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Gestion des déchets en Corse : La privatisation inquiète le Cullittivu anti-mafia Massimu Susini


le Mercredi 24 Mai 2023 à 10:26

Dans un communiqué, le Cullittivu anti-mafia Massimu Susini exprime son inquiétude face à la privatisation du transport et de la gestion des déchets en Corse. Selon l'association, "le projet de plan régional soumis par l'Exécutif aux conseillers territoriaux et à l'enquête publique contredit totalement le principe initial en renforçant la mainmise du privé sur le marché des déchets."



Photo illustration archives CNI
Photo illustration archives CNI
La gestion des déchets en Corse n’en finit pas de faire couleur de l’encre. Ce problème lancinant dans lequel l’île semble engluée depuis plusieurs décennies, sera à l’ordre du jour de la session de l’Assemblée de Corse de ce vendredi, au travers un rapport visant à faire un « état d’avancement de la procédure d’approbation du plan territorial de prévention et de gestion des déchets ». En amont, lundi soir le Culletivu Massimu Susini s’est alerté par le biais d’un communiqué « face au danger que représente la privatisation complète du transport et du traitement des déchets en Corse », qualifiant celle-ci de « cheval de Troie de la mafia ».
 
Soulignant que la « gestion publique a toujours été présentée par l’actuelle majorité comme la pierre d’angle de sa politique », le collectif s’alarme en effet que « le projet de plan que l’Exécutif s’apprête à soumettre aux conseillers territoriaux et à l’enquête publique trahit totalement ce principe en renforçant la mainmise du privé sur le marché des déchets ». « Le Syvadec qui en a pris la direction a, avant même le vote du plan, déjà mis en œuvre le marché global de performance pour la création d’un centre de tri à Monte avec usine de fabrication des combustibles solides de récupération (CSR) et soutenu celui de la Capa », rappelle le communiqué en développant : « C’est un fait acquis, le choix d’un traitement industriel (tri-incinération-enfouissement) et centralisé est le plus cher et le plus nocif pour l’environnement et la santé des Corses. Sa privatisation est inquiétante au moment où on débat des « dérives mafieuses » ».
 
Pour la structure de lutte contre la mafia, la privatisation de ces équipements laisse en effet la place à diverses dérives, à commencer par l’incertitude des coûts des investissement et d’exploitation que « devront respectivement payer » la Collectivité de Corse (CdC) et les EPCI et qui « engagent tous les Corses pour plusieurs décennies ». Par ailleurs, il estime que « le dossier des centres de tri/incinération est géré de la façon la plus opaque qui soit, sans information des élus locaux, de la presse et des habitants », et que les élus de la CdC et des EPCI n’ont pas idée « de ce que sont les résidus hautement toxiques produits par l’incinération des CSR et des impacts de ceux-ci sur l’environnement, les transports et la santé », ni même « de ce qui se cache derrière le terme « chaudière à CSR » ». Pis, le collectif argue que les élus ne connaissent pas le lieu d’implantation du ou des incinérateurs, « bien que ce sujet caché et tabou soir la clé de voûte de la mise en œuvre du plan régional de prévention et de gestion des déchets ». 

"La Corse est à un point de bascule majeur"

« Le choix conscient de la majorité à l’Assemblée de Corse pour favoriser la privatisation complète du traitement des déchets pose le problème du reniement des engagements dont elle sera comptable. Et surtout, cela acte la rupture déjà largement consommée du pacte de respect des intérêts communs des Corses au profit d’intérêts privés qui sont le Cheval de Troie de l’infiltration mafieuse », déplore encore le texte en énumérant les incendies criminels de camions et d’entreprises de traitement des déchets depuis 2015, et en pointant également « les assassinats en lien direct avec cette économie comme la JIRS et le Sirasco viennent de le confirmer ». 
 
« Malgré ce contexte criminel mortifère incontestable, vont-ils accepter que les structures de traitement des déchets soient livrées aux appétits des groupes privés ? Accepter à l’aveugle dans un tel contexte, relève au mieux de l’irresponsabilité, au pire d’un consentement complice. La Corse s’est opposée aux expérimentations nucléaires dans l’Argentella, aux Boues Rouges, a eu à subir le nuage de Tchernobyl. Cette fois le danger vient de chez nous », avertit le collectif en martelant : « La Corse est à un point de bascule majeur. A travers les choix éthiques, techniques, financiers et juridiques pour traiter les déchets, c’est un véritable choix de société qui est en jeu ».
 
Face à cette situation, le Culletivu Massimu Susini annonce qu’il ne « baissera pas les bras » et qu’accompagné « de spécialistes de la question des déchets, de juristes et d’observateurs impliqués », il proposera « aux partenaires associatifs et à la population de (s’)unir pour initier un travail d’information à destination des Corses et des actions juridiques étayées par une argumentation solide, afin de nous opposer à cette main basse sur intérêts collectifs vitaux ».