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« L’annonce du FLNC crée une nouvelle donne politique »


Nicole Mari le Vendredi 27 Juin 2014 à 00:46

Le FLNC - UC (Front de libération nationale de la Corse - Union des combattants) a annoncé, mercredi, dans un long communiqué de 14 pages, l’abandon de la lutte armée et la sortie progressive de la clandestinité. Au passage, il tacle, sans la nommer, l’alliance électorale nationaliste modérée – droite – gauche progressiste qui, sans les Indépendantistes, a remporté la mairie de Bastia. Réaction, pour Corse Net Infos, de Gilles Simeoni, maire de Bastia et conseiller territorial Femu a Corsica.



Gilles Simeoni, maire de Bastia et conseiller territorial Femu a Corsica.
Gilles Simeoni, maire de Bastia et conseiller territorial Femu a Corsica.
- Quelle est votre réaction au communiqué du FLNC annonçant l’abandon de la lutte armée ?
- C’est un moment important ! Le FLNC annonce clairement qu’il veut rentrer dans un processus de sortie de la clandestinité. Cela crée indubitablement une nouvelle donne politique. Se profile mieux et plus que jamais la perspective d’une sortie de crise, de cette crise qui a rythmé, sous diverses formes, la vie de la Corse depuis un demi-siècle. Il appartient à tous les acteurs de prendre leurs responsabilités, de conjuguer leurs efforts pour renforcer le dialogue, dégager des solutions dans un consensus le plus large possible et engager véritablement notre pays sur un chemin de paix et d’émancipation.
 
- Le FLNC met en cause la stratégie politique qui vous a permis de remporter l’élection municipale à Bastia. Comment réagissez-vous ?
- Je suis serein sur les choix que nous avons faits collectivement depuis plusieurs années. Dès 2008, nous avons mis en œuvre une stratégie autour de trois points. D’abord, les idées, qui, hier, étaient défendues par les seuls Nationalistes, sont, aujourd’hui, majoritaires au sein du peuple corse. Ensuite, les Nationalistes sont devenus incontournables sur l’échiquier politique corse. Enfin, ils ne peuvent pas avoir la prétention de représenter le peuple corse tout entier. Il y a des Corses, qui aiment la Corse autant que nous et ne sont pas Nationalistes. Nous avons, autour de ces trois points, érigé des convergences sur des logiques de projets et des axes programmatiques forts. Cette stratégie a conduit au score des Territoriales de 2010 et des Législatives de 2012 et à la victoire des Municipales. Les idées, que nous portons collectivement depuis un demi-siècle, sont au cœur du contrat de mandature que nous avons passé à Bastia. Les choix, qui ont été faits, sont conformes aux intérêts collectifs du peuple corse et à notre engagement !
 
- Néanmoins, les mots employés dans le communiqué sont très sévères. Que vous inspirent-ils ?
- J’en prends acte. Je ne compte pas alimenter la polémique. Tout le monde connaît mes convictions. Pour tout dire, je considère que ce passage du texte n’est pas le plus important. Ce qu’il faut retenir, c’est la perspective de paix, la volonté clairement exprimée de l’organisation clandestine de contribuer à créer les conditions d’une sortie de crise. Au delà du dialogue en Corse qui est essentiel, pas seulement entre élus, mais aussi dans la société, la balle est, plus encore qu’hier, dans le camp de l’Etat. C’est à lui de montrer qu’il veut une solution politique et une sortie de crise par le haut.
 
- Que pensez-vous de l'appel solennel aux élus concernant la question des prisonniers ?
- Il est normal que l’organisation clandestine s’en préoccupe. Au-delà, il est évident, y compris quand on est en désaccord avec le choix de l’action clandestine, que la question des prisonniers est essentielle en termes humains et politiques. Je ne peux que réaffirmer, là encore, ce qui a été notre conduite constante : les prisonniers politiques font partie du problème, ils doivent faire partie de la solution !
 
Propos recueillis par Nicole MARI