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Jean-Charles Martinelli, premier président de la CMA de Corse : "priorité à la formation"


Livia Santana le Jeudi 18 Novembre 2021 à 19:57

Un peu moins d'un mois après son élection, ce mercredi 17 novembre, Jean-Charles Martinelli, le nouveau président de la chambre des métiers de Corse a réuni à l'AFPA de Corte, la première assemblée générale de cette nouvelle entité. Pour CNI, il revient sur les grands chantiers qui occuperont son mandat, l'accompagnement des filières mais aussi sur la contestation de son élection devant le tribunal administratif de Bastia...



Photo CMA
Photo CMA


- La création d’une seule entité, la CMA de Corse, qu’est-ce que cela change ? 
- On reste dans la continuité des actions que nous menions. Seulement, avant il y avait deux façons différentes d’aborder les choses, de travailler, à présent nous allons harmoniser cela et se mettre en ordre de marche.  

- François-Marie Ottaviani votre adversaire lors de ce scrutin a contesté votre élection. Un recours administratif suspensif est en cours mais vous avez quand même installé le bureau. 
- J’avais un mois pour mettre en place le bureau de la chambre régionale, par respect pour ceux qui ont voté pour nous je l’ai fait ce mercredi. Il était inconcevable pour ma liste d’attendre l’issue de ce recours. Quant à la décision du tribunal administratif, nous ne sommes pas inquiets. Toutefois, je déplore que la partie adverse n’ait pas été présente lors de l’assemblée générale.  

- Quel est l’état de santé de la chambre ? 
- Les chiffres sortiront en fin d’année mais sur le point de vue financier, nous sommes déficitaires. Tout d’abord à cause de la crise Covid mais aussi à cause d’un déficit conjoncturel lié à la loi Pacte (Ndr ; Plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises, mise en place en 2019), qui a coupé nos ressources principales, les services régaliens. Avant, nous nous occupions de la formation et les organismes nous rémunéraient. Nous dispensions aussi les stages préalables à l’installation ce qui représentait une source de revenus de 350 000 euros par an, le registre des métiers nous rapportait environ 150 000 euros. On a été obligés de se réinventer. A présent nous proposons des packs pour aider à l’installation des artisans, mais il ne sont pas obligatoires. 

- Vous souhaitez que la Collectivité de Corse (CdC) reprenne la tutelle de la chambre, actuellement attribuée à l’État. Pourquoi ? 
- Toutes les chambres consulaires le souhaitent y compris la CCI (Ndr ; la chambre d’industrie et de commerce). Nous n’avons pas encore abordé le dossier avec la CdC mais cela permettrait de traiter avec une institution plus proche de nous, qui est en lien avec le terrain. La loi Pacte, nous a fait sentir un véritable désengagement financier de l’État. La tutelle de la CdC permettrait une meilleure prise en considération et sûrement un meilleur soutien financier. 

- Durant ces 5 prochaines années, quels seront les chantiers qui vous occuperont ? 
- La formation doit être efficace, c’est une véritable demande des TPE. Aujourd’hui, il y a des secteurs d’activités à court de main d’œuvre comme le BTP ou les services. Dans les prochains mois, nous allons recenser les besoins pour pouvoir cibler et être le plus efficace possible dans la proposition des formations à dispenser. Nous avons, d’ores et déjà, signé des contrats d’objectifs avec l’État qui donnent la pleine mesure de la tâche qui sera la nôtre. Nous devrons en tout cas axer sur les énergies renouvelables, les nouvelles technologies tout en gardant à l’esprit un aspect écologique. D’autre part, nous devrons nous atteler au problème de la transmission des entreprises vieillissantes. De nombreuses personnes vont céder leur activité et nous mettrons en place des moyens logistiques pour aider les repreneurs afin de maintenir la même économie. 

- Qu’en est-il de la structuration des filières ?
Quand on vient nous voir avec des projets, on encourage les artisans à se structurer en filières. L’objectif c’est de mutualiser pour faciliter les démarches avec les interlocuteurs qui sont l’Odarc, l’Adec mais aussi les OPCI. Nous allons continuer à les soutenir.  

- Quel impact a eu le Covid sur l’artisanat ?
- Tous les secteurs d’activités n’ont pas été touchés de la même manière . La restauration même si elle a connu une très belle saison, a été plus particulièrement touchée. Ce qui inquiète maintenant ce sont les 1,4 milliard à rembourser. Sur cette somme, 1,1 milliards proviennent des prêts garantis par l’État, cela représente 10% du PIB de la Corse. Même si 20% des sociétés ont déjà clôturé leur PGE car elles ne s’en sont pas servi grâce aux autres aides, on estime à un millier le nombre d’entreprises qui aura de grosses difficultés pour le rembourser. Celle-ci, il faudra les surveiller.