François Casasoprana et Jean Zuccarelli, conseiller exécutif à l'Assemblée de Corse, conseiller municipal PRG et président de l'ADEC.
- Cette réunion publique est-ce une déclaration de candidature commune ?
- Non ! Le temps de l’élection et de la campagne viendra. Les questions de personnes sont secondaires. Nous avons simplement la volonté d’initier une démarche et d’aller à la rencontre des Corses, non seulement pour les écouter, ce que nous faisons régulièrement, chacun dans nos mandats, nos fonctions et notre action. Mais, aussi mettre sur la table un certain nombre de principes d’action, de propositions, d’axes prioritaires et de nouer un débat avec la population. C’est, aujourd’hui, un préalable indispensable.
- Pourquoi ?
- Les Corses n’y voient pas très clairs ! D’abord, parce que le discours est émietté. Des problématiques, qui ont été mises sur la table, sont dans un état de stagnation inquiétante. Malgré leurs impossibilités, on continue à débattre. Ensuite, il y a beaucoup d’attentes de la part de la population. Il est temps d’activer le débat et la fibre citoyenne. Nous le faisons dans des rencontres à travers des principes d’actions et des propositions.
- Ce préalable débouchera-t-il sur une liste commune ?
- Tout le monde a, dans un coin de la tête, des élections qui ont lieu dans six mois et qui seront importantes à plus d’un titre. Elles sont censées préparer une petite révolution institutionnelle avec une nouvelle architecture et une collectivité unique. Il faudra, pendant ces deux ans, préparer la collectivité unique, mais continuer aussi à régler un certain nombre d’urgences et de souffrances de nos concitoyens. Il n’est pas bon de ne jamais, d’une campagne à l’autre, aller à la rencontre de la population, d’être toujours sur des tribunes et sur des débats politiques électoraux. Il faut être, aussi, dans la rencontre simple et citoyenne d’échanges et de respect pour expliquer le sens d’une démarche.
- Pourquoi une alliance avec Jean Zuccarelli ?
- Pourquoi pas ! Nous sommes de la même famille politique. Nous avons une volonté de rassembler. J’ai toujours dit qu’il fallait, d’abord, rassembler sa famille et ne laisser personne sur le bord du chemin et, ensuite, pratiquer du compromis, pas du consensus ! Pas d’unanimité ! Le compromis, ce sont des efforts partagés, pas un alignement perpétuel, systématique. Jean Zuccarelli partage cette même démarche. Pourquoi pas un alliance avec lui ! Et pourquoi pas avec d’autres membres de ma famille politique qui seraient prêts, aussi, à jouer cartes sur table et à aider les Corses à y voir un peu plus clair.
- On vous prêtait des contacts avec François Tatti. En avez-vous eu ?
- J’ai eu des contacts, depuis très longtemps, avec tous les responsables de ma famille politique. Dans l’optique des élections territoriales, je n’ai eu de contact avec personne, si ce n’est avec Jean. Nous avons poursuivi les échanges que nous avons depuis un certain temps sur les sujets généraux et sur les analyses que nous pouvons faire.
- On vous accuse d’être conservateur et jacobin. Que répondez-vous ?
- Je n’ai pas l’impression d’être un conservateur. Je sais ce qu’est la décentralisation. Je n’ai de leçons à recevoir de personne sur les libertés locales ! La Corse a des moyens d’actions. Plutôt que de chercher des bras de fer, elle doit hisser son niveau d’exigence pour être parmi les régions dynamiques de France. Elle doit avoir toute sa place dans ce concert réduit des régions. Je ne supporte pas qu’un élu fuit, d’avance, ses responsabilités en employant des termes qui ne sont pas très démocratiques. La démocratie, c’est projet contre projet, nouer des partenariats et tisser des compromis. On ne tisse pas des compromis quand on cherche une épreuve de force ! Dans tous les mandats où j’ai été élu, je n’ai jamais cherché à mettre en cause d’autres institutions ou à me complaire dans un jeu de postures, mais à défendre mes idées, mes points de vue et à aller de l’avant.
- Lors de cette réunion, vous avez tenu un discours très offensif tant sur l’Exécutif régional que sur les Nationalistes, sans les nommer. Tout semble vous déplaire ?
- Non ! Je n’ai parlé de personne parce que nous essayons d’avoir une démarche positive, même si, de temps en temps, nous pouvons comparer et illustrer ce qui nous différencie des autres. Je ne suis pas là pour distribuer les bons ou les mauvais points. J’explique ce que je veux faire avec mes amis. Je n’aime pas trop ce jeu où un élu local essaye de se dédouaner par avance en s’en prenant à l’Etat. Demain, ce sera à d’autres : les maires s’en prendront aux Conseils départementaux qui s’en prendront à la région ! Ce n’est pas de bon augure pour préparer la collectivité unique ! Je n’aime pas ce jeu où on pense arriver à ses fins en créant un rapport de forces et un bras de fer avec quelqu’un qui doit être un partenaire.
- Vous parliez de « petit jeu, de querelles de personnes, de roublardise pour obtenir l’unanimité ». Ne visez-vous pas l’Exécutif territorial ?
- Non ! Je ne vise personne ! Je constate simplement que des gens sont d’accord sur beaucoup de choses pendant cinq ans. Mais, quand arrivent les élections, tous les médias parlent d’une multitude de listes possibles dans ma famille politique. Quand on a partagé, discuté et défendu ensemble des dossiers, je ne vois pas ce qui peut nous séparer à six mois d’une élection, si ce n’est des querelles de personnes. Avec Jean Zuccarelli, nous avons expliqué ce qui, parfois, pouvait nous différencier de certains membres de notre famille : c’est notre volonté de revenir sur du réel, du concret ! Cela justifie des nuances au moment d’une élection.
- Auriez-vous préféré une liste unique d’union de la gauche ?
- Non ! Je m’interroge ! Qu’est-ce qui justifie une multitude de listes ? Si vous avez des opinions divergentes sur un certain nombre de points, des principes d’actions et des priorités différentes, comme c’est un peu notre cas, cela se justifie. Des gens qui n’ont jamais exprimé un point de vue différent de celui de la majorité à laquelle ils appartiennent, je ne peux pas comprendre, à part des querelles de personnes, ce qui peut motiver un émiettement des candidatures.
- A l’orée d’une nouvelle campagne électorale, quel regard portez-vous, aujourd’hui, sur la gauche ajaccienne ?
- Elle est mal en point parce que ses principaux leaders n’ont pas eu un comportement courageux au cours de ces dernières années. Ils ne l’ont pas davantage aujourd’hui puisqu’ils feignent d’ignorer les erreurs qui ont été commises. La gauche à Ajaccio a besoin de se reconstruire et de retisser la confiance. On peut se tromper ! Ce n’est pas grave ! Il ne faut ni haines recuites, ni rancœurs ! Il faut se dire les choses ! La gauche a des talents jeunes et une force militante. Il faut lui manifester un peu de confiance, se voir et discuter. Ce n’est pas inaccessible !
- Cette multitude de listes à gauche, cinq à sept dit-on, cela vous inquiète-t-il ?
- Je ne pense pas qu’il y aura autant de listes à gauche ! C’est un petit peu le jeu de vouloir exister et de se positionner comme tel ! Ce qui est inquiétant, ce n’est pas tant qu’il y ait des listes à gauche ! Si une candidature obéit à des raisons politiques, c’est la démocratie ! Il faut s’en réjouir ! Si les Corses ont du mal à voir la différence entre plusieurs listes, cela risque ne pas jouer en faveur de plus de lisibilité, de clarté et de choix forts. Les choix risquent de ne pas être suffisamment lisibles pour qu’on ait deux années d’actions.
- Vous avez refusé l’alliance de Simon Rennuci avec Corsica Libera à Ajaccio. Ne craignez-vous pas que l’histoire se répète avec Paul Giacobbi ?
- Je ne suis contre personne ! Contrairement à ce que Jean Zuccarelli peut subir et ce que j’ai, moi-même, subi aux élections cantonales où l’on met des exclusives sur certaines têtes et où on provoque des querelles de personnes. Je n’ai, pour ma part, aucune exclusive sur personne. Je dis simplement que la politique, c’est aussi de la clarté ! Si j’ai refusé, c’est que je pense qu’on doit, d’abord, rassembler sa famille politique et faire, ensuite, des compromis dans la clarté et à la cohérence sur un projet de gouvernance clair et soumis à débat, pas sur des accords de personnes. C’est ma seule ligne de démarcation. Les Ajacciens l’ont bien compris. Je n’ai pas de doute que les Corses, aussi, attendent cette forme de clarté !
Propos recueillis par Nicole MARI.
- Non ! Le temps de l’élection et de la campagne viendra. Les questions de personnes sont secondaires. Nous avons simplement la volonté d’initier une démarche et d’aller à la rencontre des Corses, non seulement pour les écouter, ce que nous faisons régulièrement, chacun dans nos mandats, nos fonctions et notre action. Mais, aussi mettre sur la table un certain nombre de principes d’action, de propositions, d’axes prioritaires et de nouer un débat avec la population. C’est, aujourd’hui, un préalable indispensable.
- Pourquoi ?
- Les Corses n’y voient pas très clairs ! D’abord, parce que le discours est émietté. Des problématiques, qui ont été mises sur la table, sont dans un état de stagnation inquiétante. Malgré leurs impossibilités, on continue à débattre. Ensuite, il y a beaucoup d’attentes de la part de la population. Il est temps d’activer le débat et la fibre citoyenne. Nous le faisons dans des rencontres à travers des principes d’actions et des propositions.
- Ce préalable débouchera-t-il sur une liste commune ?
- Tout le monde a, dans un coin de la tête, des élections qui ont lieu dans six mois et qui seront importantes à plus d’un titre. Elles sont censées préparer une petite révolution institutionnelle avec une nouvelle architecture et une collectivité unique. Il faudra, pendant ces deux ans, préparer la collectivité unique, mais continuer aussi à régler un certain nombre d’urgences et de souffrances de nos concitoyens. Il n’est pas bon de ne jamais, d’une campagne à l’autre, aller à la rencontre de la population, d’être toujours sur des tribunes et sur des débats politiques électoraux. Il faut être, aussi, dans la rencontre simple et citoyenne d’échanges et de respect pour expliquer le sens d’une démarche.
- Pourquoi une alliance avec Jean Zuccarelli ?
- Pourquoi pas ! Nous sommes de la même famille politique. Nous avons une volonté de rassembler. J’ai toujours dit qu’il fallait, d’abord, rassembler sa famille et ne laisser personne sur le bord du chemin et, ensuite, pratiquer du compromis, pas du consensus ! Pas d’unanimité ! Le compromis, ce sont des efforts partagés, pas un alignement perpétuel, systématique. Jean Zuccarelli partage cette même démarche. Pourquoi pas un alliance avec lui ! Et pourquoi pas avec d’autres membres de ma famille politique qui seraient prêts, aussi, à jouer cartes sur table et à aider les Corses à y voir un peu plus clair.
- On vous prêtait des contacts avec François Tatti. En avez-vous eu ?
- J’ai eu des contacts, depuis très longtemps, avec tous les responsables de ma famille politique. Dans l’optique des élections territoriales, je n’ai eu de contact avec personne, si ce n’est avec Jean. Nous avons poursuivi les échanges que nous avons depuis un certain temps sur les sujets généraux et sur les analyses que nous pouvons faire.
- On vous accuse d’être conservateur et jacobin. Que répondez-vous ?
- Je n’ai pas l’impression d’être un conservateur. Je sais ce qu’est la décentralisation. Je n’ai de leçons à recevoir de personne sur les libertés locales ! La Corse a des moyens d’actions. Plutôt que de chercher des bras de fer, elle doit hisser son niveau d’exigence pour être parmi les régions dynamiques de France. Elle doit avoir toute sa place dans ce concert réduit des régions. Je ne supporte pas qu’un élu fuit, d’avance, ses responsabilités en employant des termes qui ne sont pas très démocratiques. La démocratie, c’est projet contre projet, nouer des partenariats et tisser des compromis. On ne tisse pas des compromis quand on cherche une épreuve de force ! Dans tous les mandats où j’ai été élu, je n’ai jamais cherché à mettre en cause d’autres institutions ou à me complaire dans un jeu de postures, mais à défendre mes idées, mes points de vue et à aller de l’avant.
- Lors de cette réunion, vous avez tenu un discours très offensif tant sur l’Exécutif régional que sur les Nationalistes, sans les nommer. Tout semble vous déplaire ?
- Non ! Je n’ai parlé de personne parce que nous essayons d’avoir une démarche positive, même si, de temps en temps, nous pouvons comparer et illustrer ce qui nous différencie des autres. Je ne suis pas là pour distribuer les bons ou les mauvais points. J’explique ce que je veux faire avec mes amis. Je n’aime pas trop ce jeu où un élu local essaye de se dédouaner par avance en s’en prenant à l’Etat. Demain, ce sera à d’autres : les maires s’en prendront aux Conseils départementaux qui s’en prendront à la région ! Ce n’est pas de bon augure pour préparer la collectivité unique ! Je n’aime pas ce jeu où on pense arriver à ses fins en créant un rapport de forces et un bras de fer avec quelqu’un qui doit être un partenaire.
- Vous parliez de « petit jeu, de querelles de personnes, de roublardise pour obtenir l’unanimité ». Ne visez-vous pas l’Exécutif territorial ?
- Non ! Je ne vise personne ! Je constate simplement que des gens sont d’accord sur beaucoup de choses pendant cinq ans. Mais, quand arrivent les élections, tous les médias parlent d’une multitude de listes possibles dans ma famille politique. Quand on a partagé, discuté et défendu ensemble des dossiers, je ne vois pas ce qui peut nous séparer à six mois d’une élection, si ce n’est des querelles de personnes. Avec Jean Zuccarelli, nous avons expliqué ce qui, parfois, pouvait nous différencier de certains membres de notre famille : c’est notre volonté de revenir sur du réel, du concret ! Cela justifie des nuances au moment d’une élection.
- Auriez-vous préféré une liste unique d’union de la gauche ?
- Non ! Je m’interroge ! Qu’est-ce qui justifie une multitude de listes ? Si vous avez des opinions divergentes sur un certain nombre de points, des principes d’actions et des priorités différentes, comme c’est un peu notre cas, cela se justifie. Des gens qui n’ont jamais exprimé un point de vue différent de celui de la majorité à laquelle ils appartiennent, je ne peux pas comprendre, à part des querelles de personnes, ce qui peut motiver un émiettement des candidatures.
- A l’orée d’une nouvelle campagne électorale, quel regard portez-vous, aujourd’hui, sur la gauche ajaccienne ?
- Elle est mal en point parce que ses principaux leaders n’ont pas eu un comportement courageux au cours de ces dernières années. Ils ne l’ont pas davantage aujourd’hui puisqu’ils feignent d’ignorer les erreurs qui ont été commises. La gauche à Ajaccio a besoin de se reconstruire et de retisser la confiance. On peut se tromper ! Ce n’est pas grave ! Il ne faut ni haines recuites, ni rancœurs ! Il faut se dire les choses ! La gauche a des talents jeunes et une force militante. Il faut lui manifester un peu de confiance, se voir et discuter. Ce n’est pas inaccessible !
- Cette multitude de listes à gauche, cinq à sept dit-on, cela vous inquiète-t-il ?
- Je ne pense pas qu’il y aura autant de listes à gauche ! C’est un petit peu le jeu de vouloir exister et de se positionner comme tel ! Ce qui est inquiétant, ce n’est pas tant qu’il y ait des listes à gauche ! Si une candidature obéit à des raisons politiques, c’est la démocratie ! Il faut s’en réjouir ! Si les Corses ont du mal à voir la différence entre plusieurs listes, cela risque ne pas jouer en faveur de plus de lisibilité, de clarté et de choix forts. Les choix risquent de ne pas être suffisamment lisibles pour qu’on ait deux années d’actions.
- Vous avez refusé l’alliance de Simon Rennuci avec Corsica Libera à Ajaccio. Ne craignez-vous pas que l’histoire se répète avec Paul Giacobbi ?
- Je ne suis contre personne ! Contrairement à ce que Jean Zuccarelli peut subir et ce que j’ai, moi-même, subi aux élections cantonales où l’on met des exclusives sur certaines têtes et où on provoque des querelles de personnes. Je n’ai, pour ma part, aucune exclusive sur personne. Je dis simplement que la politique, c’est aussi de la clarté ! Si j’ai refusé, c’est que je pense qu’on doit, d’abord, rassembler sa famille politique et faire, ensuite, des compromis dans la clarté et à la cohérence sur un projet de gouvernance clair et soumis à débat, pas sur des accords de personnes. C’est ma seule ligne de démarcation. Les Ajacciens l’ont bien compris. Je n’ai pas de doute que les Corses, aussi, attendent cette forme de clarté !
Propos recueillis par Nicole MARI.