Crédit photo MJT.
Si un budget primitif est, par nature, l’acte le plus éminemment politique d’une mandature, ce premier budget de la nouvelle collectivité de Corse et le troisième de la mandature nationaliste prend les allures d’une profession de foi. Il recueille, selon le mot du président du Conseil Exécutif, Gilles Simeoni, « les actes fondateurs de notre nouvelle institution. Ce budget est le fruit d’un travail qu’on pourrait qualifier de romain par son ampleur et de bénédictin par sa complexité et son niveau de détails. Il a nécessité l’harmonisation des procédures des trois anciennes collectivités. Nous voulions, après à peine 5 mois d’existence et au moment où la nouvelle collectivité va commencer son action, disposer d’un document de référence qui présente, de façon claire et accessible, l’ensemble des données budgétaires qui conditionneront notre action pour l’exercice en cours et les années à venir ». L’exercice est effectivement difficile et contraint puisque ce budget, construit sur la base des budgets des trois collectivités, doit assumer des héritages parfois lourds de conséquences. « Nous avons eu 2016 la mauvaise surprise du passif de 100 millions € issus de la mandature précédente. Nous avons, en 2018, le choc de la nouvelle collectivité de Corse et des tendances fâcheuses héritées d’un certain nombre de décisions du département de Corse du Sud », rappelle l’Exécutif.
Un budget ambitieux
Un budget de transition donc, que le président de l’Exécutif décline en quatre approches. D’abord, une approche prospective globale « sécurisant la trajectoire budgétaire de la nouvelle collectivité : haut niveau d’investissement, recours maîtrisé à l’emprunt, gestion au cordeau des dépenses, choix de ne pas activer le levier fiscal ». Une approche politique qui reflète la continuité de l’action de la gouvernance nationaliste. « Nous avons été élus pour construire un nouveau modèle, pour engager et mener à bien une modification profonde de la société corse en tenant compte de la réalité objective de laquelle nous partons. Pas de table rase révolutionnaire ! Les Corses attendent de nous que nous changions les choses ». A ceux qui s’impatientent, Gilles Simeoni reconnaît que « les choses ne vont pas aussi vite qu’on le souhaite » et rappelle qu’on « ne change pas en quelques mois des situations ou des systèmes qui se sont construits au fil des décennies ». Une approche macroéconomique : « C’est un budget ambitieux qui assure la continuité des opérations en cours et intègre une politique d’investissement volontariste au service de la construction d’une Corse émancipée, développée et solidaire ». Enfin, un approche méthodologique : « un budget sincère et sous-tendu par une logique de responsabilité, garante des intérêts matériels et moraux du peuple corse et de l’équité des territoires ».
Un budget ambitieux
Un budget de transition donc, que le président de l’Exécutif décline en quatre approches. D’abord, une approche prospective globale « sécurisant la trajectoire budgétaire de la nouvelle collectivité : haut niveau d’investissement, recours maîtrisé à l’emprunt, gestion au cordeau des dépenses, choix de ne pas activer le levier fiscal ». Une approche politique qui reflète la continuité de l’action de la gouvernance nationaliste. « Nous avons été élus pour construire un nouveau modèle, pour engager et mener à bien une modification profonde de la société corse en tenant compte de la réalité objective de laquelle nous partons. Pas de table rase révolutionnaire ! Les Corses attendent de nous que nous changions les choses ». A ceux qui s’impatientent, Gilles Simeoni reconnaît que « les choses ne vont pas aussi vite qu’on le souhaite » et rappelle qu’on « ne change pas en quelques mois des situations ou des systèmes qui se sont construits au fil des décennies ». Une approche macroéconomique : « C’est un budget ambitieux qui assure la continuité des opérations en cours et intègre une politique d’investissement volontariste au service de la construction d’une Corse émancipée, développée et solidaire ». Enfin, un approche méthodologique : « un budget sincère et sous-tendu par une logique de responsabilité, garante des intérêts matériels et moraux du peuple corse et de l’équité des territoires ».
Des priorités stratégiques
Un budget d’un volume conséquent : 1,257 milliard € dont 902 millions € en dépenses réelles de fonctionnement et 355 millions € d’investissements. Un fonctionnement en baisse de 2,51% par rapport aux montants précédents, en hausse de 1,49% par rapport aux montants 2017 des trois ex-entités. 320 millions € seront consacrés au financement des politiques publiques dont 46,2% à des opérations sous maîtrise d’ouvrage directe. Avec des priorités : 124 millions € pour les équipements structurants (transports, haut débit, eau), 89 millions € pour l’aménagement du territoire (aides aux communes, comité de massif, incendie…), 49 millions € pour l’économie et la lutte contre la précarité, ou encore 41 millions € à l’enseignement, la culture, le sport et la jeunesse. « Nous allons passer à une logique différente. Il y a souvent sur le réseau routier une logique au coup par coup et de proximité, nous conservons la proximité mais en définissant un cadre lisible et équitable », commente Gilles Simeoni. Idem au niveau du social, auparavant géré par les départements. « Il ne s’agit pas seulement de répéter des mécanismes existants, mais de construire un nouveau système d’entraide sociale et de santé. Nous allons abonder les communes pour la construction de logements destinés aux primo-accédant. Comme nous sommes bloqués sur le statut de résident par le haut, nous avons décidé de le faire par le bas par capillarité ». Autre point attendu : l’aide aux communes grimpe à 54,5 millions € contre 23 millions € sous l’ancienne structure.
Des charges plombées
C’est la fiscalité qui assure le plus gros des recettes, soit plus de 619 millions €, même si l’Exécutif, fidèle à sa stratégie, refuse d’actionner le levier fiscal. S’y ajoutent 322 millions € de dotations et 39,6 millions € de recettes sectorielles dont 67 millions € de social. « La Corse reste trop largement dépendante des dotations extérieures », indique Gilles Simeoni. Les charges de personnels s’établissent à 207 millions € et représentent 23% des dépenses réelles de fonctionnement. Soit une hausse de 14,9 millions €, (7,7%) par rapport au total des 3 ex-collectivités. « Nous continuons nos efforts de rationalisation de nos charges de fonctionnement et de personnels. Le passage obligé pour maintenir le niveau d’épargne passe par la maitrise, voire la baisse des charges de fonctionnement. C’est d’autant plus compliqué à atteindre du fait des décisions de gestion prises antérieurement à la fusion qui s’imposent mécaniquement à la CDC. Cette augmentation de la masse salariale résulte principalement de l’application en année pleine des décisions prises en 2017 par les ex-collectivités en matière de gestion des personnels. Principalement : les recrutements, la revalorisation de certains régimes indemnitaires et des mesures sociales (mutuelles…) ». Le niveau d’épargne se maintient à 145 millions €. « Le taux d’épargne brut de 14% nous situe en haut de l’échelle ». L’Exécutif prévoit un nouvel emprunt de 116,7 millions € qui ne sera réalisé qu’en fonction des besoins. Le ratio de désendettement reste fixé à 5,6 ans, loin du seuil plafond de 9 ans.
Un budget d’un volume conséquent : 1,257 milliard € dont 902 millions € en dépenses réelles de fonctionnement et 355 millions € d’investissements. Un fonctionnement en baisse de 2,51% par rapport aux montants précédents, en hausse de 1,49% par rapport aux montants 2017 des trois ex-entités. 320 millions € seront consacrés au financement des politiques publiques dont 46,2% à des opérations sous maîtrise d’ouvrage directe. Avec des priorités : 124 millions € pour les équipements structurants (transports, haut débit, eau), 89 millions € pour l’aménagement du territoire (aides aux communes, comité de massif, incendie…), 49 millions € pour l’économie et la lutte contre la précarité, ou encore 41 millions € à l’enseignement, la culture, le sport et la jeunesse. « Nous allons passer à une logique différente. Il y a souvent sur le réseau routier une logique au coup par coup et de proximité, nous conservons la proximité mais en définissant un cadre lisible et équitable », commente Gilles Simeoni. Idem au niveau du social, auparavant géré par les départements. « Il ne s’agit pas seulement de répéter des mécanismes existants, mais de construire un nouveau système d’entraide sociale et de santé. Nous allons abonder les communes pour la construction de logements destinés aux primo-accédant. Comme nous sommes bloqués sur le statut de résident par le haut, nous avons décidé de le faire par le bas par capillarité ». Autre point attendu : l’aide aux communes grimpe à 54,5 millions € contre 23 millions € sous l’ancienne structure.
Des charges plombées
C’est la fiscalité qui assure le plus gros des recettes, soit plus de 619 millions €, même si l’Exécutif, fidèle à sa stratégie, refuse d’actionner le levier fiscal. S’y ajoutent 322 millions € de dotations et 39,6 millions € de recettes sectorielles dont 67 millions € de social. « La Corse reste trop largement dépendante des dotations extérieures », indique Gilles Simeoni. Les charges de personnels s’établissent à 207 millions € et représentent 23% des dépenses réelles de fonctionnement. Soit une hausse de 14,9 millions €, (7,7%) par rapport au total des 3 ex-collectivités. « Nous continuons nos efforts de rationalisation de nos charges de fonctionnement et de personnels. Le passage obligé pour maintenir le niveau d’épargne passe par la maitrise, voire la baisse des charges de fonctionnement. C’est d’autant plus compliqué à atteindre du fait des décisions de gestion prises antérieurement à la fusion qui s’imposent mécaniquement à la CDC. Cette augmentation de la masse salariale résulte principalement de l’application en année pleine des décisions prises en 2017 par les ex-collectivités en matière de gestion des personnels. Principalement : les recrutements, la revalorisation de certains régimes indemnitaires et des mesures sociales (mutuelles…) ». Le niveau d’épargne se maintient à 145 millions €. « Le taux d’épargne brut de 14% nous situe en haut de l’échelle ». L’Exécutif prévoit un nouvel emprunt de 116,7 millions € qui ne sera réalisé qu’en fonction des besoins. Le ratio de désendettement reste fixé à 5,6 ans, loin du seuil plafond de 9 ans.
Chjami e rispondi
C’est l’ex-président du Conseil départemental de Corse du Sud, Pierre-Jean Luciani qui ouvre le feu des attaques de l’opposition en tentant, une nouvelle fois, de justifier son action, estimant, chiffres à l’appui, être victime de « contre-vérités ». Faisant la comparaison avec le département de Haute-Corse, il estime : « On enfonce le mien, de l’autre, on ne parle pas ! ».
Son ex-collègue du Nord, François Orlandi, n’apprécie pas : « Nous avons travaillé efficacement au service la Corse. Nous n’avons pas à rougir de notre travail, nous n’avons pas besoin de le comparer à celui d’autres collectivités, nous n’avons pas de leçons à recevoir. Le dénigrement, que certains entretiennent, a pour effet de diviser nos sociétés alors que la Corse a besoin d’être apaisée ». Tout en mettant lui aussi en cause une « analyse parfois erronée des deux départements qui, avec 48%, apportent la plus grande part des recettes ». Rappelant que son groupe Andà per Dumane ne s’inscrivait pas « dans une démarche d’opposition systématique, voire démagogique », il tacle le refus de contractualisation avec l’Etat « qui permettrait de renouer un débat plus constructif que celui dans lequel nous sommes enfermés aujourd’hui et qui n’est pas profitable à la Corse. Nous espérons que vous reverrez cette position. Nous ne voterons pas ce budget, nous nous abstiendrons ».
Une année blanche
Toujours focalisée sur la querelle Nord-Sud, la présidente du groupe La Corse dans la République, Valérie Bozzi, assène d’emblée que « les choix budgétaires ne permettent pas d’atteindre les objectifs fixés. La fusion des collectivités était censée apporter plus de rationalisation, une baisse des coûts et des dépenses. Or, c’est le contraire ! Pas de rationalisation ! Pas d’économies d’échelle ! Pas de baisse des coûts et des dépenses ! Vous dites qu’il n’y aura pas d’augmentation de la pression fiscale, mais le contribuable de Corse du Sud participe plus à ce budget et les investissements sont moins importants, c’est un des paradoxes de fond ! ». Elle craint que ce budget qui « manque d’ambition et de saveur » ne génère « une année blanche » pour les entreprises, les communes et les associations. « Il aurait dû être le budget de la remise en question des anciens mondes, notamment la remise en cause des agences et offices, or vous reprenez allègrement ce que vous avez critiqué pendant 40 ans. On aurait pu prendre la mesure et changer les choses. Vous ne l’avez pas fait ! ».
C’est l’ex-président du Conseil départemental de Corse du Sud, Pierre-Jean Luciani qui ouvre le feu des attaques de l’opposition en tentant, une nouvelle fois, de justifier son action, estimant, chiffres à l’appui, être victime de « contre-vérités ». Faisant la comparaison avec le département de Haute-Corse, il estime : « On enfonce le mien, de l’autre, on ne parle pas ! ».
Son ex-collègue du Nord, François Orlandi, n’apprécie pas : « Nous avons travaillé efficacement au service la Corse. Nous n’avons pas à rougir de notre travail, nous n’avons pas besoin de le comparer à celui d’autres collectivités, nous n’avons pas de leçons à recevoir. Le dénigrement, que certains entretiennent, a pour effet de diviser nos sociétés alors que la Corse a besoin d’être apaisée ». Tout en mettant lui aussi en cause une « analyse parfois erronée des deux départements qui, avec 48%, apportent la plus grande part des recettes ». Rappelant que son groupe Andà per Dumane ne s’inscrivait pas « dans une démarche d’opposition systématique, voire démagogique », il tacle le refus de contractualisation avec l’Etat « qui permettrait de renouer un débat plus constructif que celui dans lequel nous sommes enfermés aujourd’hui et qui n’est pas profitable à la Corse. Nous espérons que vous reverrez cette position. Nous ne voterons pas ce budget, nous nous abstiendrons ».
Une année blanche
Toujours focalisée sur la querelle Nord-Sud, la présidente du groupe La Corse dans la République, Valérie Bozzi, assène d’emblée que « les choix budgétaires ne permettent pas d’atteindre les objectifs fixés. La fusion des collectivités était censée apporter plus de rationalisation, une baisse des coûts et des dépenses. Or, c’est le contraire ! Pas de rationalisation ! Pas d’économies d’échelle ! Pas de baisse des coûts et des dépenses ! Vous dites qu’il n’y aura pas d’augmentation de la pression fiscale, mais le contribuable de Corse du Sud participe plus à ce budget et les investissements sont moins importants, c’est un des paradoxes de fond ! ». Elle craint que ce budget qui « manque d’ambition et de saveur » ne génère « une année blanche » pour les entreprises, les communes et les associations. « Il aurait dû être le budget de la remise en question des anciens mondes, notamment la remise en cause des agences et offices, or vous reprenez allègrement ce que vous avez critiqué pendant 40 ans. On aurait pu prendre la mesure et changer les choses. Vous ne l’avez pas fait ! ».
Un emprunt inquiétant
Ceci dit, la droite entre dans le vif du débat avec Xavier Lacombe, élu du groupe Per l’Avvene, qui s’inquiète du montant de l’emprunt qui « dépasse 800 millions € alors que la Chambre régionale des Comptes nous avait préconisé de ne pas dépasser 500 millions d’encours ». Et s’interroge sur l’importance du nouvel emprunt : « Ne serait-il pas plus judicieux de s’en tenir à l’emprunt nécessaire pour ne pas aggraver un encours déjà bien lourd ? ». Selon lui, « la dégradation sur les 4 ans à venir de l’épargne brute et de la capacité de désendettement est manifeste. Vous affichez la volonté d’investir 300 millions € par an. En 2009, la seule CTC investissait 272 millions €. Avons-nous vraiment avancé en affichant le même niveau après fusion des trois entités ? ».
Un manque de souffle
Le président du groupe, Jean-Martin Mondoloni, enchaine sur un ton plus politique, brocardant le « manque de souffle » de ce « budget de mi-parcours » et la marque imprimée depuis trois ans : « Pourquoi de façon systématique vous vous déchargez sur l’Etat ou sur le passé ? Vous avez pris le parti de nourrir un rapport de force ou pire, un rapport de défiance. C’est votre logique. Est-ce qu’on a gagné à nourrir un rapport de défiance ? Nous considérons qu’il est plus opportun de privilégier la force des rapports. Le temps n’est-il pas venu de s’engager avec l’Etat dans une logique de partenariat respectueux ? ». Le leader de la droite a le sentiment ironique que l’Exécutif territorial n’a pas pris la mesure de sa victoire : « Vous avez triomphé. Dans la rue, 1 personne sur 4 a voté pour vous. Vous rendez-vous compte des obligations que cela vous impose ? Avez-vous le droit de nous proposer un budget d’inventaire des politiques sectorielles qui ne sont pas nées hier matin ? Vous savez bien les critiques qui vous sont faites dans l’opinion, on ne voit pas de dynamique, d’audace, ni de souffle. Précisément ce que vous nous reprochiez en 2007. Les Corses attendent de l’action. Ils n’attendent pas seulement que vous fassiez preuve de responsabilité, mais aussi que vous sortiez de la déresponsabilisation ».
Une confiance affichée
La diatribe laisse l’Exécutif de marbre : « Nous avons construit un budget qui permet un investissement important sans recours excessif à l’emprunt. On nous reproche de n’avoir parlé que de révision constitutionnelle, ce budget prouve qu’avec la même énergie, nous avons fait le reste, avec peut-être une part d’erreurs et d’échec, mais avec surtout une foi inébranlable. Nous commençons à monter en puissance. Les choses iront de mieux en mieux. Je suis résolument confiant pour les années à venir », conclut Gilles Simeoni. Auparavant, il avait laissé éclater sa colère contre la mairie d’Ajaccio et ses accusations « complètement infondées que je traite mal la ville ». Il démontre, chiffres à l’appui, les investissements accordées depuis deux ans. Et en profite au passage pour régler un compte salé à Pierre-Jean Luciani sur les cadeaux royalement offerts par le Conseil départemental du Sud à la ville, le 20 décembre, après les élections. Réaction débonnaire de l’intéressé : « On était à quelques jours de Noël ». (cf interview de Gilles Simeoni par ailleurs)
Le budget est adopté par la majorité territoriale, la droite a voté contre, la gauche s’est abstenue.
N.M.
Ceci dit, la droite entre dans le vif du débat avec Xavier Lacombe, élu du groupe Per l’Avvene, qui s’inquiète du montant de l’emprunt qui « dépasse 800 millions € alors que la Chambre régionale des Comptes nous avait préconisé de ne pas dépasser 500 millions d’encours ». Et s’interroge sur l’importance du nouvel emprunt : « Ne serait-il pas plus judicieux de s’en tenir à l’emprunt nécessaire pour ne pas aggraver un encours déjà bien lourd ? ». Selon lui, « la dégradation sur les 4 ans à venir de l’épargne brute et de la capacité de désendettement est manifeste. Vous affichez la volonté d’investir 300 millions € par an. En 2009, la seule CTC investissait 272 millions €. Avons-nous vraiment avancé en affichant le même niveau après fusion des trois entités ? ».
Un manque de souffle
Le président du groupe, Jean-Martin Mondoloni, enchaine sur un ton plus politique, brocardant le « manque de souffle » de ce « budget de mi-parcours » et la marque imprimée depuis trois ans : « Pourquoi de façon systématique vous vous déchargez sur l’Etat ou sur le passé ? Vous avez pris le parti de nourrir un rapport de force ou pire, un rapport de défiance. C’est votre logique. Est-ce qu’on a gagné à nourrir un rapport de défiance ? Nous considérons qu’il est plus opportun de privilégier la force des rapports. Le temps n’est-il pas venu de s’engager avec l’Etat dans une logique de partenariat respectueux ? ». Le leader de la droite a le sentiment ironique que l’Exécutif territorial n’a pas pris la mesure de sa victoire : « Vous avez triomphé. Dans la rue, 1 personne sur 4 a voté pour vous. Vous rendez-vous compte des obligations que cela vous impose ? Avez-vous le droit de nous proposer un budget d’inventaire des politiques sectorielles qui ne sont pas nées hier matin ? Vous savez bien les critiques qui vous sont faites dans l’opinion, on ne voit pas de dynamique, d’audace, ni de souffle. Précisément ce que vous nous reprochiez en 2007. Les Corses attendent de l’action. Ils n’attendent pas seulement que vous fassiez preuve de responsabilité, mais aussi que vous sortiez de la déresponsabilisation ».
Une confiance affichée
La diatribe laisse l’Exécutif de marbre : « Nous avons construit un budget qui permet un investissement important sans recours excessif à l’emprunt. On nous reproche de n’avoir parlé que de révision constitutionnelle, ce budget prouve qu’avec la même énergie, nous avons fait le reste, avec peut-être une part d’erreurs et d’échec, mais avec surtout une foi inébranlable. Nous commençons à monter en puissance. Les choses iront de mieux en mieux. Je suis résolument confiant pour les années à venir », conclut Gilles Simeoni. Auparavant, il avait laissé éclater sa colère contre la mairie d’Ajaccio et ses accusations « complètement infondées que je traite mal la ville ». Il démontre, chiffres à l’appui, les investissements accordées depuis deux ans. Et en profite au passage pour régler un compte salé à Pierre-Jean Luciani sur les cadeaux royalement offerts par le Conseil départemental du Sud à la ville, le 20 décembre, après les élections. Réaction débonnaire de l’intéressé : « On était à quelques jours de Noël ». (cf interview de Gilles Simeoni par ailleurs)
Le budget est adopté par la majorité territoriale, la droite a voté contre, la gauche s’est abstenue.
N.M.