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Jardins de l'Empereur : Population délaissée dans un quartier où on a laissé les choses se dégrader


Marilyne SANTI le Dimanche 27 Décembre 2015 à 18:34

Le quartier des Jardins de l'Empereur à Ajaccio fait couler beaucoup d'encre depuis quelques temps déjà. L'agression dont été victimes il y a quelques jours les pompiers du centre de secours d'Ajaccio l'a propulsé, fort mal à propos, sur le devant de la scène, ce qui ne réjouit vraiment pas la grande majorité de la population du quartier



Jardins de l'Empereur : Un quartier sous haute surveillance
Jardins de l'Empereur : Un quartier sous haute surveillance
Du coté des habitants du quartier, la colère est, en effet, bien réelle. Les raisons sont diverses.  Elles tiennent surtout dans le fait que la situation que l'on connaît aujourd'hui n'est pas nouvelle : elle dure depuis plus d’une dizaine d’années déjà.
Pour eux il n'y a donc rien de nouveau.
Les actes de violence ? C'est du déjà vu.
Il y en a déjà de nombreuses à l’encontre des bus qui desservent le quartier, par exemple.  Mais il en est aussi beaucoup d'autres.
 
En tout cas, les personnes qui ont témoigné ce dimanche, se sentent bien délaissées dans ce quartier où, selon elles, on a laissé les choses se dégrader.
Aujourd’hui les moyens déployés pour la sécurité, empêchant parfois les habitants de circuler où de récupérer leur véhicule, semblent, pour eux, disproportionnés.
"C'est bien, mais dans quelques jours nous serons de nouveau seuls face aux insultes, aux mauvais regards et aux actes de délinquance" regrette t-on sur place.


Trafics de stupéfiants au grand jour, jeunes enfants traînant dans le quartier sans surveillance et sujets à de mauvaises rencontres, vandalisme, incivilités, non-dits, la peur, le racket : c’est tout ce qui se vit au quotidien, et dans le silence, à l’Empereur.
Ce qui suscite un état de peur, d’insécurité sur fond de violence latente. "J’ai sorti mon fils de l’école de l’Empereur pour ces mêmes raisons"  affirme une maman qui est, pourtant, née dans le quartier.


Mais le plus dur est aussi ce quotidien rythmé par mille et une incivilités.
Que penser quand ce couple raconte que des jeunes (filles ou garçons), n’ayant rien à voir avec des délinquants, se permettent de leur dire qu’ils ne sont pas chez eux, ou qu’ils critiquent du regard leur façon de s’habiller.
"Nous confirmons qu’il y a des gens très bien, leurs enfants le sont aussi, mais  il en est qui à 12 ans traînent jusqu’à pas d’heure dans le quartier avec le risque de mauvaises fréquentations. Les mamans les surveillent de leur terrasse mais...
Quant à ceux qui transgressent la loi, s'ils sont arrêtés, ils sont, aussi, relâchés quelques jours après et reviennent un peu plus violents. S’ils sont porteurs d’un bracelet électronique ils sont reçus en héros et le bracelet est leur trophée…Les plaintes ne sont pas prises en compte ou restent sans suite. Parfois on nous conseille même de déménager..."

Des témoignages qui laissent sans voix et qui traduisent la réalité de la vie d’un quartier situé à quelques centaines de mètres du centre-ville…


Mais alors que faire ?
Vider ce quartier d’un groupe d’individus qui sont les plus menaçants et réapprendre aux autres à vivre ensemble ?
Les enfants n’ont plus d’éducation, les parents sont dépassés.
Pourtant le message unanime que l'on fait passer aux Jardins de l'Empereur est clair : "Nous voulons pouvoir vivre chez nous, c’est-à-dire dans notre quartier, en toute tranquillité, et ce quelque soit notre nationalité".
 

On sait que Christophe Mirmand, préfet de Corse, a répété à l'envi, depuis l'agression de vendredi que ce quartier fera l'objet d'un travail particulier avec la police sur le plan de la lutte contre la délinquance.
Un plan d’action sera élaboré avec le directeur de la sécurité publique pour rétablir la sérénité dans le quotidien de la vie des habitants du quartier de l’Empereur. Le quartier fait aussi l'objet d'un contrat de ville signé notamment avec le député-maire d'Ajaccio Laurent Marcangeli.
En attendant l’arrêté, interdisant toute manifestation au quartier des Jardins de l’Empereur, qui a pris effet ce dimanche, sera maintenu jusqu'au 4 janvier au moins.