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Il y a 35 ans un Nordatlas s'écrasait sur le Mont Garbi à Djibouti avec 36 personnes dont 29 militaires du 2e REP de Calvi


Jean-Paul-Lottier le Vendredi 3 Février 2017 à 14:42

Le 3 février 1982, la deuxième section de la 4ème compagnie du 2ème REP de Calvi et le capitaine Philipponnat, officier adjoint, embarquent à bord du Nord 2501, N°140 pour effectuer une séance de saut sur le sol djiboutien. L'avion est complété par des légionnaires de la 13ème DBLE, des parachutistes de l'état-major des forces françaises à Djibouti, ainsi que des marins du commando Jaubert. Alors que la météo se dégrade, l'équipage de l'avion cherche en vain à reprendre de l'altitude. A quelques kilomètres au nord-ouest du lac Assal, l'avion percute le sommet du Mont Garbi. 36 personnes, dont 29 militaires étaient à bord. Il n'y aura aucun survivant. Depuis, chaque année, le 2e REP honore ses hommes « morts en service aérien commandé »



Il y a 35 ans un Nordatlas s'écrasait sur le Mont Garbi à Djibouti avec 36 personnes dont 29 militaires du 2e REP de Calvi

Nul à Calvi ne pourra oublier cette image de février 1982 où les 29 cercueils des militaires du 2e REP recouverts du drapeau tricolore, étaient alignés tout autour de la voie sacrée pour l'hommage militaire, en présence des familles et du ministre de la Défense de l'époque Charles Hernu.
Une cérémonie à laquelle assistaient de nombreuses personnalités civiles et militaires ainsi que la population de Calvi mais aussi des quatre coins de l'île.
Comment oublier aussi parmi les hommages rendus, celui rendu ce jour là du colonel Michel Guignon, chef de corps du 2e REP à l'époque, aujourd'hui Général d'armée (er) et ancien Gouverneur militaire de Paris :
«  Dans l'histoire du 2éme régiment étranger de parachutiste alternant les joies et les peines, mais le régiment, triomphant ou souffrant, marche d'un pas égal dans la gloire ou dans le malheur.
Le 4 février 1976, à Djibouti, cent légionnaires du 2éme R.E.P. s'élançaient dans un assaut de trois cent mètres pour libérer trente enfants français détenus en otages par des terroristes.
Six ans plus tard, jour pour jour, vingt-neuf officiers, sous-officiers et légionnaires du 2 ème R.E.P. tombent, pratiquement au même endroit, en service commandé.
Cette nouvelle page tragique de l'histoire du régiment, cette page de sang, de peine, de douleur, de sacrifice, c'est vous qui en êtes les héros.  
Vous, capitaine Chanson, ancien commandant de la 2éme compagnie, figure marquante du 2ème R.E.P. et de la 13, seigneur de la montagne au regard plein d'infini.
Vous Eric Philipponnat, futur commandant de le 4éme compagnie, vous qui gardiez en capitaine votre enthousiasme, votre sourire, votre fraîcheur de Saint-Cyrien. Vous incarniez tous deux, dans des genres différents, l'officier de Légion dévoué corps et âme à sa troupe, une troupe au milieu de laquelle, ici à la demande des vôtres, vous reposerez désormais à jamais.  


Vous les sous-officiers : sergent-chef Stroai, vétéran de Loyada, revenu mourir six ans plus tard sur les lieux se son baptême du feu, sergent Woutier cité à Kolwezi, Doré ,dont j'avais guidé il y a sept ans les premiers pas de légionnaire, Pomier le benjamin, frais émoulu du peloton, qui étrennait à Djibouti ses galons de sergent. Une équipe solide, soudée, efficace : une équipe de sous-officiers du R.E.P.
Et vous les vingt-deux caporaux et légionnaires qui formiez le bloc de la 2ème section de la 4ème compagnie : vous nous aviez rejoints, il y a six mois ou six ans peu importe, isolés, perdus pour la plupart, poursuivis par certains, rejetés par tous. Et nous, a qui on donnerait parait-il des leçons de moral, nous vous avons accueillis dans notre confrérie. Vous les travailleurs émigrés du baroud, nous vous avons ouvert nos coeurs, spontanément, sans ostracisme, sans racisme, sans esprit partisan.
Sous le képi blanc vous êtes devenu soldats d'élite – sous le képi blanc, nous vous avons rendu dignité et fierté en vous donnant une patrie : la Légion et une règle d'or "Honneur et Fidélité"


Tous ici, couchés sous le même drapeau tricolore, vous représentez la Légion d'aujourd'hui, nouvelle armée des cent nations issue des quatre coins du monde : d'Allemagne fédérale comme Hoelmann et Burgraff, de Madagascar comme Luang et Buzut, de Belgique comme Senders, d'Algérie comme Zasser, des Etas-Unis comme Léon. Beaucoup nous arrivaient tout simplement de France : Oletta, Pelton, Simonet, Beautemps, Kerty, Beton, Depierre, Falaut, Gordon, Devaux, Lauriol. Gamins de vingt ans, venus vivre avec nous l'aventure exaltante des hommes des troupes d'assaut.  
En revoyant vos silhouettes de guerriers, si jeunes, si souples, si décidés, me reviennent lancinantes; les paroles de notre vieille chanson légionnaire : "combien sont tombés, au hasard d'un bon matin, de nos camarades qui souriaient au destin" <Mes légionnaires, mes soldats, mes enfants de la 4ème compagnie, en vous conduisant aujourd'hui à votre dernière demeure, moi, votre colonel je reprends avec tout le régiment, la suite de ce chant de guerre : Nous aussi : "nous tomberons sans doute. Nous tomberons ou vaincrons au combat?"
Oui, nous continuerons sans relâche à nous préparer à vaincre au combat et nous vaincrons partout où le pays nous enverra. Oui, nous resterons des soldats de France, irréprochables à votre image.
Mes compagnons, mes légionnaires de tous grades, confondus dans ce carré de terre calvaise, j'ai fait le serment, nous resterons toujours dignes de vous. Au-delà de l'adieu que je vous adresse aujourd'hui, ce sera notre façon à nous, de vous rendre l'hommage permanent que vous méritez ».  


Cérémonie au carré militaire du cimetière de Calvi
A 12 heures, en présence d'un piquet d'honneur, d'une délégation d'officiers et sous-officiers du Régiment et de l'amicale des anciens légionnaires parachutistes, le colonel Jean de Monicault, chef de corps du 2e REP de Calvi et l'adjudant (er) Heer (qui a été l'un des premiers à arriver sur place le jour de la tragédie et qui, initialement devait être dans l'avion) ont déposé une gerbe, après que les noms des victimes du 2e REP et de ceux de l'extérieur aient été énoncés un à un, suivi de la phrase : «  Morts en service aérien commandé ».
La sonnerie aux morts était suivie d'une minute de silence.
Au terme de la cérémonie, tous étaient invités à un pot sur le terre-plein extérieur.