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François Orlandi : « La voix de la Corse ne sera entendue que si elle émane d’un député issu d’une majorité parlementaire »


Nicole Mari le Vendredi 9 Juin 2017 à 22:12

Il avait été suppléant du PRG Jean Zuccarelli lors du précédent scrutin de 2012. C’est désormais en première ligne et sous la bannière de « La République En Marche (LREM) » que François Orlandi, président du Conseil départemental de Haute-Corse, est candidat aux élections législatives dans la circonscription de Bastia. Face à l’opposition de certains jeunes Macronistes déçus par les investitures, il a choisi pour suppléante, Lolla Di Vico, référente des « Jeunes avec Macron » sur le département. Il devra, notamment, affronter un autre recalé d’En Marche, Julien Morganti, qui a maintenu sa candidature. Estimant que ce dernier n’a pas tenu ses engagements, il affirme, à Corse Net Infos, incarner le renouvellement et les valeurs portées par le nouveau président de la République. Il explique la nécessité d’élire un député issu de la majorité parlementaire et présidentielle pour faire entendre la voix de la Corse à Paris.



François Orlandi, président du Conseil départemental de Haute-Corse, et sa suppléante, Lolla Di Vico, présidente des « Jeunes avec Macron », candidats aux élections législatives dans la circonscription de Bastia sous la bannière de « La République En Marche (LREM) ».
François Orlandi, président du Conseil départemental de Haute-Corse, et sa suppléante, Lolla Di Vico, présidente des « Jeunes avec Macron », candidats aux élections législatives dans la circonscription de Bastia sous la bannière de « La République En Marche (LREM) ».
- Qu’est-ce qui a motivé votre candidature ?
- Plusieurs choses. D’abord, la démarche d’Emmanuel Macron m’a intéressé dès 2016 lorsqu’il a lancé son initiative. J’y ai adhéré, début 2017. C’est le fruit, également, du partage d’un certain nombre de valeurs que j’ai toujours voulu mettre au cœur de mon action publique : la transparence, la probité et l’équité. Comme elles sont au cœur de l’action d’Emmanuel Macron, j’ai sollicité l’investiture. Je pense que l’expérience acquise, notamment sur les problématiques de la Corse, et les encouragements des personnes, avec qui j’avais l’habitude de travailler, m’ont conduit à être, dans un premier temps, candidat à la candidature, et, étant retenu, de poursuivre.
 
- Il y avait pléthore de candidats à la candidature. Qu’est-ce qui a plaidé en votre faveur ?
- Sept autres candidats avaient déposé une demande d’investiture sur cette circonscription. J’ai été reconnu par Emmanuel Macron comme celui qui pouvait le mieux représenter sa démarche. Nous partageons les mêmes valeurs avec une réciprocité dans l’approche et la lecture de la vie politique. Je me suis porté candidat en respectant les règles édictées dans le cadre de l’investiture et du mouvement. Il fallait répondre à un certain nombre de critères. Nous y répondions tous. L’expérience a-t-elle prévalu ? En tous cas, la reconnaissance du travail effectué au niveau du Conseil départemental a pu influer.
 
- Julien Morganti, qui avait sollicité l’investiture d’En Marche, reste en lice. Que vous inspire sa candidature ?
- Nous sommes en démocratie. Mon jeune concurrent a souhaité maintenir sa candidature. C’est son droit le plus absolu ! Il faut juste savoir que ce n’est pas conforme aux engagements pris. Il m’avait dit, sans que je le sollicite, que, lorsque ma candidature serait déclarée, il retirerait la sienne. Il ne l’a pas fait ! Il n’a pas respecté les règles auxquelles il s’était engagé. Julien Morganti n’est pas mon opposant, puisque nous voulons promouvoir le même projet. Nous sommes concurrents sur cette élection.
 
- Ne craignez-vous pas que ce doublon ne grève vos chances d’accéder au 2nd tour ?
- Bien sûr ! Ceci dit, mes sensations sont plutôt très favorables. Je suis un élu du rural, tout en étant immergé dans la vie bastiaise. Je viens d’une famille de petits commerçants bastiais depuis plusieurs générations. Ma vie professionnelle, après mes études, m’a ramené sur Bastia. Pendant cette campagne, nous sommes allés à la rencontre de nos concitoyens sur tous les territoires. Nous avons été accueillis partout avec une extrême gentillesse et une reconnaissance du travail que j’ai effectué sur le terrain tout au long de mon engagement public. J’ai la chance d’avoir une suppléante, Lolla Di Vico, totalement associée, non seulement dans la campagne, mais dans le projet. Elle est la référente des « Jeunes avec Macron ». Elle est pétrie de convictions et de valeurs profondes. C’est un atout important ! Nous voulons poursuivre, au-delà du 18 juin, le travail que nous avons commencé ensemble, si possible dans le cadre de la mandature.
 
- Justement des jeunes Macronistes ont rejeté les quatre candidats désignés par LREM en Corse. Comment réagissez-vous à ce rejet ?
- C’est, parmi les jeunes, une réaction marginale. La présidente des « Jeunes avec Macron » a tout de suite adhéré à la démarche que j’ai proposée. L’engagement politique et public de la jeunesse est toujours quelque chose d’intéressant, simplement les investitures ont été attribuées en fonction de critères très précis, qui ont prévalu au niveau national, et par une Commission hermétique. Cela a été dit, constaté et salué, même si certains ont essayé, justement avec ces jeunes, de demander aux responsables locaux d’En Marche d’influer sur la décision de la Commission. Il n’en a rien été ! Ces jeunes ont souhaité soutenir des candidats avec qui ils avaient des liens d’amitié ou des affinités. Ce qui prévaut, c’est la nouveauté dans la démarche, partagée avec Jean-Charles Orsucci, Maria Guidicelli et Francis Guidici, les idées que nous avons mises en œuvre, la manière de faire de la politique, la conduite des affaires, l’engagement public… Ces valeurs-là, on ne peut pas nous reprocher de ne pas les posséder !
 
- C’est pourtant ce que certains jeunes font …
- En Marche est un mouvement jeune. Ceux, qui se sont engagés avec fougue et enthousiasme, ont, peut-être par moments, eu une lecture très passionnelle et affective. Nos soutiens en politique se fondent sur les valeurs que j’évoquais, mais aussi sur des critères très objectifs, comme la rigueur, la transparence, l’honnêteté, le pragmatisme… Ce pragmatisme s’est concrétisé par des actions qui ont été soulignées. Je crois qu’avec un peu de recul et d’expérience, ces jeunes trouveront, sans aucun problème, leur place, si leur implication dans la vie publique est sincère, réelle et profonde. C’est ce que j’ai voulu démontrer avec Lolla Di Vico qui n’est pas une photo en retrait sur une affiche. Elle est présente au même niveau que moi. Si je suis élu, nous comptons être présents tous les deux, tout le temps de cette mandature et au-delà.
 
- Vous êtes issu de la Gauche traditionnelle et vous vous présentez comme le candidat du renouvellement. Pensez-vous l’incarner ?
- Tout à fait ! Je suis inscrit dans une démarche de progrès, mais je n’ai jamais appartenu à aucun parti politique parce que j’ai toujours voulu être un homme libre. C’est à ce titre-là que j’ai assumé la responsabilité de tous mes mandats, de manière autonome. Je n’aurai jamais accepté que qui que ce soit m’indique la marche à suivre ! Je suis animé par des valeurs profondes qui ont été reconnues et validées. Ce sont des points de convergence avec Emmanuel Macron. C’est naturellement que je m’inscris dans ce qu’il veut promouvoir au niveau national, comme au niveau local. La démocratie participative, l’écoute, la respiration, la dynamique, l’énergie des territoires… habitent le programme d’Emmanuel Macron. La Corse est la terre d’excellence pour l’épanouissement de cette démarche, de cette politique et de ce projet.
 
- Est-ce les thèmes sur lesquels vous faites campagne ?
- Absolument ! Il faut, dans une élection législative, situer le contexte : c’est projet contre projet ! Des candidats portent des projets inscrits dans une forme de rigueur dans laquelle la cohésion sociale, la solidarité et, peut-être, les vieilles recettes sont toujours mises à l’honneur. D’autres candidats portent la voix exclusivement de la Corse. Le projet, que je propose, a une double dimension. D’abord, un député n’est pas seulement le député d’une circonscription, il n’est pas le député d’une région, encore moins d’un Exécutif. Il travaille à l’action du gouvernement, élabore les textes que la majorité parlementaire, si elle est conforme à la majorité présidentielle, met en œuvre. Avec Emmanuel Macron, un parlementaire prendra une autre dimension, celle de l’évaluation des politiques publiques. Une dimension peu connue, et pas utilisée. Ensuite, un député est, aussi, celui d’un territoire.
 
- Justement, si vous êtes élu, quel député serez-vous pour la Corse ?
- En Corse, probablement plus qu’ailleurs, notre territoire a besoin d’adaptation. Je suis farouchement attaché à des lois fondamentales, comme la loi Littoral, qui protègent notre environnement de manière particulièrement forte. J’ai participé à nombre d’actions qui ont permis la mise en valeur et la protection de notre patrimoine. Je m’y inscris totalement ! Mais ces lois ont besoin de s’adapter aux territoires, comme les territoires ont besoin de s’adapter aux principes généraux qui guident les valeurs de la République. Je veux être ce député-là ! Disponible, présent, comme je le suis dans mon action publique, aussi bien auprès des acteurs locaux que du monde économique.
 
- Quelles sont les mesures nationales qui vous semblent les plus importantes à mettre en œuvre ?
- La démarche d’Emmanuel Macron veut s’appuyer sur une économie solide qui ne transmettra pas à nos enfants le poids de nos insuffisances et de nos échecs. Cette économie, qui doit s’adapter pour que l’entreprise puisse offrir de l’emploi et du pouvoir d’achat, c’est ce que réclament les gens. Il faut redonner de l’espoir et rendre à la France une voix à l’international. Emmanuel Macron, dès son entrée dans la fonction, n’a pas eu besoin d’un bizutage pour s’affirmer. Il a, d’emblée, été une voix écoutée et respectée, que ce soit au niveau européen ou au niveau mondial. Sa démarche novatrice ne passe pas seulement par des mots, mais par des actions concrètes. Il a démontré avec quels moyens et quels outils, il entendait mettre en œuvre son programme.
 
- Quelle serait votre action prioritaire en tant que député ?
- Peut-on décliner l’action d’un député à travers une priorité ? Je ne crois pas ! La première action sera de s’inscrire dans la réactivité, dans ce qui, aujourd’hui, touche, au plus profond de leur être, les gens qui sont dans la difficulté et la recherche d’emploi. Emmanuel Macron veut, d’emblée, mettre l’accent sur toutes les évolutions nécessaires et urgentes en la matière. Ensuite, nous sommes à l’aube de la Collectivité de Corse, et le rôle du député de Corse sera de réussir cette collectivité à partir du 1er janvier 2018. J’ai toujours été, depuis 2003, un partisan actif de cette nouvelle collectivité. Je mettrai toute mon énergie pour qu’elle réussisse, avec les acteurs locaux et avec l’organisation de l’Etat, afin que la voix de la Corse soit entendue. Pour cela, il faut qu’elle émane d’un député issu d’une majorité parlementaire et présidentielle. Nous avons, en Corse, des intérêts supérieurs à défendre : notre culture, notre territoire, notre langue, des mesures fiscales à rendre pérennes en sortant du cadre dérogatoire. Ces priorités s’inscriront dans un calendrier pour lequel je serai particulièrement vigilant. Enfin, l’action d’un député est d’être présent sur toutes les problématiques qui se présenteront à nous.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.