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Jean-Guy Talamoni : « Une page se tourne. Il y a de vrais choix politiques à faire »


Nicole Mari le Jeudi 20 Mai 2021 à 12:04

C’est la der ! Pour cette dernière session de la mandature, le président de l’Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni, a livré un dernier discours sur l’exercice de la démocratie au sein de l’hémicycle. Pour lui, une page se tourne et l’heure est au choix politique.



Jean-Guy Talamoni, président de l’Assemblée de Corse. Photo Michel Luccioni.
Jean-Guy Talamoni, président de l’Assemblée de Corse. Photo Michel Luccioni.
Voici le texte de son discours :

« Tout d’abord, je souhaite que nous ayons une pensée pour Anto Chauvy, ce jeune Balanin qui est parti rejoindre son oncle, notre ami Ghjuvan-Battista Acquaviva. Face à ce nouveau malheur touchant cette famille, nous pensons beaucoup à sa mère, à son père, à ses frères et à tous les siens.

Nous sommes réunis une fois de plus pour une séance de notre Assemblée. Mais aujourd’hui se tourne une page : il s’agit de la dernière fois que tous ces élus-là vont travailler ensemble pour la Corse. Dans quelques semaines, les électeurs choisiront les nouveaux membres de leur Assemblée. Ainsi va la démocratie. Qui siègera au mois de juillet dans cette salle de délibérations ? Dieu, seul, le sait. Plusieurs élus actuels ne se représenteront pas. Je veux les assurer de ma sympathie. Nous nous retrouverons, je l’espère, en d’autres circonstances.
Je veux saluer également Gilles Simeoni, Président du Conseil exécutif et les conseillères et conseillers exécutifs, ainsi que Marie-Christine Bernard-Gelabert, Directrice générale et ses services.

Enfin je veux remercier Serge Tomi, Secrétaire général de l’Assemblée, ainsi que tous les agents du secrétariat général, et bien entendu les membres de mon cabinet.
Je voudrais dire, à tous et à chacun, le plaisir que j’ai à travailler avec vous.
Par-delà les idées qui peuvent être différentes, par-delà les débats qui peuvent être vifs, l’amour de la Corse nous a porté toutes et tous tout au long de ces dernières années.

Partager l’amour de la Corse ne veut pas dire être identiques. Je suis convaincu, de mon côté, que le débat d’idées est la condition de la démocratie. Le choix aussi. La décision également. Avec le vote.

Il me semble que c’est cela la démocratie, et non la recherche permanente du consensus. En démocratie, il doit y avoir des désaccords, des débats, des choix et un vote.
Bien entendu, sur certains sujets, il peut y avoir consensus. Par exemple, il y a peu, nous avons voté pour soutenir l’association « Inseme » qui est aux côtés des parents d’enfants malades. A ce moment-là il était plus que naturel de voter ensemble. Mais il y a aussi des sujets différents, où il faut faire des choix.

Ici, majorité et opposition, nous sommes conscients de partager la corsitude, de faire partie du même peuple, de faire peuple. Il peut y avoir également, par-delà les idées politiques, entre les élus des différents groupes, de l’amitié et de l’affection. Il peut même y avoir des liens de parenté, car nous sommes un petit peuple. De mon côté, j’ai des amis et même des parents dans les groupes de l’opposition. J’ai, pour eux, la plus grande affection.

Mais le choix politique, c’est autre chose. Être de droite ou de gauche, être nationaliste ou pas, ce sont des choix. A l’inverse, être un peuple n’est pas un choix, ce n’est pas un projet. C’est une réalité, un constat : nous sommes un peuple, sur cette terre qui est la nôtre, à tous. Et nous vivons sous le même soleil. Une fois que nous avons dit et répété cela, avons-nous avancé ?

En ce qui me concerne, je n’en suis pas certain. Je pense qu’il faut donner également au peuple la possibilité de dire, de façon majoritaire, ce qu’il veut, et pas simplement d’aller vers le progrès, car tout le monde est pour le progrès, ou la prospérité, ou la justice, ou la paix... Vous en connaissez beaucoup, vous, des candidats qui font campagne en faveur de la pauvreté, des conflits et de l’injustice ?

Je le répète, il y a de vrais choix à faire.
Certains veulent, non simplement faire peuple - c’est déjà le cas – mais faire nation. D’autres non. Ça, c’est un choix politique.
Certains veulent le progrès en priorité pour ceux qui vivent dans les plus grandes difficultés matérielles. Ça, c’est un choix politique.

Et ce choix doit être proposé clairement aux Corses. Sur l’avenir de la Corse, cela a été fait en 2015. Et puis en 2017. A ce moment-là, les Corses ont voté pour la nation. Dans quelques semaines, ils auront à répondre une fois encore, de façon franche et claire. Avancer, pour le peuple et le progrès, pour la démocratie, la transparence, la tolérance, l’espérance, la paix...personne ne peut être contre. Pour reprendre les paroles d’un homme politique français, en d’autres temps, personne n’a « le monopole du cœur » ou de la transparence, ou de l’espoir, etc...

C’est pour cette raison qu’il faudra aller plus loin et mettre au point, de façon beaucoup plus précise, un véritable projet pour la Corse et les Corses.

Je l’ai dit, une page se tourne.
A nos compatriotes, maintenant, de continuer à écrire le grand livre de l’histoire de la Corse ».