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Hôpital de Bastia : La réunion tourne court entre l'intersyndicale et le directeur de l'ARS


le Lundi 14 Décembre 2015 à 16:49

L'intersyndicale de l'hôpital de Bastia, qui occupe depuis plusieurs jours les locaux de la direction de l'établissement, a rencontré, comme prévu, lundi après-midi Jean-Jacques Coiplet, directeur de l'agence régionale de Santé. Mais l'entrevue a tourné court. Les représentants du personnel, qui exigent de la part de l'Etat la prise en charge totale du déficit ainsi que le financement des travaux, indispensables,de réhabilitation, ont quitté la salle de négociations après la proposition faite par l'ARS de mettre 2 millions d'euros à la disposition de la trésorerie de l'hôpital bastiais. Dans le même temps Pascal Forcioli, le directeur de l'hôpital, abordait le problème dans la lettre d'information de l'établissement...



Hôpital de Bastia : La réunion tourne court entre l'intersyndicale et le directeur de l'ARS
Pour l'intersyndicale ce n'est pas avec cette enveloppe "juste suffisante à faire face aux 6 prochains mois" que l'on règlera la situation financière catastrophique de l'établissement.
"Et que fera t-on après cet effet d'annonce?" interroge, pour l'intersyndicale, Viviane Abertelli, qui a l'issue de la réunion tenue au siège bastiais de l'ARS, a une fois de plus dit toute la détermination du personnel à faire aboutir ses revendications.
En attendant de rencontrer le préfet de Haute-Corse et de porter le message auprès du corps médical, du CME (Comité Médical d'Etablissement) et du directoire, l'intersyndicale va poursuivre son mouvement qui paralyse complètement aujourd'hui les locaux de la direction, bouclés, salles de réunion comprises.
Et puis avec l'avènement de la nouvelle année le mouvement pourrait s'amplifier.
L'Intersyndicale entend en effet "faire plier les instances" pour sauver l'hôpital de Bastia.

Un sort qui inquiète, également, le directeur du centre hospitalier Pascal Forcioli qui s'exprime à ce propos dans le lettre d'information de l'hôpital.

Pascal Forcioli :" Ce message, je l’entends et j’y réponds à mon niveau"

Depuis 2 semaines, un mouvement intersyndical bloque les locaux de la direction à la résidence Ondina.

Ce mouvement est un signal. Il exprime la longue attente de la modernisation dont l’hôpital de Bastia a besoin, et une inquiétude vis-à-vis du financement du programme pluriannuel d’investissement. Il expose l’impact des difficultés de trésorerie et les ruptures rencontrées dans certains approvisionnements. Il révèle aussi des interrogations sur l’évolution de l’emploi hospitalier dans un contexte économique difficile pour la Corse. Il est un message adressé à l’ensemble des décideurs, aux niveaux national, régional et local.

 

Ce message, je l’entends et j’y réponds à mon niveau.

Le financement de l’investissement est pour moi une préoccupation majeure. Avec mes équipes, nous avons travaillé cet été à l’actualisation du plan pluriannuel d’investissement pour mieux 

garantir sa soutenabilité financière et sa faisabilité technique et humaine en étalant certaines opérations sur 2018-2020, - ceci sans retarder les chantiers des axes prioritaires (URCC, institut du sein, sécurité, nouveau bloc). 

 

Nous continuons à travailler sur notre plan d’emprunt 2015-2016 et sommes encore en négociation avec des organismes bancaires et financiers. En 2016, nous aurons sans doute besoin d’élargir nos contacts bancaires pour consolider le plan de financement 2016-2017. Mais les négociations avec les banques sont difficiles parce que notre dette est déjà élevée et que nos comptes sont à ce jour structurellement déficitaires. 

 

C’est pourquoi, avec le soutien unanime du directoire, je sollicite une révision du périmètre de l’aide de l’Etat sur la totalité des opérations restructurantes (axes 1 à 6 pour 44M€) ou, à défaut, une aide à 100% en capital sur les axes 1 et 2 du plan de modernisation (23,1M€) pour assurer la réalisation des opérations indispensables à Bastia.

 

D’ores et déjà une aide renforcée du ministère de la santé a été demandée et obtenue pour l’investissement en 2015 avec le doublement de l’aide en capital (2,8M€) et en exploitation versée sur le FMESPP pour les axes 1 et 2, et avec l’attribution de 3M€ sur l’enveloppe régionale de l’ARS (soit 2M€ de plus qu’en 2014) pour l’axe 3. 

Une aide supplémentaire est en plus demandée pour compléter le plan de financement 2015. Nous avons le soutien du directeur général de l’ARS sur ce dossier qui doit remonter au ministère et auquel j’ai sensibilisé tout récemment encore le délégué général de la FHF. La modernisation de l’hôpital de Bastia est un objectif soutenu par l’Etat, mais doit se traduire par un accompagnement pluriannuel renforcé.

 

Pour la trésorerie, nous avons négocié à l’automne avec la caisse d’épargne une augmentation de 1M€ du montant de l’emprunt de trésorerie. Avec le receveur des finances, comptable public de l’hôpital, nous allons définir les principes d’une gestion active de cette ligne de trésorerie de 5,5 M€ de manière à éviter les problèmes de rupture de nos approvisionnements et mieux payer les fournisseurs locaux et les fournisseurs bloquants.

 

S’agissant du volet social, j’ai maintenu et sécurisé les emplois. Le nombre des emplois à plein temps rémunérés est resté stable depuis janvier 2015, et j’ai mené un plan de résorption de l’emploi précaire concernant environ 150 personnels contractuels. Chacun s’accordera à considérer que, dans le contexte social corse, le passage des contractuels en CDI ou dans la fonction publique hospitalière est une vraie mesure pour l’emploi.

 

L’année 2016 sera une année charnière. Les résultats de 2015 ne seront pas à la hauteur espérée et notre déficit sera aggravé du fait d’une sous-réalisation de recettes et d’une augmentation continue de nos charges. Des efforts significatifs seront donc à faire sur 2016. Nous devrons en débattre avec les responsables de pôle et responsables des services, et consulter les instances, pour mettre en œuvre les meilleures décisions dans l’intérêt collectif et dans l’intérêt du patient.

 

A organisation inchangée, nous ne trouverons cependant pas les moyens de sortir du déficit cumulé. Nous devons donc analyser les causes structurelles de notre déficit et y remédier secteur par secteur.

Dans cette optique, nous travaillerons aussi avec l’ARS à l’analyse des crédits et charges sur les missions d’intérêt général (MIG) pour lesquelles nous constatons un sous-financement. Et nous engagerons une étude sur l’impact financier des activités à effet de seuil que nous assurons parce que nous sommes dans un territoire insulaire à la démographie limitée, et que nous avons une production inférieure à la masse critique de rentabilité en T2A.

 

Ces éléments ne suffisant pas à expliquer tout notre déficit, nous devrons travailler par ailleurs sur nos organisations capacitaires, nos activités et modes de prise en charge, nos organisations humaines et logistiques au sein des pôles, pour trouver des marges de réduction du déficit et soigner mieux en hébergeant moins.

 

Ce travail se fera avec les équipes. C’est un chantier que nous mènerons sans attendre, dès début 2016, en concertation avec chaque pôle et ses unités, pour assurer ensemble la poursuite de notre plan de modernisation.