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Deuxième session de l’Assemblée : Talamoni érige l’éducation en « priorité politique »


Sylvain Amiotte le Mardi 16 Janvier 2018 à 19:45

Adoption du règlement intérieur, constitution des commissions et désignation des élus qui siègeront dans les organismes publics : beaucoup de points techniques à l’ordre du jour de la deuxième session de l’Assemblée de Corse, ce mardi. Dans son discours inaugural, le président Jean-Guy Talamoni a érigé l’éducation en priorité politique, devant également faire l’objet de négociations avec l’Etat.



La deuxième session de l'Assemblée de Corse s'est tenue ce mardi à Ajaccio.
La deuxième session de l'Assemblée de Corse s'est tenue ce mardi à Ajaccio.
Réunie dès le 2 janvier pour élire son président et son Conseil exécutif, l’Assemblée de Corse fraîchement élue a poursuivi sa mise en route, ce mardi, avec l’adoption de différents rapports en lien avec son organisation propre et sa représentation externe au sein des organismes publics ou parapublics. Les premiers rapports de fond seront examinés lors de la prochaine session, les 1er et 2 février.

En préambule, le président Jean-Guy Talamoni a néanmoins tenu à fixer un cap pour la nouvelle mandature. Dans un discours prononcé en corse, l’élu indépendantiste a rappelé que l’éducation demeure « la priorité ». Pas seulement dans un but économique et culturel, mais aussi dans un souci démocratique : « La démocratie, ce n’est pas seulement voter, c’est voter en conscience et en étant informé. (…) On constate qu’en Europe le vote pour l’extrême droite est souvent lié à un niveau trop faible d’éducation. »

Décrivant un système éducatif français « hors d’haleine », l’école creusant « les écarts sociaux initiaux » et le niveau des jeunes « continuant de baisser », Jean-Guy Talamoni observe que le problème « se pose en Corse avec plus d’acuité en raison d’un taux d’abandon scolaire plus élevé qu’en France et d’inégalités plus fortes ici qu’ailleurs ». Le taux de scolarisation y est inférieur, rappelle l’élu, et 38% des jeunes entre 15 et 24 ans possèdent tout au plus le brevet des collèges.

"Nos marges de manœuvre sont limitées"

Pour le président de l’Assemblée, se basant sur une étude du Conseil économique, social et culturel, la problématique est claire : « Le partage des compétences éducatives entre l’Etat et la Collectivité de Corse est un frein à l’efficacité du système éducatif corse. (…) Nos marges de manœuvre sont limitées car nous dépendons des politiques nationales.»

Le leader de Corsica Libera, qui rencontrera les syndicats de l’éducation « dans les jours qui viennent », y voit une raison de plus pour plaider en faveur d’un transfert de compétence auprès de l’Etat : « Chaque pays doit construire son propre modèle. (…) L’éducation doit faire partie des sujets traités lors des négociations avec Paris. »

Simeoni insiste sur le dialogue avec l'opposition

Un dialogue avec Paris qui se poursuivra la semaine prochaine avec le déplacement de Jean-Guy Talamoni et de Gilles Simeoni pour rencontrer le Premier ministre et le président du Sénat.

Ce mardi, le chef de l’exécutif corse a d’ailleurs précisé qu’il aurait d’ici là un échange sur le sujet avec les présidents des groupes de l’Assemblée de Corse, notamment ceux de l’opposition que sont Valérie Bozzi, Jean-Charles Orsucci et Jean-Martin Mondoloni (Petr’Antu Tomasi et Hyacinthe Vanni conduisant les groupes Corsica Libera et Femu a Corsica). « Il est inenvisageable que le dialogue avec Paris soit préempté par la majorité territoriale », a souligné Gilles Simeoni devant les élus, les assurant de son « état d’esprit d’ouverture », y compris sur les affaires internes à la Corse.

C’est aussi pour cette raison que le président autonomiste a préféré différer la présentation de la politique globale de la majorité, qui devait avoir lieu ce mardi. « La réflexion doit être nourrie en amont par le dialogue. Je souhaite une discussion d’ensemble avec les chefs de groupes sur les grands enjeux à venir.» Et, devant le défi colossal que représente la nouvelle collectivité unique, de prévoir à cet effet « quelques semaines de cycles d’échanges ».

Le temps de parole en débat

Pour clore la matinée, avant un menu chargé l’après-midi, les 63 élus se sont penchés sur le règlement intérieur de la collectivité. Un règlement provisoire, le temps d’absorber la révolution institutionnelle. Le maire de Bonifacio, Jean-Charles Orsucci, en a profité pour réclamer « d’urgence » la généralisation des vidéo-conférences, vu la charge de travail et l’éloignement géographique de certains élus, notamment du sud et de Balagne. Un souci partagé par Gilles Simeoni.

Les élus se sont également attardés sur la longueur des interventions à l’Assemblée : chaque groupe politique disposera d’un temps de parole défini au préalable par la Commission permanente, de façon à éviter les « diatribes infinies », dixit Jean-Charles Orsucci, d’autant plus avec une charge de travail désormais décuplée. Dans le même esprit, les amendements devront être déposés « de façon générale » au plus tard la veille de la séance. Ce qui fait grincer des dents Jean-Martin Mondoloni, réclamant en vain un délai allongé jusqu’à la fin des débats.

S’agissant enfin des questions orales à l’exécutif, elles ne devront pas excéder six minutes, et le temps de réponse devra se limiter aux deux tiers de celui de la question. Et pas une durée identique comme l'a demandé Jean-Martin Mondoloni dans un amendement, également retoqué. Son groupe s’est ainsi abstenu de voter le règlement intérieur.