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Haute-Corse : La gauche garde le département et les Nationalistes se renforcent sur Bastia


Nicole Mari le Lundi 30 Mars 2015 à 00:12

Fin du suspense, dimanche soir pour ce second tour très disputé en Haute-Corse des élections départementales. Avec, au finish, des victoires moins serrées que prévues dans les deux duels fratricides du Cap Corse et de Golu-Morosaglia où François Orlandi et Jean-Marie Vecchioni l’emportent nettement. Et, une belle victoire à Bastia III pour le binôme de la majorité municipale. Le camp de la majorité départementale, qui a fait jouer à plein la machine du Conseil général et de la CTC, conserve son emprise sur la Haute-Corse. Le maire de Bastia, Gilles Simeoni, conforte la sienne sur sa ville et envoie trois élus nationalistes siéger au département. Le taux de participation, le plus fort de France, a flambé dans certaines communes.



Les élus de majorité municipale dans le canton de Bastia III : Marie-Claire Poggi et Joseph Gandolfi.
Les élus de majorité municipale dans le canton de Bastia III : Marie-Claire Poggi et Joseph Gandolfi.
Il restait sept binômes à élire en Haute-Corse pour ce 2nd tour des élections départementales. Mais, tous les regards étaient portés sur trois cantons âprement disputés à l’issue incertaine : Cap Corse, Golu-Morosaglia et Bastia III. Les campagnes au couteau ont produit des victoires à l’arraché, même si les écarts de voix sont moins tendus que prévus. L’enjeu était de mobiliser les abstentionnistes dont le poids a été décisif au 1er tour. Globalement, le taux de participation a été nettement plus élevé : 65,84 % contre 55,74 %, dimanche dernier. C’est le plus fort de France ! Il est pratiquement similaire au taux de 2011 qui était de 67 %. Les électeurs se sont surtout mobilisés dans les cantons où les duels faisaient rage. Le taux de participation dépasse 73% dans le Cap Corse, 72% dans le canton de Golu-Morosaglia et 71,60% dans le Fiumorbu-Castellu. Il reste moyen dans le 3ème canton de Bastia avec plus de 57%. Pour tous les autres, il descend sous la barre des 50% et atteint son plus bas niveau avec 34% dans le canton de Biguglia-Nebbiu où l’élection n’était qu’une formalité pour le seul binôme en lice.
 
François Orlandi/S.Retali Andreani élus
L’heure de vérité a, donc, sonné dans l’emblématique canton du Cap Corse. Le duel fratricide, qui s’est cristallisé en janvier lors de la bataille à gauche pour la présidence de l’institution départementale, s’achève sur un score plus net qu’attendu. C’est le tandem François Orlandi/Sylvie Retali Andreani, soutenu par la majorité départementale et régionale, qui l’emporte avec 52% des suffrages contre 48% pour le tandem dissident Jean-Jacques Padovani/Danielle Vincent. Si seulement 69 voix séparaient les deux adversaires au 1er tour, l’écart s’est, donc, creusé, à 328 voix. Le canton reste dans la majorité départementale. La dureté d’une campagne, qui s’est faite « au couteau », et la double machine de guerre du Conseil général et de la Collectivité territoriale, qui a fonctionné à plein régime, ont fait basculer l’élection.
 
De haute lutte !
Les candidats ont arraché les votes un par un et ont mouillé la chemise à l’excès pour convaincre les 4000 abstentionnistes ! L’autre inconnue était le report des voix du PCF-Front de Gauche et de Corsica Libera qui ont totalisé, à deux, plus de 1100 voix et n’ont pas donné de consignes de vote. Fortement sollicités, les électeurs ont été très nombreux à se déplacer, notamment dans les communes où l’abstention avait battu des records. La participation dépasse 97% à Tomino, 89 % à Pino, 87% à Nonza, 80% à San Martino-di-Lota et à Luri, 78% à Centuri, 76 % à Sisco, Cagnano et à Farinole, 70% à Pietracorbara, 64% à Santa Maria-di-Lota… A Patrimoniu, où deux électeurs sur trois avaient boudé les urnes au 1er tour, elle remonte à 51%. François Orlandi sauve, donc, son siège de haute lutte et est assuré de conserver la présidence du Conseil général.
 
Jean-Marie Vecchioni/ C.Cognetti-Tuchini élus
Dans le canton de Golo Morosaglia, théâtre d’une triangulaire entre trois conseillers généraux sortants et d’un autre duel fratricide et féroce, c’est le tandem Jean-Marie Vecchioni/ Catherine Cognetti-Tuchini qui remporte la mise avec 45,19 % des suffrages. La primaire à gauche avait été favorable au maire de Campile qui bénéficiait de 380 voix d’avance sur le binôme Jacques Costa/Suzanne Giustiniani et du soutien du patron de la gauche corse, Paul Giacobbi. Un soutien qui, là aussi, s’avère payant ! Jean-Marie Vecchioni totalise 3423 voix. Jacques Costa, qui avait refusé de se désister, recueille 33,61% des suffrages, soit 2546 voix. Le maire UMP de Calacuccia, Jean-Baptiste Castellani, et Vanessa Buttafoco-Martelli, qui, arrivés en 3ème position, ne voulaient pas jouer les arbitres dans ce duel à gauche, ont réussi à engranger 1606 voix et 21,20% des suffrages.
 
Au forceps !
Là aussi, la participation a fortement augmenté et les suffrages ont été arrachés au forceps. Elle atteint 92% à Campile où le maire fait « tombula » en totalisant plus de 95% des suffrages, dépasse 91% à Bustanico, 84% à Castifao, 79% à Pietralba, 78% à Popolasca et à Omessa, 76% à Morosaglia, 74% à Prato-di-Gionellina. Jean-Marie Vecchioni récolte, également, plus de 94% à San Lorenzo, 87% à Bigorno, 81% à Prunelli-di-Casacconi, 71% à Bisinchi, 67 % à Sermano… Jacques Costa totalise plus de 94% à Moltifao, 84% à Gavignano, 74% à Valle-di-Rostino, Asco et Castifao… Jean-Baptiste Castellani prend la tête dans les communes du Niolu et conserve son score du 1er tour. Jean-Marie Vecchioni retrouve son siège de conseiller général au sein de la majorité départementale.
 
Joseph Gandolfi/Marie Claire Poggi élus
Dans le 3ème canton de Bastia, Lupinu-Saint Joseph, où se rejouait le match, là aussi, très disputé des dernières municipales, c’est, comme en mars 2014, la coalition droite-gauche-nationaliste, en tête au soir du 1er tour, qui l’emporte. Le binôme de la majorité municipale, Joseph Gandolfi/Marie Claire Poggi, totalise 51,92% des suffrages, soit 1850 voix, contre 48,08 %, soit 1713 voix pour le tandem PRG, Joseph Martelli/Anne-Marie Piacentini. L’enjeu, dans ce canton, où plus d’un électeur sur deux avait boudé les urnes, était de convaincre les abstentionnistes d’aller voter. Le taux de participation a dépassé 57,5%. L’écart, qui était de 66 voix au 1er tour, s’élargit à 137 voix. C’est, donc, une victoire nette pour la dynamique de la majorité municipale et pour le maire de Bastia, Gilles Simeoni qui conforte et affermit son emprise sur la ville. Et un nouveau revers pour le PRG bastiais en totale déconfiture. La campagne menée tambour battant par le président de l’Office des HLM et soutenue par Emile Zuccarelli, n’a pas réussi à inverser la spirale de la défaite. Le canton, fief historique du PRG, a basculé.
 
Siméon de Buochberg/Marinette Filippi élus
Victoire attendue, dans le canton de Fiumorbu-Castellu, du binôme de la majorité départementale, Siméon de Buochberg/Marinette Filippi, arrivé largement en tête au 1er tour. Mais une victoire plus serrée que prévue ! Le binôme engrange 51,94% des suffrages, soit 3095 voix, contre 48,06%, soit 2 864 voix pour l’autre binôme de gauche François Tiberi/Angèle Manfredi. L’enjeu, était de convaincre les électeurs de la liste nationaliste, qui a raté le podium du 2nd tour pour 28 voix. A Lugo-di-Nazza, la commune du candidat nationaliste François Benedetti, l’abstention a été forte. Seuls 51 électeurs sur 126 se sont déplacés et ont voté à près de 63% pour le duo Tiberi/Manfredi. Malgré un taux de participation qui a grimpé à 77%, l’écart entre les deux adversaires, qui était de 400 voix sur le canton, s’est réduit à 231 voix. Siméon de Buochberg rempile, donc, et devrait, malgré son étiquette libérale, siéger, comme lors de l’ancienne mandature, dans le camp de Paul Giacobbi.
 
Michel Simonpietri/Coralie Pruneta Leca élus
Attendue, également, la victoire du binôme Divers gauche, Michel Simonpietri/Coralie Pruneta Leca dans le 4ème canton de Bastia Furiani-Montesoru qui remporte 65,95 % des suffrages, soit 2483 voix. Arrivé très largement en tête au 1er tour avec plus de 930 voix d’avance, il creuse l’écart avec le tandem municipal bastiais, Pierre Pieri/Elisabeth Fratacci Poggi qui ne pouvait, mathématiquement, pas rattraper son retard. Il réalise, néanmoins, 34,05 % des suffrages, soit 1282 voix. La participation, qui était de 52% au 1er tour, est passée sous la barre des 50%. Ce qui signifie qu’une partie des 1600 voix qui s’étaient portées sur d’autres listes au 1er tour, notamment sur la liste du Front national, ne se sont reportées sur aucun candidat. Néanmoins, si le maire de Furiani l’emporte largement sur sa commune, il est globalement distancé à Montesoru où il ne récolte que 807 voix contre 897 pour le binôme municipal. Celui-ci totalise plus de 56 % au bureau 19 Salle polyvalente de Lupino, 51,6 % au bureau 23 Ecole Subissi et 56% au bureau 24 Ecole Marie Reynoard. Il est au coude-à-coude dans le bureau 25 Ecole Defendini. Dans tous les cantons de Bastia, l’alliance municipale, sortie des urnes en mars 2014, affirme sa suprématie.
 
Michel Rossi/Vanina Le Bomin élus
Aucune surprise, par contre, dans le 1er canton de Bastia où le binôme de la majorité municipale, Michel Rossi/Vanina Le Bomin affrontait, pour la forme, le tandem PRG Jean Geronomi/Laura Albertini. Le maire de Ville-di Pietrabugno et sa colistière d’Inseme per Bastia avaient dépassé la barre des 50 % des suffrages au 1er tour, mais n’avait pu franchir celle de 25% des inscrits. C’est, désormais, chose faite ! Ils ont récolté 71,61% des suffrages, soit 2 033 voix. Leurs adversaires, qui totalisaient à peine 17,35% des suffrages au 1er tour, ont atteint 28,39 %, soit 806 voix. Le taux de participation est resté quasiment stable. Ce franc succès permet à un autre élu de droite et à un troisième élu nationaliste de siéger au Conseil général.
 
Claudy Olmeta/Muriel Beltran élus 
Formalité également pour le binôme UMP, Claudy Olmeta/Muriel Beltran, seuls en lice dans le canton Biguglia-Nebbiu et, donc, certains d’être élus. Il avait obtenu 44,46% des suffrages au 1er tour, soit 2 118 voix. L’inconnue résidait dans le report ou non des 2000 autres voix libérales qui s’étaient portés, au 1er tour sur la candidature de Claude Flori, autre conseiller général sortant, contraint de se désister. Au final, le maire de Saint-Florent engrange 800 voix de plus, soit 3004 voix. Le taux de participation, qui était de 50,57% au 1er tour, a chuté à 34 %. Plus de 2 électeurs sur 3 n’ont pas jugé utile de se déplacer.
 
Une majorité inchangée
Au final, sur les 15 cantons à pourvoir en Haute-Corse, la majorité départementale en décroche 9 : Bastia IV, Cap Corse, Casinca-Fiumalto, Castagniccia, Corte, Fiumorbu-Castellu, Ghisonaccia, Golu-Morosaglia et l’île Rousse. L’opposition rassemble, arithmétiquement, les six restants, mais ce chiffre est tout-à-fait théorique. Le binôme de Calvi, où Joseph Guiglielmacci, 1er adjoint au maire UMP de la ville, s’est présenté sans étiquette, affirme sa neutralité, mais celle-ci devrait, comme dans la précédente mandature, bénéficier au moins par défaut à la majorité départementale. Le positionnement assez flou de deux autres élus de droite : celui de Claudy Olmeta qui a fait ouvertement campagne pour François Orlandi et le binôme de Borgo, laisse planer le doute. Seuls, les trois binômes de la majorité municipale bastiaise siègeront dans l’opposition. Sans états d’âme pour les élus de droite, Michel Rossi et Jean-Louis Milani. Egalement, pour les Nationalistes, qui font une entrée remarquée dans l’institution départementale avec trois élus. Une autre inconnue est le positionnement de la Tattiste Marie-Claire Poggi. La question se pose, aussi, de la cohésion des binômes : élus ensemble, le couple homme/femme votera-t-il, automatiquement, de concert ou bien chacun reprendra-t-il sa liberté ? La constitution des groupes politiques devrait se clarifier dans les prochains jours.
 
N.M.

Les élus de majorité municipale dans le canton de Bastia I : Michel Rossi et Vanina Le Bomin.
Les élus de majorité municipale dans le canton de Bastia I : Michel Rossi et Vanina Le Bomin.