Jean Martin Mondoloni, leader du mouvement libéral corsiste "La Nouvelle Corse", n° 3 sur la liste de Camille de Rocca Serra aux élections territoriales de décembre prochain.
- La rumeur, qui vous place sur la liste de Camille de Rocca Serra aux Territoriales, est-elle véridique ?
- Oui ! Le pragmatisme, la volonté d’union et la garantie d’exister pour ce que je suis m’ont convaincu de répondre positivement à l’offre qui m’était faite : figurer en troisième position sur la liste conduite par Camille de Rocca Serra.
- Vous étiez parti pour faire cavalier seul, refusant, je vous cite, « les combinaisons » pour « glaner un strapontin ». Pourquoi avez-vous changé d’avis ?
- J’ai toujours défendu l’idée qu’il y avait la place pour deux courants de pensée à droite : l’un légitimiste plus proche des instances parisiennes, l’autre plus régionaliste que je souhaite incarner. J’ai souhaité vivement que ces deux courants s’expriment à travers deux listes. La situation, née de la scission du Conseil départemental de Corse du Sud, ne rend désormais plus ce schéma possible, puisque l’espace politique à droite est cannibalisé et mes chances de passer la barre des 5% pour rendre mon message audible sont réduites à la portion congrue. J’ai, dans ces conditions, accepté l’offre de Camille de Rocca Serra qui est une marque de considération pour mon offre politique et la liberté de penser qui s’y rattache.
- Vous avez critiqué, avec des mots parfois très durs, l’attitude du groupe de droite à la CTC, présidé par Camille de Rocca Serra. Qu’est-ce qui motive votre ralliement à sa liste ?
- Je n’ai pas le souvenir d’avoir été si dur en écrivant que ce qu’on attendait d’une opposition est qu’elle s’oppose ! Le moins qu’on puisse dire est que ce rôle d’opposant n’a pas été très lisible de l’extérieur ! Pour le reste, si j’accepte d’unir mes forces à Camille, c’est précisément parce que j’ai le sentiment d’apporter un souffle nouveau à ma famille en m’inscrivant dans une ligne qui incarne, à la fois, le renouvellement, la force des idées et la distance à l’égard des instances parisiennes. C’est fort de ces attributs que j’intègre une équipe qui saura allier expérience, compétences et audace.
- Justement, vous aviez également pourfendu « les comédies d’investiture ». Comment voyez-vous, aujourd’hui, celle qui fait rage entre les deux listes de droite ?
- Je n’ai pas changé d’avis ! Ce feuilleton, qui n’a que trop duré, n’a pas servi les intérêts de ma famille. Pour tout dire, j’ai trouvé la séquence, à la fois, infantilisante et peu opérante.
- Pourquoi ne pas avoir opter pour la liste de José Rossi ?
- Je considère Camille comme le meilleur rassembleur. Il ne me parait pas inutile de rappeler que Camille et moi partageons une histoire, parfois tourmentée, qui dure depuis 20 ans. Par ailleurs, être engagé aux cotés de Jean-Jacques Panunzi était un devoir politique et moral. Sa trajectoire est un modèle exemplaire de réussite républicaine et, peut-être aussi, parce que son parcours me renvoie à mes origines modestes, la façon dont il a été défait m’est insupportable. On a, d’une certaine façon, insulté ce qui est au cœur de mes engagements : le mérite.
- Lors de votre déclaration de candidature en mai dernier, vous avez défendu « la clarté d’un engagement sur la base d’idées, de projets et d’hommes neufs ». Pensez-vous que la liste de Rocca Serra, qui devrait réunir tous les vieux routiers et poncifs de la droite, y satisfait ?
- Camille a compris qu’il a besoin d’avoir à ses côtés, non des clones, mais des personnalités qui, dans le respect de leur différence, viennent agréger leur savoir faire, leurs compétences et leur poids politique. Il faut, du reste, se méfier de la tentation du jeunisme qui répond à la tyrannie du marketing électoral. Il me plait de rappeler que la compétition politique ne peut se ramener à un enjeu de cosmétique ou à un simple concours de smyleys. Nous deviendrons audible dès lors que nous serons capables de promouvoir un projet d’alternance duquel il faut dégager des lignes forces et des idées concrètes. La crise sociale, identitaire et économique s’est muée en crise de confiance. Combien de jeunes ne croient plus en la politique aujourd’hui ! Ce constat doit nous conduire à une insurrection des consciences et à changer la donne pour redonner espoir.
- Quel projet d’alternance proposez-vous ?
- Je milite pour un trépied : « Economie, santé, formation ». L’économie, parce nous ne pouvons plus nous satisfaire d'un système indigne de distribution clientéliste des emplois publics. Le temps est venu de faire émerger un secteur privé, productif, solidaire et respectueux de notre environnement. La santé, parce que cette préoccupation est devenue anxiogène pour nos concitoyens qui souffrent de la double fracture « rural-urbain » et « Corse-Continent ». La formation, enfin, parce que les Corses ont toujours cru en l'école qui doit redevenir le symbole de la réussite. Je souhaite remettre le mérite au cœur de notre projet de société. La Corse est riche de talents trop souvent mis sous cloche. Je crois, d'ailleurs, que les futures lignes de démarcation politique vont se situer autour de ces enjeux, davantage que sur les axes droite-gauche-nationaliste.
- Vous parlez d’idées concrètes. Lesquelles, par exemple ?
- Par exemple : le billet d’avion bord à bord à moins de 100 euros, le deuxième salarié de chaque entreprise exonéré de charge, une couverture du territoire en maisons de santé, un plan ambitieux en direction de l’innovation et de l’économie numérique, la création d’une grande région euro-méditerranéenne avec la Sardaigne, ou encore un plan de revitalisation de l’intérieur qui défie les ravages prévisibles de la loi NOTRe. De façon transversale, il est grand temps que toutes les pratiques soient examinées du point de vue environnemental et humain car tout doit être pensé et construit depuis nos principales ressources, c’est-à-dire notre matière grise et notre territoire.
- Êtes-vous favorable à la fusion des deux listes de droite au soir du 1er tour de scrutin ?
- Le mode de scrutin ne laisse place à aucune tergiversation pour qui veut gagner L’union n’est pas une option, c’est une obligation si l’on veut battre Paul Giacobbi et ce qu’il incarne.
- Certains de vos colistiers, dont JJ Panunzi, se déclarent violemment contre. Comment gérer cette contradiction ?
- En réglant les tensions du Conseil départemental de Corse du Sud qui mine nos chances de réussite. Pour autant, je l’affirme avec force : on ne pourra pas construire une campagne dynamique et gagnante en restant autocentré sur ce sujet de crispation. La Corse attend mieux que cela de ses candidats.
- On prête à nombre de vos colistiers la tentation de rejoindre Paul Giacobbi au 2ème ou 3ème tour. D’autres évoquent une alliance avec les Nationalistes modérés. Quelle est votre position ?
- Toutes ces spéculations relèvent de l’intox ! Il ne saurait être question d’être ambigu sur ce sujet. Je ne suis pas Giacobbi-compatible ! Pour le reste, il ne faut pas insulter l’avenir, mais il ne faut pas, non plus, manger la peau de l’ours avant de l’avoir tuée. Concrètement, la droite a fort à faire pour créer une dynamique de victoire aux 1er et 2ème tour sans déjà se projeter au 3ème tour et pourquoi pas en 2018 pendant que nous y sommes !
- Pensez-vous que la liste de Rocca Serra arrivera en tête de la droite au 1er tour et qu’elle réussira à se relever de cette désastreuse guerre des chefs pour gagner les élections ?
- Le succès ne s’offre qu’à ceux qui y croient vraiment !
Propos recueillis par Nicole MARI.
- Oui ! Le pragmatisme, la volonté d’union et la garantie d’exister pour ce que je suis m’ont convaincu de répondre positivement à l’offre qui m’était faite : figurer en troisième position sur la liste conduite par Camille de Rocca Serra.
- Vous étiez parti pour faire cavalier seul, refusant, je vous cite, « les combinaisons » pour « glaner un strapontin ». Pourquoi avez-vous changé d’avis ?
- J’ai toujours défendu l’idée qu’il y avait la place pour deux courants de pensée à droite : l’un légitimiste plus proche des instances parisiennes, l’autre plus régionaliste que je souhaite incarner. J’ai souhaité vivement que ces deux courants s’expriment à travers deux listes. La situation, née de la scission du Conseil départemental de Corse du Sud, ne rend désormais plus ce schéma possible, puisque l’espace politique à droite est cannibalisé et mes chances de passer la barre des 5% pour rendre mon message audible sont réduites à la portion congrue. J’ai, dans ces conditions, accepté l’offre de Camille de Rocca Serra qui est une marque de considération pour mon offre politique et la liberté de penser qui s’y rattache.
- Vous avez critiqué, avec des mots parfois très durs, l’attitude du groupe de droite à la CTC, présidé par Camille de Rocca Serra. Qu’est-ce qui motive votre ralliement à sa liste ?
- Je n’ai pas le souvenir d’avoir été si dur en écrivant que ce qu’on attendait d’une opposition est qu’elle s’oppose ! Le moins qu’on puisse dire est que ce rôle d’opposant n’a pas été très lisible de l’extérieur ! Pour le reste, si j’accepte d’unir mes forces à Camille, c’est précisément parce que j’ai le sentiment d’apporter un souffle nouveau à ma famille en m’inscrivant dans une ligne qui incarne, à la fois, le renouvellement, la force des idées et la distance à l’égard des instances parisiennes. C’est fort de ces attributs que j’intègre une équipe qui saura allier expérience, compétences et audace.
- Justement, vous aviez également pourfendu « les comédies d’investiture ». Comment voyez-vous, aujourd’hui, celle qui fait rage entre les deux listes de droite ?
- Je n’ai pas changé d’avis ! Ce feuilleton, qui n’a que trop duré, n’a pas servi les intérêts de ma famille. Pour tout dire, j’ai trouvé la séquence, à la fois, infantilisante et peu opérante.
- Pourquoi ne pas avoir opter pour la liste de José Rossi ?
- Je considère Camille comme le meilleur rassembleur. Il ne me parait pas inutile de rappeler que Camille et moi partageons une histoire, parfois tourmentée, qui dure depuis 20 ans. Par ailleurs, être engagé aux cotés de Jean-Jacques Panunzi était un devoir politique et moral. Sa trajectoire est un modèle exemplaire de réussite républicaine et, peut-être aussi, parce que son parcours me renvoie à mes origines modestes, la façon dont il a été défait m’est insupportable. On a, d’une certaine façon, insulté ce qui est au cœur de mes engagements : le mérite.
- Lors de votre déclaration de candidature en mai dernier, vous avez défendu « la clarté d’un engagement sur la base d’idées, de projets et d’hommes neufs ». Pensez-vous que la liste de Rocca Serra, qui devrait réunir tous les vieux routiers et poncifs de la droite, y satisfait ?
- Camille a compris qu’il a besoin d’avoir à ses côtés, non des clones, mais des personnalités qui, dans le respect de leur différence, viennent agréger leur savoir faire, leurs compétences et leur poids politique. Il faut, du reste, se méfier de la tentation du jeunisme qui répond à la tyrannie du marketing électoral. Il me plait de rappeler que la compétition politique ne peut se ramener à un enjeu de cosmétique ou à un simple concours de smyleys. Nous deviendrons audible dès lors que nous serons capables de promouvoir un projet d’alternance duquel il faut dégager des lignes forces et des idées concrètes. La crise sociale, identitaire et économique s’est muée en crise de confiance. Combien de jeunes ne croient plus en la politique aujourd’hui ! Ce constat doit nous conduire à une insurrection des consciences et à changer la donne pour redonner espoir.
- Quel projet d’alternance proposez-vous ?
- Je milite pour un trépied : « Economie, santé, formation ». L’économie, parce nous ne pouvons plus nous satisfaire d'un système indigne de distribution clientéliste des emplois publics. Le temps est venu de faire émerger un secteur privé, productif, solidaire et respectueux de notre environnement. La santé, parce que cette préoccupation est devenue anxiogène pour nos concitoyens qui souffrent de la double fracture « rural-urbain » et « Corse-Continent ». La formation, enfin, parce que les Corses ont toujours cru en l'école qui doit redevenir le symbole de la réussite. Je souhaite remettre le mérite au cœur de notre projet de société. La Corse est riche de talents trop souvent mis sous cloche. Je crois, d'ailleurs, que les futures lignes de démarcation politique vont se situer autour de ces enjeux, davantage que sur les axes droite-gauche-nationaliste.
- Vous parlez d’idées concrètes. Lesquelles, par exemple ?
- Par exemple : le billet d’avion bord à bord à moins de 100 euros, le deuxième salarié de chaque entreprise exonéré de charge, une couverture du territoire en maisons de santé, un plan ambitieux en direction de l’innovation et de l’économie numérique, la création d’une grande région euro-méditerranéenne avec la Sardaigne, ou encore un plan de revitalisation de l’intérieur qui défie les ravages prévisibles de la loi NOTRe. De façon transversale, il est grand temps que toutes les pratiques soient examinées du point de vue environnemental et humain car tout doit être pensé et construit depuis nos principales ressources, c’est-à-dire notre matière grise et notre territoire.
- Êtes-vous favorable à la fusion des deux listes de droite au soir du 1er tour de scrutin ?
- Le mode de scrutin ne laisse place à aucune tergiversation pour qui veut gagner L’union n’est pas une option, c’est une obligation si l’on veut battre Paul Giacobbi et ce qu’il incarne.
- Certains de vos colistiers, dont JJ Panunzi, se déclarent violemment contre. Comment gérer cette contradiction ?
- En réglant les tensions du Conseil départemental de Corse du Sud qui mine nos chances de réussite. Pour autant, je l’affirme avec force : on ne pourra pas construire une campagne dynamique et gagnante en restant autocentré sur ce sujet de crispation. La Corse attend mieux que cela de ses candidats.
- On prête à nombre de vos colistiers la tentation de rejoindre Paul Giacobbi au 2ème ou 3ème tour. D’autres évoquent une alliance avec les Nationalistes modérés. Quelle est votre position ?
- Toutes ces spéculations relèvent de l’intox ! Il ne saurait être question d’être ambigu sur ce sujet. Je ne suis pas Giacobbi-compatible ! Pour le reste, il ne faut pas insulter l’avenir, mais il ne faut pas, non plus, manger la peau de l’ours avant de l’avoir tuée. Concrètement, la droite a fort à faire pour créer une dynamique de victoire aux 1er et 2ème tour sans déjà se projeter au 3ème tour et pourquoi pas en 2018 pendant que nous y sommes !
- Pensez-vous que la liste de Rocca Serra arrivera en tête de la droite au 1er tour et qu’elle réussira à se relever de cette désastreuse guerre des chefs pour gagner les élections ?
- Le succès ne s’offre qu’à ceux qui y croient vraiment !
Propos recueillis par Nicole MARI.