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Jean Dominici : "donner au tourisme corse le moyen de ses ambitions"


La rédaction le Mardi 27 Avril 2021 à 15:02

Avant la présentation de la feuille de route pour le tourisme qui a eu lieu ce mardi matin à l’hôtel Campo dell’Oro d'Ajaccio, Jean Dominici président de la chambre de commerce de Corse n'a pas manqué de mettre l'accent sur les mille et une difficultés que rencontrent depuis plusieurs mois non seulement les ressortissants de la CCI mais aussi toute les infrastructures qu'elle gère. Si le président de la CCI de Corse s'est félicité de mesures prises au plan national pour essayer de faire face à la crise il a revanche adressé un vibrant plaidoyer à Jacqueline Gourault et Jean-Baptiste Lemoyne "afin de donner au tourisme de la Corse les moyens de ses ambitions, et le premier de ces moyens, c’est de permettre aux visiteurs, aux touristes, aux futurs clients de venir tranquillement et facilement en Corse, aux mêmes conditions de fréquences et de prix que les autres régions concurrentes.



Jean Dominici lors de  son intervention (Photo Michel Luccioni)
Jean Dominici lors de son intervention (Photo Michel Luccioni)
Son intervention
Au  nom  de  la  CCI  de  Corse,  j’aurai  un  commentaire  général  et  deux  propositions   particulières,   qui,   je   le   sais   parfaitement,   sont   fortement partagées  par  le  collectif  de  socioprofessionnels  insulaires  auquel  nous  participons depuis le début de la crise.
Le  commentaire  général  est  positif,  nettement  positif,  tant  les  mesures  nationales  en  faveur  de  l’économie  ont  été  précieuses  et  puissantes dès  le  début  de  la  crise  et  continuent  de  présenter  de  grandes  qualités  à  la  fois  d’efficience, de cohérence et de capacité d’adaptation.
Par   contre en   Corse,   il   nous   manque   clairement,   il   manque   au   tissu   économique   local,   deux adaptations  spécifiques... en   complément   des   mesures  du  cadre  national  et  celles  locales  attendues au  travers  du  plan  Salvezza.


Je  rappelle  volontiers  une  nouvelle  fois,  ce  plan  voté  en  novembre 2020 à l’unanimité par la Collectivité de Corse, plan co-construit avec notre soutien et celui de l’ensemble du monde économique. Il  manque  tout  d’abord de  manière  transversale,  des  crédits  d’ingénierie  publique, afin que nous puissions, s’ils étaient délégués à la CCI, mettre à la disposition  des  TPE  PME  insulaires,  des  ressources  et  des  expertises  afin  qu’elles puissent participer aux Appels à Projets ! aux Appels à Manifestation d’Intérêt  du  plan  France  Relance,  et aux  dispositifs  de  sélection  des  autres  financeurs.


La  structure  de  notre  tissu  et  ses  fragilités  sont  telles  que  l’égalité  des chances  commande  un  soutien  particulier  et  spécifique,  et  qui  mieux  que  la  CCI,  dont  c’est  la  vocation  principale,  est  à  même  de  diffuser,  déployer  et  organiser ce soutien qui exige la plus grande connaissance du territoire et la plus  grande  proximité avec  l’ensemble  des  acteurs  du  commerce  et  de  l’entreprise.
Vous  le  savez,  le  tourisme  irrigue  dans  notre  Ile,  par  son  importance  et  ses  effets  indirects,  l’ensemble  des  autres  secteurs  économiques,  et  c’est  donc  vers  l’économie  toute  entière  qu’il  faudra  se  tourner  pour  être  complets  et  efficaces.
Nos équipes sont prêtes à cette interface et à une mise en œuvre rapide de cette   « manufacture   à   projets »   dont  chacun   s’accorde   à   dire   qu’elle   conditionnera  la  réussite  de  notre  participation,  une  participation  légitime  et  positive de la Corse au mouvement de relance général attendu pour le pays. Il  manque  ensuite  et  surtout, cette  fois-ci  au  plan  plus  concentré  de la feuille  de  route  pour  le  tourisme,  un  volet  complémentaire  et  pourtant  indispensable...  c’est  flagrant !  Il   manque,  malgré  nos  propositions  répétées  et  malgré  les  évidences,  le  volet  du  transport,  le  volet  de  la  connexion,  de  l’accessibilité  de  l’Ile  et  des  différentes mobilités  qui  nous  relient  au  reste  de  l’Europe...


Notre  qualité  de  gestionnaire  des  ports  et  aéroports  nous  conduit  pour  l’instant à  travailler  seuls,  tout  seuls  isolés  sur  ces  enjeux. et nous sommes  pourtant  totalement  investis  pour  préparer,  lancer,  financer  les  différents  Appels  à  Manifestation  d’Intérêt qui  ont  permis  d’une  part,  de sauver la moitié de la saison 2020, et d’autre part, qui vont produire l’effet de stimulation  sur  l’offre  qui  va  alimenter  les  saisons  2021  et  2022... Ce  qui  va  rester de 2021 dès que la reprise sera possible au plan sanitaire.
Nos  propositions  circulent,  comme  circulent  nos  fiches  descriptives  des  différents dispositifs mis en œuvre, et nous sommes évidemment disposés à partager, échanger, co-produire un effort démultiplié, tant nous aurons besoin de  lignes  aériennes  et  maritimes,  de  nouvelles  provenances,  de  nouveaux  tarifs,  de  campagnes  marketing  de  compagnies...  La  reprise  de  l’activité  touristique   aura   partout besoin   des   transports   pour   se   relancer   et   se   structurer... et permettez-moi  d’insister a  fortiori  pour  une  région  insulaire  aussi impactée que la nôtre par cette crise.
Nos concessions, les comptes de nos ports et aéroports, sont exsangues, et pourtant,  nous  ne  demandons  et  n’attendons  rien  pour  nous-mêmes,  si  ce  n’est  le  temps,  le  temps  suffisant  pour  remonter  la  pente...  Par  contre,  les programmes  des  compagnies  aériennes  et  maritimes,  qui  sont  sollicitées  de  toutes parts, ont besoin de notre attention et de notre soutien collectif, si nous sommes  vraiment  déterminés  à  placer  durablement  la  Corse  au  cœur  des  réseaux, à la convergence des lignes et l’extrémité des bouquets de liaisons. La régulation, la solidification et l’annualisation de notre tourisme passera par son évolution, et par une meilleure attractivité du territoire, c’est évident...


Mais  il  est  tout  aussi  évident,  sinon  plus,  que  nous  devons  une  fois  pour  toutes sortir du syndrome de Tantale et donner au tourisme de la Corse les  moyens  de  ses  ambitions,  et  le  premier  de  ces  moyens,  c’est  de  permettre   aux   visiteurs,   aux   touristes,   aux   futurs   clients...   de   venir  tranquillement  et  facilement  en  Corse,  aux  mêmes  conditions  de  fréquences  et de prix que les autres régions concurrentes."