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Gilles Simeoni : « Cette polémique, développée avec une totale mauvaise foi par le maire d’Ajaccio, est très malsaine »


Nicole Mari le Samedi 28 Juillet 2018 à 23:13

Mi-excédé, mi-désabusé, le président de l’Exécutif territorial, Gilles Simeoni, prend acte du nouvel épisode de la guerre de tranchées que lui livre, depuis quelques mois, le maire d’Ajaccio, Laurent Marcangeli. Une guerre qui a trouvé un point d’orgue, vendredi, avec la publication par le maire d’une décision de la Cour des comptes concernant un contentieux de 10,5 millions € (cf par ailleurs). La somme recouvre un allègement d’emprunt voté, en dernière minute, avant sa disparition, par le feu Conseil départemental de Corse du Sud (CD2A) au bénéfice de la ville d’Ajaccio. Elle impute fortement le budget de l’aide aux communes de la Collectivité de Corse, mais est, selon la Cour des Comptes « une dette exigible ». De nouveau frontalement attaqué, Gilles Simeoni riposte, dans les mêmes termes qu’en mai dernier dans nos colonnes, et accuse Laurent Marcangeli de rester « dans des schémas qui sentent le formol ».



Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de la Collectivité de Corse. Crédit photo M.L.
Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de la Collectivité de Corse. Crédit photo M.L.
- Comment réagissez-vous à la décision de la Chambre régionale des comptes ?
- Je prends acte de la décision de la Chambre régionale des comptes que nous allons examiner attentivement. Mais cela ne change rien au fond du problème, ni à la manœuvre dolosive de l’ex-Conseil départemental de Corse du Sud (CD2A) au profit de la ville d’Ajaccio. Deux mois avant sa disparition, il a contracté une charge de 10,5 millions € à faire payer par la nouvelle Collectivité de Corse et ceci, dans des conditions de confidentialité, sans même un débat public, par une simple mesure de bureau. Cela ne change rien, non plus, au fait que cette mesure soit profondément inéquitable. L’allègement d’emprunt, ce n’est rien d’autre qu’un transfert de l’emprunt vers la collectivité de Corse qui va payer pour le compte de la ville.
 
- En quoi est-ce inéquitable ?
- Le CD2A avait déjà accordé un premier allègement d’emprunt de 10,5 millions € à la ville d’Ajaccio sur la période 2015-2017, il a décidé un second allègement de 10,5 millions € sur la période 2018-2021. Cette somme de 10,5 millions €, que doit payer la Collectivité de Corse au titre d’un engagement contracté dans des conditions très suspectes et critiquables quelques semaines avant sa naissance, est de l’argent qui sera déduit de l’enveloppe de l’aide aux communes. C’est très inéquitable pour toutes les autres communes de Corse qui ont vraiment besoin de cette aide. Nous avons établi un règlement des aides qui a été voté à l’unanimité par l’Assemblée de Corse et qui est basé sur un principe d’équité. Cette décision vient bouleverser ce règlement et introduit une rupture d’équité et d’égalité entre les communes de Corse. Nous devrons en analyser les conséquences.
 
- Que vous inspirent l’attitude de Laurent Marcangeli à votre égard et la guerre de tranchées qu’il vous livre depuis quelques mois ?
- Cela fait effectivement plusieurs mois qu’avec une parfaite mauvaise foi, Laurent Marcangeli prétend qu’Ajaccio serait lésée par la Collectivité de Corse. J’ai déjà, à plusieurs reprises, démontré, chiffres à l’appui, que c’était totalement faux ! Laurent Marcangeli le sait très bien ! Entre 2002 et 2015, donc sous les mandatures Santini et Giacobbi, la ville d’Ajaccio a reçu 0 € au titre du PEI (Plan exceptionnel d’investissements) et 0 € au titre du contrat de plan Etat-Région sur, par exemple, les routes territoriales du Grand Ajaccio. Ceci, parce que la ville n’a porté et fait inscrire, pendant cette période, aucun projet. Quand, à mon arrivée aux responsabilités territoriales en 2016, j’ai constaté cela, j’y ai immédiatement remédié. Sur une enveloppe de près de 100 millions € du PEI dédiée aux routes, j’ai pris la décision de mettre 70 millions € pour Ajaccio et le Grand Ajaccio, soit un pourcentage de 70%. Dans ces conditions, comment peut-on dire que j’ai maltraité Ajaccio et le Grand Ajaccio !
 
- Pourtant la polémique perdure. Comment l’expliquez-vous ?
- Cet axe particulièrement polémique, qui est développé avec une totale mauvaise foi par le maire d’Ajaccio, est très malsain. Pour des raisons purement politiques et électoralistes, Laurent Marcangeli essaye d’opposer artificiellement Ajaccio et Bastia, Ajaccio et la Collectivité de Corse dont le président est originaire de Haute-Corse et de Bastia. Ce sont des antiennes d’un autre temps et d’une autre époque ! Des élus de notre génération devraient quand même avoir une autre approche et une autre vision de la politique ! Laurent Marcangeli reste dans des schémas qui sentent le formol ! Dont acte ! Je le répète encore une fois : ce sont les Ajacciens et l’ensemble des Corses qui jugeront !
 
Propos recueillis par Nicole MARI.

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