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Femu a Corsica : « Nous ne voterons pas le Padduc en l’état »


le Jeudi 1 Octobre 2015 à 00:20

Alors que le Padduc sera voté dans quelques heures, le groupe Femu a Corsica tenait une conférence de presse ce jeudi après-midi au sein de la Collectivité Territoriale de Corse afin d’afficher sa position sur le document à la veille du débat final. Une dizaine d’amendements devraient être présentés par le groupe, qui entend défendre la prise en compte de ses fondamentaux



Femu a Corsica : « Nous ne voterons pas le Padduc en l’état »
Après 30 ans d’attente, la Corse est sur le point de se doter d’un Plan d’Aménagement et de Développement Durable (PADDUC). Ce jeudi, le projet Padduc sera en effet mis à l’examen de l’Assemblée de Corse pour la dernière fois. Une session à l’issue de laquelle les conseillers territoriaux auront donc à se prononcer sur le document.
Et ce mercredi, alors que Maria Guidicelli, conseillère exécutive en charge du Padduc, était invitée de la grand-messe du Corsica Sera avant son ultime oral, Femu a Corsica avait convoqué la presse au sein de l’hôtel de région, quelques heures plus tôt, afin d’évoquer sa position sur le sujet. Pas de rejet massif du document à l’horizon pour les nationalistes modérés, mais la formulation d’une dizaine d’amendements sur certains points essentiels à leurs yeux.
 
Le groupe, présent dans sa quasi intégralité, a tout d’abord tenu à insister sur le fait que dès le départ il a activement participé au processus de co-construction du Padduc, tout en se plaçant dans une perspective de recherche du compromis. Sans toutefois perdre de vue la prise en compte de son triptyque essentiel : la notion de peuple corse, la coofficialité, et la préservation de la terre.
Aujourd’hui, si les élus de Femu a Corsica se réjouissent de l’intégration de l’entier livret « Projet de société » au PADD qui incorpore la notion de peuple corse au document, et que plus loin ils reconnaissent même être arrivés à un « point d’équilibre en octobre 2014 notamment sur des points particulièrement sensibles comme la questions des espaces stratégiques agricoles (ESA) », ils ont entendu marquer leur regret d’avoir vu ce point d’équilibre rompu avec la deuxième mouture du document présentée en avril dernier. En effet, selon eux, il existerait dans celle-ci des assouplissements sur des points fondamentaux qui constitueraient autant de « brèches importantes dans le document ».
 
« On n’a plus aucune garantie sur la préservation de la terre »
« Quand on avait voté le Padduc en octobre de l’année dernière on était parvenu à trouver un équilibre, un compromis. Et dans l’hiver jusqu’à la version suivante du 9 avril, il y a eu une série de glissements successifs qui font que désormais on a des certitudes sur la langue et sur le peuple corse, mais on n’a plus aucune garantie sur la préservation de la terre », explique ainsi Agnès Simonpietri, « Nous attirons l’attention sur le fait qu’il y a un certain nombre de protections sur les terres agricoles, par exemple, qui ont été prises, mais qu’il y a aussi en face toutes les dérogations possibles. Ce qui fait que d’un coté l’objectif même du Padduc est celui d’une préservation d’une surface de 105 000 hectares de terres agricoles, mais à l’intérieur du document lui même il y a aussi une contraction qui permet d’aller très loin dans les dérogations pour qu’il n’y ait plus ces 105 000 hectares. Donc comme la préservation de la terre est l’un des piliers du combat des nationalistes depuis 40 ans, il est absolument exclu qu’on puisse accepter ces dérogations. Nous avions voté avec beaucoup de réserves au mois d’avril. Il n’y a pas eu de progrès avec la commission d’enquête publique, bien au contraire. Donc nous allons remettre en cause la manière dont sont présentées ces dérogations sur la préservation des terres agricoles  et des espaces remarquables, et nous allons discuter sur ce qui est possible ou non », poursuit-elle.
 
ESA, ERC, Gazoduc Cyrénée : Une dizaine d’amendements devraient être présentés par Femu a Corsica
Au delà de la préservation des ESA, Femu a Corsica prévoit également de présenter un amendement relatif aux Espaces Remarquables et Caractéristiques (ERC). Le groupe déplore en effet que la commission d’enquête publique n’ait permis de réintégrer que deux ERC, alors qu’un certain nombre de ces espaces « d’une grande importance au égard à leur richesse et leur fragilité et soumis à de fortes pressions » n’ont quant à eux pas été réintégrés.
Plus loin, il entend rappeler sa position sur la constructibilité potentielle des Znieff qu’il ne juge pas acceptable.
Par ailleurs, il compte également introduire un amendement sur le Gazoduc Cyrénée : « C’est un projet dont on nous avait dit qu’il allait figurer dans le Schéma Régional des Infrastructures et des services de Transport, et actuellement nous constatons qu’il n’y ait pas. C’est un manque qui est extrêmement important puisque c’est un des combats pour arriver à la maitrise de l’énergie et à l’énergie propre le plus rapidement possible », détaille à ce titre Agnès Simonpietri.
 
« Nous ne voterons pas ce document en l’état »
Force de constater qu’à quelques heures du vote, le compte n’y est donc pas pour  Femu a Corsica, qui craint que les « glissements successifs » dont le document a fait l’objet tendent à le « dénaturer et à en altérer sa philosophie générale ». Ainsi,  d’ores et déjà les élus du groupe annoncent qu’ils ne cèderont rien sur ce qu’ils considèrent être les fondamentaux et que la série d’amendements qu’ils présenteront au cours de la session aura pour but de tenter de parvenir à une solution acceptable sur le point de la préservation de la terre.
« On ne peut pas accepter que ce document, aussi important soit-il, puisse brader nos intérêts fondamentaux », appuie ainsi Jean-Christophe Angelini, avant de reprendre : « Nous ne voterons pas ce document en l’état ».

Manon PERELLI