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Face à l'inflation, les communes corses se serrent la ceinture et s'adaptent


Livia Santana le Lundi 12 Septembre 2022 à 20:32

L'augmentation du prix de l'énergie, des matières premières moins accessibles et la hausse du point d'indice des fonctionnaires ont des répercussions sur les communes corses qui doivent s'adapter pour ne pas faire subir à leurs administrés les conséquences de l'inflation.



Le Congrès des maires de Corse-du-Sud en octobre 2021. Photo archive CNI, Michel Luccioni
Le Congrès des maires de Corse-du-Sud en octobre 2021. Photo archive CNI, Michel Luccioni
L’inflation est bien là, mais comment ne pas la répercuter sur les administrés tout en réduisant les coûts liés à celle-ci ? C’est les questions que les édiles de l’île se posent et auxquelles ils essaient de trouver des solutions. 

Touchées par l’augmentation du prix des carburants, du prix de l’énergie, par la revalorisation du point d’indice des fonctionnaires de 3,5% et par la hausse des prix des matériaux commandés pour les travaux publics, les communes voient en 2022, leurs dépenses augmenter entre 5 et 8% par rapport au budget prévisionnel qui avait été voté en fin d’année précédente, avant la guerre en Ukraine. 

Ainsi, à Siscu par exemple, le budget 2022 a besoin de 5% de plus pour être bouclé. « Nous payons EDF comme tout le monde et l’augmentation du kilowatt-heure est la même pour les communes », explique Ange-Pierre Vivonimaire de Siscu et président de l’association des maires de Haute-Corse. 

Un bouclier municipal contre l’inflation 

Malgré l’inflation, les maires de Corse ont décidé de ne pas augmenter le taux des taxes sur leurs communes. À l’image de Corte, où Xavier Poli connaît la situation précaire de ses administrés et n’a donc pas souhaité baisser les subventions des prestations sociales ou augmenter le coût de la garderie ou encore celui de la cantine. « Nous allons puiser dans les marges de manœuvre que nous avons constituées. On tient bon, car on est dans des conditions qui nous permettent de le faire », assure le maire.

Porto-Vecchio a voulu s’armer d’un vrai « bouclier municipal contre l’inflation pour protéger les Porto-Vecchiais », explique son maire Jean-Christophe Angelini. « On constate que la rentrée sociale est très douloureuse. Si l’on conjugue l’augmentation du prix du carburant, de l’énergie, du panier de la ménagère et le fait que les prix sont structurellement plus élevés en Corse, la situation est catastrophique ». Ainsi, la municipalité a voté la gratuité des fournitures scolaires, l’optimisation des prestations du CCAS, des actions sociales ainsi que la multiplication d’activités culturelles et sportives gratuites. Pour pouvoir proposer cela, la municipalité a été obligée de redoubler de vigilance quant aux investissements et par exemple, de ne renouveler qu’un départ sur deux à la retraite.

Economies d’énergie

Pour éviter de voir les factures d’électricité s’envoler, les communes ont pratiquement toutes opté pour l’éclairage LED qui permet d’effectuer 70% d’économies. Certaines ont déjà terminé de les installer. C’est le cas par exemple de Corte qui avait bénéficié l’an dernier d’une aide de l’État pour installer ce nouvel éclairage sur 1 200 points lumineux. Ce nouveau modèle d’éclairage centralisé qui a coûté 1,5 million d’euros a permis une économie de 70 000 euros par an sur la facture EDF. 

À Pietrosella, l’amplitude horaire de l’éclairage public a été diminuée d’un tiers. « On éclaire de 20 heures à minuit.Cela fait deux heures en moins », explique Jean-Baptiste Luccioni, le maire de la commune qui a aussi bénéficié de travaux de réhabilitation sur les bâtiments publics pour éviter les passoires énergétiques. 


À Sisco, une fois l’hiver arrivé, les économies se feront aussi en réglant la température des chauffages. Pour cela, Ange-Pierre Vivoni compte doter chaque classe et bureau de thermomètres. « On ne peut plus avoir des classes où il fait 27 degrés, où les enseignants ouvrent la fenêtre pour refroidir la pièce. À présent il faudra réguler pour qu’il fasse 20 degrés », estime l’édile qui sera aussi vigilant à ce que les lumières soient éteintes lorsque les espaces sont inoccupés. Pour ce dernier « il n’y a pas de petites économies. Les 30 glorieuses sont finies, à présent, on va rentrer dans les 30 miséreuses, ce qui demande un effort collectif. »