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Corse : La parole à la rue


Jacques RENUCCI le Mardi 30 Janvier 2018 à 18:54

La manifestation prévue samedi a un but : prouver que le vote nationaliste a été décidé en connaissance de cause, sur un programme que la population est prête à défendre



Corse :  La parole à la rue
Dans l'histoire du Nationalisme, la rue a été la plupart du temps le lieu de l'expression du refus, de la contestation violente ; aujourd'hui, signe des temps, elle sert de cadre à l'approbation, une approbation que la majorité territoriale souhaite la plus large possible.
Traduire la déferlante électorale en déferlante populaire doit prendre un sens majeur : affaiblir le procès en illégitimité, diffus ou explicite, que font aux élus insulaires leurs interlocuteurs parisiens, directement ou par médias interposés. En même temps, la manifestation a pour but de rendre visible une réalité : les élus n'ont pas gagné par défaut, mais représentent des milliers de gens qui ne demandent qu'à être respectés dans leur vote. Le peuple a confié à ses représentants le pouvoir et l'autorité. Il se réapproprie pour un moment ses délégations, afin de montrer à l’État qu'il souhaite aussi être acteur de son destin, en connaissance de cause, afin aussi de montrer à cet État qu'il n' a pas à juger de la pertinence des choix citoyens effectués par l'île, mais de compter avec ceux-ci.
   
Pour cela, il faut qu'il admette que, en ce qui concerne l'expression nationaliste, la Corse est passée de la velléité multiple à la volonté collective. Il existe un programme, une feuille de route, avec des propositions et des engagements précis qu'une majorité d'électeurs a entérinés. Il est normal qu'une fois validées démocratiquement, ces propositions soient portées au niveau supérieur, celui du dialogue, quels que soient les obstacles. Or, les choses ne se passent pas comme prévu : la représentation corse n'est pas écoutée, le premier pas pour qu'elle soit entendue n'est même pas franchi. Il est décevant qu'après tant de rencontres de hauts responsables, on en soit réduit, sans autres indicateurs, à attendre la bonne parole du Président de la République...
   

Lorsqu'on a dit cela, on comprend que toute manifestation change de sens ; on devrait être loin de la contestation pure et dure et d'une sorte d'esthétique de l'émotion collective, mais au contraire, comme l'ont souligné Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni, face à un rassemblement maîtrisé et responsable, où deux pouvoirs se rejoignent et se confortent, celui de la masse et celui des représentants qu'elle a choisis. Ce qui n'aurait dû être qu'un échange entre spécialistes accrédités se transforme, par la réserve trop attentiste de l’État qui inspire le soupçon, en une réappropriation de la proposition insulaire par la mobilisation populaire.
   
C'est donc dans l'espace public que va monter en intensité la parole de l'île, pour promouvoir une volonté générale, celle qui dit avant tout que le nombre est une force.

Corse :  La parole à la rue