient conduit à répondre favorablement à cette invitation. D’abord celle tirée des devoirs de ma charge, laquelle implique notamment la représentation de la Corse dans tous les actes de la vie civile. Ensuite pour rappeler que le respect de la vie est, dans toute société, le plus sacré des droits, et exprimer le respect dû au mort et la compassion portée à sa famille. Enfin, j’entendais réaffirmer, à travers ma présence, que les nationalistes corses ont conscience de la responsabilité historique qui leur a été confiée par le résultat du suffrage universel en décembre 2015 : engager la Corse sur le chemin de l’émancipation et, dans le même temps, préparer la réconciliation et construire la paix.  
Un an après avoir écrit ces mots, je continue bien sûr à les assumer totalement, et me suis employé, à travers mon action à la tête du Conseil Exécutif de Corse, à leur donner un contenu concret. Ensemble, avec le Président de l’Assemblée de Corse et l’ensemble de la majorité territoriale, nous sommes restés fidèles à la lettre et à l’esprit des engagements ainsi pris devant tous les Corses.  
Ma présence exprimera cette année encore la force et la permanence de cet engagement. Mais elle est aussi un appel solennel. Les faits dramatiques du 6 février 1998 font partie d’une histoire douloureuse, et s’inscrivent dans un conflit qui a duré, pour la période contemporaine, pendant près d’un demi-siècle. Ce conflit a, de part et d’autre, brisé des vies, meurtri des familles, laissé des cicatrices ouvertes et douloureuses. Le moment est venu d’en tourner irréversiblement la page, et de permettre aux blessures de se refermer. La Corse a, dans cette perspective, accompli sa part du chemin. L’Etat doit impérativement faire la sienne : 19 ans après les faits dramatiques du 6 février 1998, et alors que la violence clandestine a décidé de disparaître définitivement, le moment est venu, pour Paris, de faire les gestes symboliques et politiques indispensables à la réconciliation sincère et à la paix réussie.