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Ghjurnate di Corti : Gilles Simeoni boycotte le débat, fait un petit tour et puis s’en va…


Nicole Mari le Dimanche 5 Août 2018 à 23:40

Le débat annoncé et attendu des Ghjurnate internaziunale avec l’Exécutif territorial face aux militants n’a pas eu lieu ! Le président de l’Exécutif, Gilles Simeoni, le conseiller exécutif, président de l’ADEC et leader du PNC, Jean-Christophe Angelini, et le député Jean-Félix Acquaviva ont refusé de monter à la tribune et même de s’asseoir sous le chapiteau. Ils ont envoyé à leur place trois représentants de Femu a Corsica. La raison invoquée : un changement de dernière minute par rapport au format prévu et qui n’a jamais été validé. Corsica Libera, plutôt gênée aux entournures, plaide un cafouillage technique. L'argument n’a pas convaincu le leader des Modérés qui, avec les deux autres élus, a fait brièvement acte de présence et quitté les lieux.



Ghjurnate di Corti : Gilles Simeoni boycotte le débat, fait un petit tour et puis s’en va…
Le président du Conseil exécutif de la Collectivité de Corse et leader des Nationalistes modérés, Gilles Simeoni, est monté, comme prévu, dimanche après-midi aux Ghjurnate à Corti, pour participer au fameux débat organisé par Corsica Libera et qui, depuis l’accession des Nationalistes aux responsabilités, il y a trois ans, était devenu un rituel. L’occasion pour le chef de l’Exécutif et son conseil, les députés et les élus, de dresser, avant la trêve estivale, un bilan des actions engagées et de débattre face aux militants sur un thème qui se réplique à l’identique : « Un paese dà fa ». L’occasion, aussi, pour la majorité territoriale Pè a Corsica d’afficher une union politique et de marteler une volonté d’action commune, transcendant les différends, les querelles d’ego, les états d’âme étalés sur la place publique, les chausse-trappes pernicieuses et les amertumes de coulisses. Mais, dimanche après-midi, l’union, déjà sérieusement malmenée ces derniers mois, s’est publiquement lézardée. Le débat n’a pas eu lieu, du moins pas dans son format annoncé. Gilles Simeoni, Jean-Christophe Angelini et Jean-Félix Acquaviva ont boycotté la tribune où notamment Charles Pieri faisait office de Mr Loyal. Remplacés au pied levé par le député Michel Castellani, le président du groupe Femu a Corsica à l’Assemblée de Corse, Hyacinthe Vanni, et la conseillère territoriale, Anne Tomasi.
 
Une question de place
La pomme de discorde : un changement de donne impromptu et des invités surprise à la tribune qui ne sont pas du tout du goût du président de l’Exécutif et de Femu a Corsica. « Ce n’est pas du tout ce qui avait été validé ! Ils ont changé la nature du débat ! Nous en avons pris acte et nous avons délégué à la tribune une représentation à minima de Femu a Corsica », commente sobrement Gilles Simeoni. Avant de s’expliquer plus clairement pour éviter toute ambiguïté : « Nous avons un partenaire politique qui s’appelle Corsica Libera, une organisation et des élus. Ce partenaire politique m’invite aux Ghjurnate, c’est normal ! Il m’invite à participer à un débat à l’instar de celui de l’année dernière, composé du Conseil exécutif de Corse que je préside, du président de l’Assemblée de Corse et des députés. Donc, des élus en tribune pour un échange avec la salle sur le bilan de notre action et les perspectives politiques. Je valide. J’arrive à Corte et là, je vois qu’on a changé le format et qu’on met en tribune des dirigeants de Corsica Libera. Je considère que, dans ces conditions, ce n’est pas le même débat et que je n’ai rien à faire à la tribune. Ce n’est pas ma place ! ». Il n’en dira pas plus.
 
Pas de clash
Estimant sans doute aussi que, dans ces conditions, sa place n’est pas plus sous le chapiteau à écouter le débat, Gilles Simeoni refuse le siège proposé par les organisateurs au premier rang de l’assistance. Après un bref conciliabule en aparté avec Jean-Christophe Angelini et Jean-Félix Acquaviva, ils quittent, tous trois, les lieux. Discrètement. Soucieux néanmoins d’éviter toute surinterprétation de l’incident, Jean Christophe Angelini temporise : « Non ! Nous n’avons pas quitté la salle. On nous avait annoncé un débat avec le Conseil exécutif et les élus comme cela a été le cas depuis notre accession aux responsabilités. Nous avons constaté que le format du débat avait changé. Donc, nous en avons pris acte. Nous sommes restés un petit moment et, puis, nous sommes partis ». Est-ce un clash dans la majorité territoriale ? « Non ! Non ! Non ! », se hâte de répondre le leader du PNC. « Nous étions représentés en tribune par Michel Castellani, Hyacinthe Vanni et Anne Tomasi. Il n’y a pas de problème, pas de clash, pas de rupture, mais nous ne sommes pas restés ».
 
Pas de problèmes !
Corsica Libera, par la voix de son porte-parole et organisateur de l’évènement, Eric Simoni, tente, aussi, de minimiser cette absence en bottant malaisément en touche. « Ce n’est pas vraiment une absence puisqu’ils étaient quand même là. L’organisation du débat étant ce qu’elle est, ils ont préféré rester dans la salle. De toute façon, des gens de la majorité les représentaient ». La présence imprévue de dirigeants de Corsica Libera à la tribune ? « Ce sont plus des aspects techniques liés au débat qu’autre chose. Une invitation a été envoyée pour que tout le monde soit là et tout le monde était là. Les aspects techniques de l’organisation des débats sont secondaires ». Mais, le président de l’Exécutif territorial qui refuse de monter à la tribune, ce n’est pas anodin ? « Je ne pense pas qu’il ait refusé de monter à une tribune. Aujourd’hui, nous sommes dans des démarches globales avec une impulsion forte d’un projet pour la Corse et la volonté de faire respecter le vote des Corses. Tout le monde les partage, tout le reste est anecdotique ». Pas plus que présenter le bilan de l’Exécutif sans le président de l’Exécutif ? « L’Exécutif a présenté un bilan sur des thèmes assez précis et très concrets, pas sur des thèmes généraux sur lesquels effectivement une pensée plus large et plus globale est plus appropriée. Il faut aujourd’hui rentrer dans le concret et les élus présents nous ont donné un éclairage précieux qui est validé par la présidence de l’Exécutif et la présidence de l’Assemblée ». Donc, pas de problèmes entre les partenaires ? « Non ! Pas de problèmes ! ».
 
Un message clair
C’est vite dit ! Le malaise est patent tant à la tribune que dans l’assistance ! Le conseiller exécutif et président de l’Office de l’environnement, François Sargentini, se veut rassurant. Il essaye, lui aussi, de déminer le terrain en justifiant les présences et les absences. « Au lieu de l’habituel débat sur le bilan, Corsica Libera a décidé de changer de formule et de traiter les thèmes cruciaux qui impactent la vie des Corses : agriculture, environnement, déchets, réforme constitutionnelle, et de faire intervenir à la tribune les conseillers exécutifs et élus concernés. La phase qu’attendent les Corses est la phase de construction de notre pays. Ils attendent que nous rentrions dans le concret. Le travail, que nous faisons à l’Exécutif, est un travail unitaire pour répondre au mieux aux besoins des Corses », explique-t-il en préambule de son intervention sur les déchets. Le premier moment de surprise passée, nul ne s’étonne vraiment de l’absence au débat du leader modéré. Ni ne se méprend sur le message clair et lourd de sens qui la sous-tend. N’en déplaise à certains, le président du Conseil exécutif n’entend manifestement pas se laisser imposer ce qu’il n’a pas agréé et démontre que c’est lui qui mène la danse et règle le tempo. C’est bien lui aussi qui fixe les limites de l’exercice et de l’union. Et il a tenu à le rappeler. Loin d’être anecdotique ou secondaire, son geste a le mérite de remettre froidement les pendules à l’heure et de renvoyer chacun à sa vérité.
 
N.M.

Un aparté avec les organisateurs.
Un aparté avec les organisateurs.