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Femu a Corsica : Une rentrée politique sous le spectre de la venue présidentielle


Livia Santana le Lundi 7 Septembre 2020 à 21:39

Le sommet Euromed 7 et la venue d'Emmanuel Macron ont donné le ton à la rentrée politique du parti Femu a Corsica qui s'est tenue ce lundi à Bastia. Le parti nationaliste dénonce une visite présidentielle où la Corse servira de "porte-avions" en Méditerranée et pour laquelle l'Exécutif territorial n'a pas été convié, ni même prévenu.



Femu a Corsica effectuait sa rentrée politique.
Femu a Corsica effectuait sa rentrée politique.
Le parti de la majorité territoriale, Femu a Corsica, a effectué sa rentrée politique, lundi, sous le signe du sommet Euromed 7 qui devrait se tenir jeudi à Ajaccio. Actualité oblige, la venue non encore officielle d'Emmanuel Macron et de 6 autres chefs d'Etat méditerranéens a donc pris le pas sur tous les autres sujets locaux. Réunis dans les locaux du parti à Bastia, les militants de Femu se sont étonnés du silence de l'Elysée qui n'a, pour l'heure, pris aucun contact avec le pouvoir nationaliste. « Sur la forme, et ce n'est pas anodin, à aucun moment la Collectivité de Corse, les parlementaires et élus nationalistes n'ont été associés, ni même contactés pour l'élaboration et le déroulement de ce déplacement de deux jours ». Jean-Félix Acquaviva, secrétaire national du parti et député de la deuxième circonscription de Haute-Corse, dénonce ce qu'il appelle : « Un mépris pour les institutions nationalistes corses et un refus de reconnaitre l'expression du suffrage universel ». Femu avait espéré, un temps, que le nouveau gouvernement Jean Castex ferait un pas dans ce sens. Ce n'est visiblement pas au programme !

Un rôle de porte-avions
Concernant Euromed, le parti de Gilles Simeoni estime que ne pas associer la Corse et sa représentation élue à un sommet concernant la Méditerranée montre également « à quel point les visions du projet méditerranéen entre l’Élysée et la Corse restent pour l’heure éloignées. Le président de l’Exécutif corse a déjà appelé plusieurs fois l’Etat à reconnaître la spécificité insulaire au plan européen, à prendre en compte le fait que toutes les îles de Méditerranée bénéficient d’un statut d’autonomie, à dépasser les logiques purement étatiques pour soutenir les partenariats entre les îles, les territoires et les peuples de la Méditerranée ». Il déplore que des thèmes méditerranéens majeurs comme les transports transports aériens et maritimes, les déchets, l'économie circulaire, la politique de pêche, le tourisme durable, les langues et les échanges universitaires ou encore la politique agricole commune ne soient pas au centre des débats. « La Corse se trouve réduite au rôle de spectatrice passive d’une réunion à dominante sécuritaire et militaire, et se trouve cantonnée à l’unique rôle de porte-avions en Méditerranée » assène le député Jean-Félix Acquaviva. 
 
Une visite aux allures de campagne électorale
Lors de son séjour en Corse, Emmanuel Macron devrait se rendre à Ajaccio et à Bonifacio. Deux villes aux mains de Laurent Marcangeli et Jean-Charles Orsucci, deux maires proches du parti présidentiel "La République en Marche" et sur les rangs pour les prochaines élections territoriales. Pour Hyacinthe Vanni, président du groupe Femu à l'Assemblée de Corse, le but de cette visite sur l'Ile de Beauté est essentiellement politique : "Si on veut parler tourisme, ce n'est pas avec les maires de Bonifacio ou d'Ajaccio qu'il faut s'entretenir mais bien avec la Conseillère exécutive en charge de l'Agence de tourisme.", s'indigne-t-il. Le parti dénonce ainsi une volonté de "cliver la société corse". Comme l'explique en vidéo le député Acquaviva :

Jean-Félix Acquaviva : "La visite électorale du président Macron chez ses amis politiques"

Le Green Pass en travers de la gorge
Avec la Corse qui vient d'être classée en zone rouge, impossible d'éviter de parler du Covid-19. Femu a Corsica déplore, de nouveau, le refus de l'Etat d'appliquer le "Green Pass" demandé par l'Exécutif insulaire avant le début de la saison touristique. "Le caractère insulaire de la Corse justifiait la mise en œuvre concertée et expliquée d’un "Green Pass", d’une gestion décentralisée au niveau des territoires de l'île, ainsi qu’une politique de généralisation des tests. La combinaison de ces éléments aurait contribué à mieux protéger l’île tout en sécurisant l’activité touristique et en renforçant l’attractivité de la Corse ", regrette Jean-Félix Acquaviva qui tient l'Etat pour responsable de la situation actuelle.

Des engagements non tenus
Concernant la crise économique liée à la crise sanitaire, le député nationaliste accuse l’Etat de ne pas tenir ses engagements. « Nous l’avions alerté sur la nécessité d'avoir des mesures spécifiques d'amortissement du choc dans tous les secteurs impactés pour un territoire hyper spécialisé dans le Tourisme comme la Corse. Des engagements publics ont été pris dans ce sens par le gouvernement, notamment par Edouard Philippe. Or, celui-ci s'est renié en Loi des finances en juillet sur nos amendements, hormis ceux concernant la Collectivité de Corse et le crédit d'impôt ». Il regrette que « Aucune mesure tangible en termes de bonification d'aides directes, d'allongement des exonérations de charges jusqu'en décembre, de prêts à taux zéro avec des délais repoussés et aménagés de remboursement n'a été admise alors que le besoin réel et la spécificité de la Corse en la matière se refont sentir ».

Sénatoriales
Impossible enfin d'aborder cette rentrée politique sans parler des élections sénatoriales qui auront lieu le 27 septembre prochain. Avec une inconnue : y aura-t-il un candidat Femu en Corse-du-Sud contre le sénateur sortant. Le parti n'a pas encore tranché sur la question.