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José Gandolfi/E. De Gentili : « Les électeurs du 3ème canton de Bastia valideront la victoire de mars 2015 »


Nicole Mari le Vendredi 2 Septembre 2016 à 21:24

Les 2 et 9 octobre prochains se déroulera l’élection cantonale partielle du 3ème canton de Bastia, annulée cet été par le tribunal administratif. Le binôme sortant de l’ex-majorité municipale, aujourd’hui fracturée, ne sera pas reconduit en tant que tel. Le Nationaliste José Gandolfi et la Tattiste Marie Claire Poggi sont désormais adversaires. Le premier, qui conserve son suppléant d’Inseme per Bastia Joseph Savelli, fera désormais campagne avec la socialiste, Emmanuelle De Gentili, 1ère adjointe à la mairie de Bastia, et sa suppléante issue de la société civile, Christelle Timsit. Cette liste représentant la coalition municipale a été officialisée, vendredi matin au jardin Pecunia de Lupinu, en présence du maire Pierre Savelli, des élus de sa majorité, notamment les alliés libéraux, Jean-Louis Milani, 2ème adjoint et conseiller départemental, et Jean-Joseph Massoni, adjoint aux finances, ainsi que des élus de la majorité territoriale. Le binôme, qui tire à boulets rouges sur « les pratiques clanistes et clientélistes du département », entend profiter de cette courte année de mandature pour préparer au mieux la transition vers la collectivité unique. Explications croisées, pour Corse Net Infos, de José Gandolfi et d’Emmanuelle De Gentili.



Le binôme de la majorité municipale, José Gandolfi / Emmanuelle de Gentili, entouré des suppléants Joseph Savelli / Christelle Timsit au jardin Pecunia de Lupinu, en présence du maire de Bastia Pierre Savelli, des élus de l’alliance municipale et des conseillers départementaux et territoriaux de la majorité territoriale.
Le binôme de la majorité municipale, José Gandolfi / Emmanuelle de Gentili, entouré des suppléants Joseph Savelli / Christelle Timsit au jardin Pecunia de Lupinu, en présence du maire de Bastia Pierre Savelli, des élus de l’alliance municipale et des conseillers départementaux et territoriaux de la majorité territoriale.
- Pourquoi avez-vous décidé de vous présenter ?
- José Gandolfi : Il me semblait quand même normal, en tant que conseiller départemental sortant, de me représenter devant les électeurs. Il me semblait inconcevable, malgré la décision du Conseil d’Etat, de laisser la place aux tenants de l’ancien système sans même représenter ce que nous appelons, avec Emmanuelle, l’accord cadre qui a été pris en 2014 et toutes les idées que nous défendons. Malgré le mandat très court qui est devant nous, je me devais d’être présent à cette élection.
- E. De Gentili : Dans le cadre des accords municipaux et départementaux, le canton revenait à la gauche. Cette élection est éminemment politique pour le maire de Bastia et pour l’Exécutif de la Ville. Il est, donc, important pour nous de nous investir dans cette élection cantonale de la même manière que nous nous investissons au quotidien dans les quartiers au service des habitants dans toutes les politiques que nous menons, qu’elles soient au niveau social, du logement ou de réhabilitation des quartiers.
 
- Ce binôme avec la 1ère adjointe de la ville est-il fortement symbolique ?
- José Gandolfi : C’est un honneur pour moi de mener une campagne avec la 1ère adjointe de Bastia en charge la politique de la ville qui doit être menée dans des quartiers sensibles, comme celui de Lupinu. J’ai à côté de moi quelqu’un apte à apporter des solutions et, en même temps, la toute première élue à avoir participé à cet accord de mandature municipale et à rester fidèle depuis mars 2014 à cette démarche. J’ai à côté de moi quelqu’un qui a les qualités voulues pour remplir une tâche importante devant déboucher sur des solutions pour le canton. J’en suis ravi !
- E. De Gentili : Constituer un binôme avec le 1er adjoint est plus qu’un symbole ! Ma présence au côté du conseiller départemental sortant est une manière de montrer l’engagement du maire et de l’Exécutif au service des habitants du 3ème canton.
 
- Les autres tenants de cet accord de mandature sont présents à vos côtés. Quel sens donnez-vous à ce soutien ?
- José Gandolfi : La présence de la droite libérale, qui est signataire des accords municipaux, est, pour nous, un soutien supplémentaire qui valide notre démarche.
- E. De Gentili : C’est la confirmation de l’accord passé en 2014. La majorité a été décriée quand il y a eu dissension avec l’un de nos partenaires. Nous avons voulu montrer qu’il y a une cohésion, une unité et une loyauté entre l’ensemble des membres de cette majorité. Lors des élections cantonales de 2015, des candidats de cette majorité se sont présentés en binôme sur l’ensemble des cantons. Les accords passés en 2015 sont confortés en 2016 par la démarche et par l’ensemble des partenaires de ce que j’appelle : la majorité réelle.
 
- En tant que conseiller départemental sortant, vous aurez comme adversaire votre ancien binôme. Comment réagissez-vous ?
- José Gandolfi : Je n’ai aucune réaction là-dessus ! Mon ancien binôme est quelqu’un qui s’est mise en marge de l’union municipale et des contrats que nous avions passés. Elle s’est empressée, dès son élection, malgré toutes les grandes déclarations que nous avons faites ensemble pendant la campagne, de rejoindre les tenants du clanisme, c’est-à-dire nos opposants ! Je n’ai aucune appréciation à donner sur un quelconque binôme qu’elle formera avec les uns et les autres, toute cette soupe immonde ne m’intéresse vraiment pas !
 
- Il risque d’y avoir pléthore de candidats de gauche. En tant que secrétaire nationale du parti socialiste, comment comptez-vous vous démarquer ?
- E. De Gentili : Je me suis déjà démarquée en 2014 en faisant valoir que nous pouvions faire de la politique autrement, que nous pouvions être de gauche avec une vision progressiste de l’investissement auprès des citoyens. Je le dis souvent : nous défendons une politique sociale, pas une politique d’asservissement ! Nous ne voulons pas tenir les gens, mais au contraire les aider à s’émanciper, élever le niveau et la qualité de vie pour que chacun puisse vivre dignement. Ce qui est important, c’est de défendre un projet de société, des valeurs et des objectifs. Aujourd’hui, dans le cadre de la majorité municipale, nous défendons une vision de la Corse, d’une Corse qui réussit, se développe, qui investit et croit en elle-même. Nous croyons en une nouvelle génération de Corses qui n’attendent plus tout de la puissance publique, mais qui, au contraire, veulent devenir des entrepreneurs et montrer qu’ils sont capables de produire des richesses. Nous défendons ensemble des valeurs sociales, l’équité, la générosité et, bien sûr, la liberté.
 
- Vous dites que votre candidature « est contre le clanisme ». Qu’entendez-vous par là ?
- José Gandolfi : Le clanisme est à l’opposé des pratiques que nous voulons imposer en politique : l’équité, la transparence, la clarté, l’intérêt collectif… Il n’y a qu’à lire la presse régionale et internationale pour s’apercevoir, depuis un an et demi, des dégâts causés par ceux qui pensent que la Corse ne peut sortir de son marasme qu’en pratiquant le clientélisme. Nous avons dit et répété que nous sommes totalement à l’opposé. Il est hors de question, pour nous,  de laisser passer des faire-valoir ! Malheureusement, ce genre de pratiques continue d’avoir lieu. Par exemple à l’Office des HLM. Même si le maire de Bastia et la municipalité font des efforts conséquents pour changer les choses, in fine, les pratiques, que nous connaissons depuis 30 ans, perdurent. Il faut qu’elles disparaissent ! Toutes ces affaires de détournement de fonds publics au département doivent s’arrêter une fois pour toutes ! Mais, elles ne peuvent s’arrêter que si on change les fondamentaux mêmes de la politique.
 
- Cette élection ouvre sur un mandat court d’à peine un an. Quel est l’enjeu ?
- E. De Gentili : C’est une année importante. Même si le mandat est court, l’année 2017 sera une année de transition, donc une année décisive parce qu’elle conditionnera la manière dont le Conseil départemental se transformera et s’intégrera dans la collectivité unique. L’inquiétude des habitants est réelle. Ils veulent savoir comment ils seront traités et comment ils accéderont à leurs droits. Notre travail pendant un an sera de définir, avec l’Exécutif de la collectivité territoriale (CTC) actuelle, comment de manière opérationnelle les choses vont se passer, comment les habitants continueront à avoir du lien social, du contact humain… Il ne faudra pas, demain, pour accéder à un droit ou à une prestation, n’avoir accès qu’à Internet. La simplification numérique est, certes, importante, mais nous mesurons, chaque jour, sur le terrain à quel point le lien social, le contact humain et la considération portée aux gens sont indispensables au mieux-vivre ensemble.
- José Gandolfi : Aujourd’hui, le département de Haute-Corse a décidé de travailler main dans la main avec la CTC pour la mise en place de la Collectivité unique. Rappelez-vous néanmoins qu’en début d’année, il a fait une grande conférence de presse conjointement avec le département de Corse-du-Sud. Sa position, alors, n’était pas la même que celle d’aujourd’hui. Elle a donné lieu à quelques prises de bec en session avec le président de l’Exécutif régional et ses services. La majorité du Conseil départemental était bizarrement réticente à la mise en place de la Collectivité unique. Notre présence est la garantie que les choses avanceront convenablement.
 
- Quels engagements prenez-vous auprès des Bastiais ?
- E. De Gentili : Nous prenons l’engagement de travailler à la nouvelle déclinaison des compétences dans la Collectivité unique. Nous défendrons, au quotidien, dans chaque session, l’amélioration de la transparence dans l’affectation des logements sociaux et la prise en compte des besoins du canton dans le cadre des travaux généraux effectués par le Conseil départemental. Nous travaillerons, aussi, sur la valorisation de ces quartiers pour pousser le Conseil départemental à s’engager, beaucoup plus qu’il ne le fait aujourd’hui, sur la politique de la Ville. C’est un partenaire naturel mais qui, aujourd’hui, n’abonde pas, du point de vue des crédits spécifiques, le travail fait par la municipalité. Il pourrait, sur certaines compétences, flécher davantage de moyens pour que nous puissions agir plus vite.
 
- Pensez-vous gagner ? Etes-vous confiants ?
- José Gandolfi : Je l’ai toujours été et je continue de l’être. Je suis persuadé que les électeurs du 3ème canton valideront la victoire de mars 2015.
- E. De Gentili : J’ai confiance dans les habitants. Ils sont conscients qu’ils doivent choisir des élus qui seront, encore, présents au lendemain des élections, des élus qui connaissent les quartiers, travaillent sur les projets, sont capables de défendre leurs droits et n’hésiteront pas à faire entendre leurs voix là où il le faudra.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.
 

Le binôme de la majorité municipale, José Gandolfi / Emmanuelle de Gentili, entouré des suppléants Joseph Savelli / Christelle Timsit.
Le binôme de la majorité municipale, José Gandolfi / Emmanuelle de Gentili, entouré des suppléants Joseph Savelli / Christelle Timsit.