
L'Assemblée de Corse - Photo Michel Luccioni
- Quel bilan peut on tirer sur ce problème de la mobilité pour les jeunes insulaires ?
- Le bilan que nous pouvons tirer est alarmant. Il y a plusieurs critères à prendre en considération. Le premier est que rien ou très peu est fait par le pouvoir public pour aider nos jeunes à se déplacer. Nous avons répertorié les aides existantes, elles sont minces et ne répondent pas totalement à la crise des mobilités dont souffre notre jeunesse. Le second critère est que nous nous trouvons dans une île qui, en plus de cela, possède des différences géographiques importantes sur un petit territoire. Ce qui est vrai à Bastia ou Ajaccio ne l’est pas forcément dans l’Alta Rocca ou d’autres régions rurales. Cette situation de montagne dans la mer engendre une difficulté supplémentaire que nous connaissons tous et qui doit, de ce fait, être traitée différemment et donc au cas par cas. Il est difficile de ne pas parler de la hausse des prix du carburant qui, selon l’étude réalisée par Corsica Statistica pour l’années 2022, montre que les prix ont augmenté de 17,6% pour le SP95 et 18,6% pour le gazole par rapport à l’année 2021 durant laquelle ils étaient rappelonsle, déjà, élevés. Cette hausse représente un coût insurmontable pour une grande partie de la population que nous représentons.
- Le bilan que nous pouvons tirer est alarmant. Il y a plusieurs critères à prendre en considération. Le premier est que rien ou très peu est fait par le pouvoir public pour aider nos jeunes à se déplacer. Nous avons répertorié les aides existantes, elles sont minces et ne répondent pas totalement à la crise des mobilités dont souffre notre jeunesse. Le second critère est que nous nous trouvons dans une île qui, en plus de cela, possède des différences géographiques importantes sur un petit territoire. Ce qui est vrai à Bastia ou Ajaccio ne l’est pas forcément dans l’Alta Rocca ou d’autres régions rurales. Cette situation de montagne dans la mer engendre une difficulté supplémentaire que nous connaissons tous et qui doit, de ce fait, être traitée différemment et donc au cas par cas. Il est difficile de ne pas parler de la hausse des prix du carburant qui, selon l’étude réalisée par Corsica Statistica pour l’années 2022, montre que les prix ont augmenté de 17,6% pour le SP95 et 18,6% pour le gazole par rapport à l’année 2021 durant laquelle ils étaient rappelonsle, déjà, élevés. Cette hausse représente un coût insurmontable pour une grande partie de la population que nous représentons.
- Le tableau est donc loin d'être idyllique ?
- Le tableau est loin d’être idyllique mais nous essayons d’y apporter quelques touches d’espoir. Il ne s’agit pas de se morfondre dans une politique permanente du constat et de l’accablement, encore moins du rejet permanent de la faute vers l’Etat ou d’autres structures. Nous voulons, bien au contraire, participer au renouveau de notre île et cela passe par des propositions concrètes et applicables.
- Le tableau est loin d’être idyllique mais nous essayons d’y apporter quelques touches d’espoir. Il ne s’agit pas de se morfondre dans une politique permanente du constat et de l’accablement, encore moins du rejet permanent de la faute vers l’Etat ou d’autres structures. Nous voulons, bien au contraire, participer au renouveau de notre île et cela passe par des propositions concrètes et applicables.
- Ce problème de mobilité a aussi, des répercussions en termes de précarité, de formation et d'accès au travail ?
- Ces thèmes sont étroitement liés et interagissent entre eux. Un jeune Corse qui n’a pas les moyens de se rendre sur son lieu d’étude aura du mal à trouver un travail et à s’insérer dans la vie active dont il est utile de rappeler qu'elle nécessite un niveau de formation de plus en plus élevé. De plus, nous représentons la jeunesse qui est statistiquement la plus pauvre de France: 23% de nos concitoyens sont touchés par la pauvreté contre 19% au niveau national. Ce chiffre alerte car plus les années passent et plus il augmente. Nous sommes persuadés qu’une partie de cette problématique est induite par la crise des transports dont nous souffrons tous. Il est urgent, dans une période où l’on parle d’autonomie fiscale, législative et économique, de mettre sur la table également la question de l’autonomie de déplacement qui est essentielle à l’émancipation sociale et économique de notre peuple.
- Ces thèmes sont étroitement liés et interagissent entre eux. Un jeune Corse qui n’a pas les moyens de se rendre sur son lieu d’étude aura du mal à trouver un travail et à s’insérer dans la vie active dont il est utile de rappeler qu'elle nécessite un niveau de formation de plus en plus élevé. De plus, nous représentons la jeunesse qui est statistiquement la plus pauvre de France: 23% de nos concitoyens sont touchés par la pauvreté contre 19% au niveau national. Ce chiffre alerte car plus les années passent et plus il augmente. Nous sommes persuadés qu’une partie de cette problématique est induite par la crise des transports dont nous souffrons tous. Il est urgent, dans une période où l’on parle d’autonomie fiscale, législative et économique, de mettre sur la table également la question de l’autonomie de déplacement qui est essentielle à l’émancipation sociale et économique de notre peuple.
- Quelles sont les mesures concrètes et surtout les incitations fortes préconisées par votre rapport ?
- La première mesure concrète est la mise en place du « chèque Mubilità ». Il s’agit d’une aide de 75€ par mois destinée à un public âgé de 18 à 30 ans qui se trouve dans une situation de précarité et qui doit témoigner de la nécessité impérieuse d’utiliser la voiture comme moyen de transport. Cette mesure n’est pas une première en France, car la région Hauts-de-France avait anticipé cette hausse des prix des carburants et propose depuis 2016 une aide sous le même format. De plus, nous voyons que cette mesure proposée et adoptée par notre assemblée peut être appliquée car la municipalité de Lugu di Nazza a instauré une aide de 600€ par foyer afin de répondre à cette problématique. Nous sommes, donc, dans une proposition concrète qui pourrait, si le conseil exécutif et l’assemblée s’emparait de cette proposition aider environ 1 000 jeunes pour commencer et voir les répercussions. Ceci représenterait un budget de 900 000€ qui, nous le pensons, pourrait changer la vie des bénéficiaires et les sortir d’un cercle vicieux. La seconde partie du rapport est liée à la mobilité douce. Nous nous devions d’intégrer cette partie à nos travaux tant l’urgence climatique et écologique se fait forte y compris sur notre île. La pollution n’est pas seulement due à l’arrivée de bateaux de croisière deux mois dans l’année, elle est structurelle. En Corse, aujourd’hui, même l’énergie électrique est polluante car cette elle émane de centrales telles que celle du Vazzio. Il est difficile de travailler et d’arriver à des modèles réellement « verts » mais nous proposons quelques pistes de développement. La mise en place d’un réseau régional de vélos et de trottinettes électriques fait partie de ces propositions. Ceci pourrait d’ailleurs se faire à très bas coût car l’Etat finance énormément les projets innovants. La Collectivité de Corse doit, nous le pensons, cibler des zones où il faut diminuer l'impact des véhicules et y proposer des moyens de mobilités douces qui seront moins polluantes à la fois au niveau écologique mais également au plan visuel et sonore.
- Ce d'autant que le contexte international n'est guère réjouissant en cette période ?
- Le contexte international n’est pas réjouissant mais il doit nous interroger. La crise économique et écologique, pour ne parler que de ce qui concerne ce rapport, s’amplifie de jour en jour mais nous faisons semblant de ne pas voir, de regarder ailleurs. La trajectoire que doit prendre notre île doit se situer à contre-courant de ce constat. Nous sommes une île en Méditerranée avec un taux d’ensoleillement exceptionnel, des ressources en eau, en bois et d’autres énergies qui sont totalement inexploitées. Nos représentants politiques doivent se rendre compte de l’urgence et réagir rapidement afin de faire de notre région un espace pionnier des prochaines années. Si la volonté politique y est, je ne vois pas de freins au développement de stratégies à la fois ambitieuses et innovantes qui pourraient faire de notre pays un exemple en Méditerranée.
- Le contexte international n’est pas réjouissant mais il doit nous interroger. La crise économique et écologique, pour ne parler que de ce qui concerne ce rapport, s’amplifie de jour en jour mais nous faisons semblant de ne pas voir, de regarder ailleurs. La trajectoire que doit prendre notre île doit se situer à contre-courant de ce constat. Nous sommes une île en Méditerranée avec un taux d’ensoleillement exceptionnel, des ressources en eau, en bois et d’autres énergies qui sont totalement inexploitées. Nos représentants politiques doivent se rendre compte de l’urgence et réagir rapidement afin de faire de notre région un espace pionnier des prochaines années. Si la volonté politique y est, je ne vois pas de freins au développement de stratégies à la fois ambitieuses et innovantes qui pourraient faire de notre pays un exemple en Méditerranée.
- D'une manière plus générale, l'Assemblea di a Ghjuventù est en train d'occuper un espace de plus en plus conséquent, notamment sur certains dossiers sensibles ?
- L’Assemblea di a Ghjuventù a atteint un stade intéressant car elle est devenue un réel espace d’échanges. Nous n'y sommes pas guidés par des volontés hégémoniques, ni même partisanes qui viseraient à faire taire notre interlocuteur ou à l’exclure du débat du fait de sa présence dans un groupe minoritaire. En réalité, ce qui prime c’est le débat et la qualité de l’argument. Le vote à l’unanimité de ce rapport en est le parfait exemple. Nous essayons tous d’être les représentants d’une jeunesse qui souffre de la situation économique de l’île mais également de la situation politique. Cette assemblée, de par sa composition, reflète une jeunesse corse qui s’engage, qui n’a pas peur de s’exprimer, ni même de se révolter lorsqu’elle le juge nécessaire. Je pense que c’est cette sincérité dans l’engagement et dans notre démarche qui fait de cet espace un lieu on peut le dire unique pour des jeunes qui rêvent de voir leur région progresser. Le processus de discussion qui s’ouvre montrera également l’importance de cette Assemblea qui saura se faire entendre, si on l’écoute, en étant force de propositions concrètes au service de notre île, dans le seul but du succès de la séquence entre Paris et notre île.
- L’Assemblea di a Ghjuventù a atteint un stade intéressant car elle est devenue un réel espace d’échanges. Nous n'y sommes pas guidés par des volontés hégémoniques, ni même partisanes qui viseraient à faire taire notre interlocuteur ou à l’exclure du débat du fait de sa présence dans un groupe minoritaire. En réalité, ce qui prime c’est le débat et la qualité de l’argument. Le vote à l’unanimité de ce rapport en est le parfait exemple. Nous essayons tous d’être les représentants d’une jeunesse qui souffre de la situation économique de l’île mais également de la situation politique. Cette assemblée, de par sa composition, reflète une jeunesse corse qui s’engage, qui n’a pas peur de s’exprimer, ni même de se révolter lorsqu’elle le juge nécessaire. Je pense que c’est cette sincérité dans l’engagement et dans notre démarche qui fait de cet espace un lieu on peut le dire unique pour des jeunes qui rêvent de voir leur région progresser. Le processus de discussion qui s’ouvre montrera également l’importance de cette Assemblea qui saura se faire entendre, si on l’écoute, en étant force de propositions concrètes au service de notre île, dans le seul but du succès de la séquence entre Paris et notre île.