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Jean-Christophe Angelini annonce « l'aggiornamento du PNC pour une reconquête politique et électorale »


Pierre-Manuel Pescetti le Lundi 24 Janvier 2022 à 18:52

Première assemblée générale dimanche dernier à Corti pour u Partitu di a Nazione Corsa (PNC) depuis sa défaite aux élections territoriales en juin 2021. Au programme : renouvellement et rajeunissement des instances, affirmation du projet politique, retour au militantisme de terrain. Son secrétaire national et maire de Portivechju, Jean-Christophe Angelini, bat le rappel des troupes avant de laisser la place qu’il occupe depuis 20 ans. En marge du rassemblement, il explique à CNI qu'un vent de fraîcheur souffle sur le PNC.



Jean-Christophe Angelini s'est engagé a laisser sa place de secrétaire national du PNC fin 2022. Crédits Photo : Michel Luccioni
Jean-Christophe Angelini s'est engagé a laisser sa place de secrétaire national du PNC fin 2022. Crédits Photo : Michel Luccioni
 - Vous avez eu quelques mois pour analyser la défaite des élections territoriales de 2021. Cette première assemblée générale du PNC après les élections était-ce l’occasion d’en tirer des conclusions ?
- Oui ! Et, surtout de repartir au combat. Après juin 2021, nous avons eu une période difficile, il ne faut pas le cacher. Passer des bancs de la majorité à ceux de l’opposition sans explication, ni transition, a été douloureux politiquement et personnellement ! Aujourd'hui, nous avons décidé de ne plus en parler avec amertume et regrets. Nous avons appris et sommes en phase offensive. Nous nous projetons vers l’avenir.

 - Dans votre discours, vous mettez en avant « l’aggiornamento », la mise à jour du PNC. Quelle sera la différence entre le PNC d’avant et celui que vous voulez construire ?
 - Il y a clairement un avant et un après ce 23 janvier 2022. Nous passons d’une situation où nous étions dans la majorité et où le PNC avait tendance à ronronner et à se réduire à une force d’appoint ou de soutien à l’actuelle majorité, à une situation d’opposition et de reconquête sur le plan politique et électoral. L’aggiornamento était donc une obligation pour changer complètement de logiciel avec cette volonté de travailler sur le fond, de mieux penser la société dans son environnement méditerranéen, européen et mondial, et de réfléchir à la trajectoire d’autodétermination de manière politique et pragmatique. Nous ne voulons pas seulement proposer une évolution institutionnelle pour la Corse, mais une vision globale de ce que peut être la Corse dans 20 ou 30 ans.  L’année est également particulière avec deux assemblées générales. Celle d’hier et celle de décembre 2022 qui marquera notre 20e anniversaire. Dans cet intervalle, nous allons donner les moyens d’une action profondément remodelée à la trentaine de jeunes qui ont rejoint le parti et notre conseil exécutif. Conventions thématiques sur des sujets de société, fédération des élus locaux, suivi du groupe Avanzemu à l’Assemblée de Corse, action de terrain, travail de réélection de notre député Paul-André Colombani. L’année sera chargée avec en conclusion, en décembre prochain, des bilans et des prises de décisions.
 
 - Avez-vous une ambition de conquête des déçus des autres mouvements nationalistes ?
 - Le PNC ne se situe pas seulement par rapport aux déçus et aux gens à séduire, mais par rapport à une perspective politique. Pour nous, c’est depuis longtemps l’autodétermination. Elle consiste à offrir aux Corses la capacité politique et institutionnelle de choisir et de maîtriser leur destin. Dans cette optique, nous avons besoin de tous les patriotes, de la jeunesse, de celles et ceux qui sont en rupture de ban, et il y en a beaucoup. Nous voulons incarner cette nouvelle alternative, pas seulement à l’actuelle majorité, mais plus généralement aux politiques conduites depuis des décennies dans ce pays, y compris à celles auxquelles nous avons participé en prenant en compte ses réussites, ses échecs et ses limites.  

 - Quels seront les thèmes principalement défendus par ce PNC rajeuni ?
 - Ils seront de toute nature, mais très portés sur le quotidien des Corses et les grands faits de société qui restent malheureusement tabous. La question des flux migratoires et de l’identité par exemple, la langue corse, sa transmission et la formation. Le réchauffement climatique doit être traité. Que peuvent faire des territoires insulaires comme les nôtres pour affronter cette mutation ?  Les dépendances et les drogues sont également des sujets importants. Ils font partie du quotidien des gens mais par pudeur, par prudence ou par calcul, les formations politiques, y compris le PNC, n’en parlent pas. Nous voulons nous réapproprier les grands sujets et traiter des débats que nous avons occulté quand nous étions aux responsabilités.
 
 - Un nouvel échiquier politique insulaire a émergé des Territoriales avec des nationalistes plutôt à droite, d’autres à gauche, certains aux extrémités. Aujourd’hui où se situe le PNC ? 
- Nous sommes actuellement dans cette phase qui va nous permettre de nous positionner. C’est l’enjeu des débats des mois à venir avec une conclusion qui interviendra lors de l’assemblée générale de décembre 2022. Nous avons besoin de savoir si, sur un certain nombre de sujets, nous sommes plutôt libéraux, progressistes, etc... Ces débats ne nous effrayent pas et je pense qu’il était temps de les aborder.
 À vouloir faire plaisir à tous, ne pas choisir et ratisser large à des fins électoralistes on finit par perdre son âme ! Quand on est au pouvoir, on finit par ne plus savoir quel programme appliquer car on a été élu par des gens qui souhaitaient tout et son contraire. Nous voulons revenir aux responsabilités pour appliquer un projet clair et durable.
 
 - Plus qu’une redéfinition, 2022 est-elle une reconstruction pour le PNC ? 
- Exactement ! Être dans l’opposition n’est pas inconfortable. Le manque de perspectives l’est beaucoup plus et aujourd’hui, nous en voulons de nouvelles pour le parti et le peuple corse. Nous voulons faire du PNC une machine militante de transformation de la société corse, un parti de gouvernement et de militants en massifiant le nationalisme. Il doit redevenir un objet populaire. Le PNC s’est fixé pour stratégie de rendre le nationalisme à l’ensemble des militants et d’en refaire le sujet de tous, et plus seulement d’une poignée.

 - Le PNC renouvelle ses instances grâce à la jeunesse, sauf  son secrétaire national : vous !
 - Tout à fait. Après les élections territoriales, j’ai souhaité quitter mes fonctions de secrétaire national du PNC pour parfaire la logique de renouvellement. Nous avons finalement opté pour un compromis lors de longs débats internes, mais je pense sincèrement laisser ma place à la nouvelle génération à la fin de l’année.

 - Des pistes pour cette succession ?
 - 
Elles sont très nombreuses. Je n’ai aucune inquiétude quant à l’avenir.