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Intercommunalité Casacconi-Golu Suttanu : La victoire de Jean-Marie Vecchioni !


Nicole Mari le Mardi 2 Décembre 2014 à 00:25

Personne n’y croyait, à part lui et ses coalisés ! Et, pourtant, après deux ans d’un combat acharné contre le découpage intercommunal imposé par l’Etat et pour la création d’une petite intercommunalité de l’intérieur, Jean-Marie Vecchioni, chef de file des élus de l’Alta-di-Casacconi, a gagné ! Lundi après-midi, la Commission départementale de la coopération intercommunale (CDCI) a entériné, en quelques minutes, à l’unanimité, la sortie de Bisinchi et Volpajola de leur intercommunalité d’origine. Le Préfet de Haute-Corse, réfractaire jusqu’au bout, a finalement cédé face à la coalition des élus de tous bords et accepté la création de la communauté de communes Casacconi-Golu Suttanu. Cette intercommunalité de l’intérieur, qui regroupe sept communes et près de 1300 habitants, sera officielle au 1er janvier 2015. Jean-Marie Vecchioni, maire et conseiller général de Campile, exprime, à Corse Net Infos, sa satisfaction et son soulagement.



Anne-Marie Natali, maire de Borgo et présidente de l'Intercommunalité Marana-Golu, Gilles Simeoni, maire de Bastia, et Jean-Marie Vecchioni, maire et conseiller général de Campile, chef de file des élus de l’Alta-di-Casacconi.
Anne-Marie Natali, maire de Borgo et présidente de l'Intercommunalité Marana-Golu, Gilles Simeoni, maire de Bastia, et Jean-Marie Vecchioni, maire et conseiller général de Campile, chef de file des élus de l’Alta-di-Casacconi.
 
- Vous avez fini par obtenir gain de cause. Que s’est-il passé exactement ?
- Lundi, la CDCI s’est réunie pour la deuxième fois afin d’acter, à l’unanimité des présents, les sorties des deux dernières communes, c’est-à-dire Bisinchi et Volpajola, de leur communauté respectives : Marana et la Vallée du Golu. Ensuite, le Préfet nous a assurés de son soutien pour créer notre propre communauté de communes à partir du 1er janvier 2015.
 
- Est-ce officiel ?
- C’est officiel ! Nous avons entériné la création. Le 11 décembre, est prévue une réunion avec toutes les communes concernées. Début janvier, sera créé l’inter-comité avec l’élection de son président.
 
- Quelles sont les communes qui feront, finalement, parties de cette nouvelle entité ?
- Cette nouvelle intercommunalité s’appellera Casacconi-Golu Suttanu et regroupera sept communes et environ 1300 habitants. Les cinq communes de l’Alta-di-Casacconi : Campile, Penta-Acquatella, Prunelli di Casacconi, Crociccia et Ortiporio ainsi que Bisinchi et Volpajola.
 
- Etes-vous satisfait ou soulagé ?
- Je suis satisfait d’avoir eu gain de cause et soulagé ! Satisfait parce que tout le monde a compris notre démarche. Le Préfet et ses services ont, enfin, compris nos raisons et nos problèmes liés à notre ruralité. Soulagé parce que cela fait deux ans que je suis sur le terrain et que je me heurte à pas mal d’embûches ! Tout le monde pensait que c’était perdu d’avance, mais on voit qu’avec de la persévérance, on arrive à ce qu’on veut ! Aujourd’hui, je suis totalement satisfait. Cette victoire est, en plus, une satisfaction personnelle.
 
- Effectivement, les élus vous soutenaient sans y croire. Est-ce votre ténacité qui a payé ?
- Oui ! C’est ma ténacité, c’est vrai ! Après l’annonce du Préfet, tous les élus présents m’ont dit : « On ne pensait pas que tu y arriverais ! ». Le Préfet a fini par entendre raison !
 
- Il était si réfractaire. Qu’est-ce qui l’a fait changer d’avis ?
- Je pense que c’est le fait que cette nouvelle Interco dépasse le seuil des 1000 habitants. Il a aussi compris les arguments, que nous lui avons donnés, sur les différences fondamentales existant entre la plaine et le rural. Il a, enfin, touché du doigt les difficultés auxquelles nous sommes confrontés quotidiennement dans nos villages.
 
- La fronde contre les intercommunalités existantes gagne d’autres communes environnantes. Vont-elles vous rejoindre ?
- Non ! Je ne pense pas ! Une communauté de communes a besoin d’un territoire homogène. Les problèmes des communes de la vallée du Golu sont de nature différente. J’ai cru comprendre qu’ils étaient liés à la fiscalité. Ce n’est pas exactement notre problème !
 
- Beaucoup d’élus, qui vous ont soutenus, pensent qu’une aussi petite Interco ne sera ni simple à gérer, ni viable. Qu’en pensez-vous ?
- Bien au contraire ! L’homogénéité du territoire permettra de mutualiser, d’une part, les moyens et, d’autre part, les besoins spécifiques de nos communes. Avec de l’entraide, nous ferons attention. Nous ne récupérerons pas de salariés, nous n’en embaucherons pas à tort et à travers. Nous calculerons au plus juste de manière à ce que nos contribuables ne soient pas lésés. Je persiste à dire que l’intercommunalité est un bon système, mais, pour le moment, il n’est pas adapté à la Corse et aux spécificités de nos montagnes ! A nous de nous adapter et de faire en sorte qu’une Interco ne soit pas un surcoût trop important pour nos contribuables !
 
- Qu’allez-vous faire maintenant ?
- Début janvier, nous procéderons à l’élection du président et du bureau. Ensuite, nous mettrons en place une régie pour les ordures ménagères. C’est une compétence optionnelle qui devient obligatoire parce qu’elle pose un gros souci à toutes les communes. Nous sommes en train de créer un ramassage d’ordures ménagères qui soit au plus juste et coûte le moins cher possible afin que le contribuable soit impacté le moins possible. Nous pensons faire appel à des sociétés privées.
 
- Est-ce la première mesure que vous prendrez ?
- Oui ! Ce sera notre première mesure parce qu’aujourd’hui dans l’Interco de la Marana, certaines communes étaient collectées par l’Interco Marana et d’autres en régie avec une convention. Nous avons deux à trois mois pour mettre en place cette collecte, établir un budget et commencer effectivement à travailler début avril.
 
- Quelles seront, ensuite, vos priorités ?
- Ensuite, nous travaillerons à mettre en place un développement économique. Plusieurs schémas sont possibles et plusieurs actions peuvent être engagées. Tout est à étudier. Nous avons bien réfléchi nos statuts avec les services de la préfecture. Nous avons deux ans pour rajouter de nouvelles compétences. Nous pensons que le développement doit passer par un développement agricole, peut-être par le biais d’associations foncières pastorales, également par la rénovation des maisons anciennes. Nous voulons, aussi, mobiliser, donner envie à des jeunes couples de s’installer dans nos villages. Dans un autre cadre, je milite pour une zone franche dans nos villages.
 
- C’est-à-dire ?
- Si on veut s’en sortir, si on veut que les gens puissent revenir habiter dans nos villages avec moins de surcoûts, il faut mettre en place une zone franche. Cela a été demandé au niveau du PADDUC (Plan d’aménagement et de développement rural de la Corse). L’idée est que les personnes ou les entreprises, qui veulent s’installer dans nos villages, bénéficient d’aides couvrant le coût d’aller travailler sur la plaine.
 
- La ténacité a permis la création de votre Interco. Ne pensez-vous pas qu’il vous faudra beaucoup d’imagination pour son développement ?
- L’imagination, cela ne me fait pas peur ! Dans les sept communes parties prenantes, il y a beaucoup de jeunes dont certains seront, je pense, impliqués dans le bureau de l’Interco. Des idées, nous en avons tous ! Nous nous sommes tellement battus pour obtenir cette Com-com que nous allons, tous, nous mettre au travail pour ne décevoir personne.
 
Propos recueillis par Nicole MARI