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Face à la sécheresse les agriculteurs de Haute-Corse réduisent leur consommation d'eau


Pierre-Manuel Pescetti le Jeudi 19 Août 2021 à 19:22

La Haute-Corse est placée en état de vigilance sécheresse par la préfecture depuis le 9 juillet. Une situation qui impacte la consommation d'eau des particuliers mais pas celle des agriculteurs pour qui aucune restriction ne s'impose pour le moment. Pourtant, en plaine orientale, certains ont fait le choix de l'économie en adaptant leurs pratiques pour réduire la consommation d'eau dans les exploitations et éviter une sécheresse plus difficile pour la fin de l'été.



L'irrigation des vignes a été stoppée le 15 août.
L'irrigation des vignes a été stoppée le 15 août.
Depuis le 9 juillet dernier la Haute-Corse est placée en état de vigilance sécheresse par la préfecture. Le 20 juillet dernier, des mesures de restrictions supplémentaires sont venues impacter la consommation d’eau dans près de 130 communes de la plaine orientale, du Cap Corse, du Nebbiu et du grand Bastia. Un arrêté de la préfecture de Haute-Corse interdisant l’usage de l’eau dans certains cas comme le lavage des voitures et le remplissage des piscines avait été publié le jour même.

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 Un dispositif dont sont exclus les professionnels de l’agriculture qui ont tout de même dû s’adapter pour éviter de se retrouver « à court d’eau » en plein milieu de la saison estivale ainsi qu’en septembre. Période charnière pour l’irrigation de certaines exploitations agricoles comme la vigne, le fourrage, le maïs et les agrumes. Avec les fortes chaleurs de la semaine passée et la manque de pluie depuis la fin du printemps les réserves ont été impactées mais l’Office de l’Equipement Hydraulique de Corse (OEHC) parle d’une situation « contrôlée ». Chaque jour les équipes de l’office font des points d’étapes pour surveiller le niveau des réserves avec un focus particulier sur la plaine orientale.

Adapter ses pratiques quand c’est possible

Fin juillet, la chambre d’agriculture de Haute-Corse et les différents organismes qui regroupent les agriculteurs avaient appelé à « une modération de la consommation d’eau dans les exploitations ». Un appel qui semble avoir été entendu comme le souligne Joseph Colombani, président de la chambre d’agriculture de Haute-Corse : « la consommation en eau a baissé ». Pour maintenir les végétaux en bonne forme chacun y va de son astuce.

À Vescovato, Claire Falcucci veille sur ses vignes : « Nous avons la chance d’être proches du Golu donc nous n’avons pas été trop impactés par la sécheresse ». Pourtant, elle a adapté ses pratiques pour participer à la réduction de la consommation en eau. L’irrigation est faite la nuit pour réduire le stress hydrique et éviter une évapotranspiration plus importante. De plus, la surveillance des réseaux d’eau est accrue pour éviter toute fuite.

Pour la vigne le pire est passé. La période d’irrigation est terminée et les viticulteurs n’ont plus l’autorisation d’irriguer à partir du 15 août. De plus les vendanges qui ont déjà débuté dans certaines exploitations, marquant la fin d’un besoin important en eau. Si un cycle se termine un autre commence. C’est le cas du fourrage et des agrumes qui sont en pleine période d’irrigation. Un apport en eau nécessaire pour la future récolte au début de l’hiver.

De l’inquiétude pour septembre

« Tout le monde est inquiet pour septembre car on voit les réserves d’eau fondre et aucune pluie n’est annoncée dans l’immédiat » s’alarme François-Xavier Ceccoli, président du groupement de producteurs Corsica Comptoir. Pour autant, les sondes qui équipent les exploitations permettent de réguler au mieux les besoins en eau et de déterminer quand l’irrigation devient vitale.

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Les prévisions sont peu rassurantes. La pluie ne devrait pas faire son grand retour avant une quinzaine de jours. Mais pour Claire Falcucci, également agrumicultrice, « il faut rester positif. Je n’ai pas trouvé mes arbres plus stressés qu’en 2017 et cette année l’irrigation des agrumes a commencé à la mi-juin, là où certaines années c’était plutôt fin avril ». Elle est plus inquiète pour l’avenir et l’étalement des sécheresses printanières qui réduisent la reconstitution des stocks en eau. Constat fait, il faut aller de l’avant et trouver des solutions sur le long terme. « Nous ne pouvons pas toujours attendre que la pluie tombe » fait remarquer la jeune agricultrice.

Pourtant, elle garde à l’esprit qu’une possible détérioration de la situation pourrait amener la préfecture à prendre de nouvelles mesures et inclure les agriculteurs dans la boucle. Une décision délicate, pouvant mettre en péril la saison de certains professionnels. « Seule certitude, c’est que nous n’en avons aucune » conclut Claire Falcucci.