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Femu a Corsica : Un congrès sous le signe de la transmission, du combat et de la mobilisation


Nicole Mari le Dimanche 12 Décembre 2021 à 21:49

Lors de son congrès, dimanche après-midi à Corti, le parti nationaliste Femu a Corsica a confirmé le cap tracé depuis quelques années autour de deux axes majeurs : la concrétisation du projet de société porté par son leader, Gilles Simeoni, et la transmission avec l’élection de jeunes militants, notamment François Martinetti comme nouveau secrétaire national et Livia Ceccaldi-Volpei comme vice-secrétaire. En clôture, Gilles Simeoni est revenu sur le chemin parcouru depuis Inseme et sur les négociations engagées avec le gouvernement. Il a appelé les militants à rester mobilisés et martelé sa détermination à obtenir l’émancipation et l’autonomie.



L'Exécutif du parti Femu a Corsica
L'Exécutif du parti Femu a Corsica
Pari réussi pour le congrès de Femu a Corsica dimanche à Corti, le premier depuis le congrès constitutif d’octobre 2017 et l’Assemblée générale statutaire de décembre 2018, et surtout la victoire de la liste Fa Populu Inseme conduite par Gilles Simeoni aux élections territoriales de juin dernier. Près de 500 militants ont répondus présents, soit la jauge maximale décidée par le parti en raison de la pandémie de COVID. Le congrès, qui a été ouvert par Christine Colonna, présidente du Conseil national, s’est placé sous le double signe de la concrétisation et de la transmission. Concrétisation d’abord avec un point sur la mise en œuvre du projet de société et la transmission avec le passage de flambeau à la nouvelle génération de militants, et ce, à tous les échelons, comme l’avait promis le leader Gilles Simeoni, notamment lors de la dernière campagne électorale. « Ces 3 ans de mandature de secrétariat national et de l'Exécutif de Femu a Corsica ont été riches dans une période de transition essentielle dans l'Histoire de la Corse. Avec près de 70% des suffrages, le Nationalisme, dans le respect d'une diversité qu'il faut désormais assumer, démontre son ancrage dans la société corse sur du long terme. De nombreux jeunes sont aujourd'hui élus, en passe de progresser pour prendre des responsabilités croissantes, et des hommes et femmes nouveaux sont venus participer à la démarche de construction nationale », déclare, dans son discours, le secrétaire national, le député Jean-Félix Acquaviva, avant de passer la main à son successeur François Martinetti.

François Martinetti.
François Martinetti.
Une nouvelle génération
Ce professeur d'histoire-géographie au lycée du Fiumorbu, âgé de 31 ans également premier adjoint à la mairie de Pietrosu où il devrait prochainement remplacer le maire Julien Paolini qui a rejoint le Conseil exécutif de la Collectivité de Corse, occupait déjà la fonction de vice-secrétaire. « Eiu, sò un militante ingiru à una squadra di militanti, pronti à piglià respunsabilità per u so paese ! Hè ora di cuntinuà inseme a strada aperta cinquant’anni fà, è di luttà ! A lotta, a lotta, è sempre a lotta, dicia Edmond Simeoni à u meeting à l'Isula, per a campagna territuriale di u 1992. Fata fine, hè què l'essenza di tuttu : Luttà sempre Luttà ! », scande François Martinetti. Il promet : « être au service du parti dans un militantisme total, acter une méthode de travail efficace et transversale devront être des axes essentiels de notre démarche. A tramandera s'hà dà fà à u livellu di u partitu incù un esecutivu uperaziunale è rinnuvellatu cù trè generazione di militanti, un binomu paritariu incù chì serà vice-sicretaria naziunale ». Il est élu à l’unanimité, tout comme la nouvelle vice-secrétaire, Livia Ceccaldi-Volpei qui martèle, elle aussi, sa détermination : « Il faudra être un parti de gouvernement et de militants sans jamais renoncer à être un parti de combat, sans jamais surtout renoncer au combat. Le parti sera ce que nous en ferons, nous tous, à tous les niveaux, dans chaque territoire, dans chaque village. Il est question de notre engagement collectif à tous, de la poursuite de la construction de ce pays, de l'idéal qui nous anime tous et de la manière dont nous le déclinons dans notre quotidien ». Après avoir fait le bilan de l’action politique, le congrès a adopté une motion d’orientation générale.

Gilles Simeoni.
Gilles Simeoni.
La fidélité aux fondamentaux
Le congrès s’est clôturé sur le traditionnel discours de politique générale du président du Conseil exécutif. L’occasion pour Gilles Simeoni de revenir sur le fil historique du combat mené par Femu a Corsica et le long chemin parcouru depuis la création d’Inseme en 2008, mais aussi la fidélité avec les engagements pris en 2015 lors de l’accession des Nationalistes aux responsabilités territoriales et réaffirmés aux élections de 2017 et de 2021. Il rappelle que sa promesse de juin dernier de faciliter la transmission et l’accès aux responsabilités des jeunes générations est tenue, tant dans le groupe Fa populu Inseme à l’Assemblée de Corse, qu’avec les jeunes attachés parlementaires, et dorénavant avec « le passage de témoins » dans les instances du parti Femu a Corsica. Il redit sa volonté de convergence avec les autres partis nationalistes qui va de pair avec sa volonté de « faire Populu Inseme ». L’occasion aussi de marteler sa fidélité aux fondamentaux et aux valeurs d’éthique, d’équité, de solidarité, de transparence et d’ouverture, avec la démocratie comme seule boussole.
 
Un mouvement fort
Ne pouvant pas faire l’impasse sur « la séquence politique très importante que nous venons de vivre » et sur les tensions avec le gouvernement et son représentant dans l’île, Gilles Simeoni explique, ensuite, aux militants « la nécessité d’avoir un mouvement fort pour soutenir la lutte institutionnelle ». Il livre la teneur des entretiens qu’il a eu, d’abord avec le président de la République, Emmanuel Macron, puis avec le Premier ministre, Jean Castex : « J’ai dit au Président de la République et au Premier Ministre ce que je dis sans discontinuer depuis décembre 2015, fidèle aux engagements que j’ai pris devant les Corses en 2015, 2017 et 2021. J’ai affirmé notre volonté de dialogue, qui n’a jamais failli, notre volonté de construire une solution politique dans un processus large qui engage l’Etat, d’obtenir un statut d’autonomie de plein droit et de plein exercice, et des réponses sur les différents thèmes qui conditionnent la crédibilité de la démarche du gouvernement, que ce soit sur le foncier, sur la langue, sur l’énergie, et surtout sur le rapprochement des prisonniers ». Gilles Simeoni prévient, cependant : « Nous ne pouvons pas sortir de deux siècles de colonialisme, de clanisme et de clientélisme en 5 ou 10 ans ».
 
Un appel à la mobilisation
Le président de l’Exécutif a, également, expliqué la négociation de ces dernières semaines sur les 50 millions arrachés dans l’affaire de la Corsica Ferries. « J’ai dit à l’Etat que s’il voulait ne pas payer et que s’il comptait que le préfet, quatre mois après mon élection, prenne ma place, qu’il prenne 90 millions affectés aux politiques publiques au service de la Corse pour payer une dette que nous ne devons largement pas cela, ne pourrait pas passer ! C’était inenvisageable ! Nous ne l’accepterons pas ! Nous avons pris la décision politique de ne pas inscrire cette somme au budget ». Il rend ensuite hommage à Core in Fronte, qui l’a soutenu dans cette démarche, en envoyant au passage un tacle au PNC qui n’a pas participé au vote : « Je voudrais remercier les élus du groupe Core in Fronte qui ne sont pas dans la majorité territoriale, mais qui ont, tout d’abord, voulu faire gagner la Corse avant de faire perdre la majorité territoriale, contrairement à d’autres ». Enfin, Gilles Simeoni a appelé, comme à son habitude, à la mobilisation des militants, au combat, « parce que les semaines à venir seront déterminantes », estimant que le renouvellement en cours du mouvement doit lui permettre « d’être au plus près du terrain. Nous avons besoin d’être, à la fois, un parti de terrain, de résistance et de gouvernement. Nous sommes un parti de résistance, parce qu'aujourd'hui, la résistance est plus indispensable que jamais. Nous sommes également un parti de gouvernement parce que la majorité des Corses nous ont fait confiance », avant de conclure : « Noi simu pronti, noi simu arritti, noi simu un populu evviva à Femu a Corsica è viva a Nazione ! ».
 
N.M.