Monsieur le Premier ministre
Le 1er octobre dernier, au conseil des ministres, le secrétaire d’Etat aux Transports a fait une communication sur « une politique maritime au service de l’emploi et de l’environnement, de l’innovation et de l’éducation ». Sur 2 pages, seules 3 phrases, très vagues, ont été consacrées à l’emploi maritime.
Tandis que l’Administration traquait pendant 2 ans la virgule sur la refonte de la loi de 92, 2 entreprises maritimes de transport de produits pétroliers ont fermé leurs portes.
Les navires marchands, gros consommateurs de fuel lourd, ont été oubliés dans la loi de transition énergétique. Les pays du nord de l’Europe sont en train de prendre de l’avance dans le domaine de la propulsion au gaz, certains projets nationaux de construction innovante associés au savoir faire des chantiers Français sont toujours au stade embryonnaire faute d’incitations concrètes pouvant aider à supporter ce lourd investissement. Le bassin d’emploi direct et indirect est pourtant bien réel.
Les pertes d’emplois dans le milieu maritime et para-maritime découlant du naufrage de la SNCM, torpillée par une concurrence ni régulée ni contrôlée, affecteront durablement les 2 régions de France déjà les plus touchées par le chômage.
L’absence de réelle politique maritime d’envergure, le délitement de l’Etat dans ses fonctions régalienn est ses devoirs d’actionnaires, vont engendrer de nouvelles situations de précarité, aggravant la dette publique et détruisant le plus ancien système de protection sociale, l’ENIM. Un dé-tricotage des institutions dédiées au maritime est déjà amorcé. Tout cela nous a été confirmé lors du dernier Conseil supérieur des gens de mer avec la position prise par la direction de la sécurité sociale sur les travaux effectués par cette instance, et également lors du comité actionnaires de l’AGISM où l’abri des marins à terre est en danger ainsi que l’emploi qui en découle.
La marine marchande mondiale a servi de laboratoire d’expérimentation pour le libéralisme le plus débridé. L’adoption du Registre International Français, précurseur du pacte de responsabilité, car s’accompagnant de mesures d’allègements sociaux et fiscaux, est selon l’aveu même d’Armateurs de France un échec, le nombre de navires et d’emplois de marins n’ayant cessé de baisser malgré la mise en oeuvre de ce dispositif.
Vous devez intervenir aux Assises de la mer le 2 décembre à Nantes. Dans votre discours, nous vous invitons à vous rappeler cet adage vérifié au cours des siècles: « Le sort d’une nation est liée à sa marine marchande ». Nous attendons dans votre déclaration autre chose que des promesses déjà prononcées par les gouvernements précédents.
Nous attendons des mesures concrètes montrant que la France, pays maritime avec toutes ses façades, a une réelle ambition économique tournée vers les métiers de la mer. La mission première que vous a confiée le président de la République étant la lutte contre le chômage, osez investir sur le secteur maritime, pari ambitieux déjà relevé par d’autres nations pour leur relance économique.
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P. Le Vigouroux (CGE-CFC), LE Cavorzin (CGT), J.-P. Chateil, (CGT-UGICTo T. Le Guevel (UFM), M. Prebot (CFC)