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CTC : Un plan d’action pour lutter contre la divagation animale sur les routes corses


Nicole Mari le Samedi 28 Octobre 2017 à 21:56

A l’origine d’accidents de circulation parfois dramatiques, les bovins en liberté sont le fléau des routes de montagne corses. Devant l’impuissance des maires à endiguer ce phénomène récurent, l’Assemblée de Corse a adopté à l’unanimité une motion déposée par Jean Toma, conseiller territorial du groupe Le Rassemblement, et secrétaire général de l’association des maires et présidents d’EPCI de Corse-du-Sud*. La motion amendée propose de créer un syndicat mixte regroupant la future Collectivité de Corse et les communes, et de modifier les conditions d’octroi des primes ICHN en envisageant d’une part, une obligation de clôture des pâturages situés à proximité des voies publiques et, d’autre part, une fréquence régulière d’abattage des veaux pour justifier l’utilisation effective de la prime. Explications, pour Corse Net Infos, de François Sargentini, conseiller exécutif et président de l’ODARC (Office de développement agricole et rural de la Corse).



CTC : Un plan d’action pour lutter contre la divagation animale sur les routes corses
- Les maires du rural vous ont interpellé sur le problème de la divagation animale. Comprenez-vous leur problème et quelle réponse apportez-vous ?
- Bien sûr, le problème nous le comprenons ! Il a plus que trop duré ! Il pèse sur la société corse, notamment sur les villages et les villes de l’intérieur. Aujourd’hui, plus personne ne veut rester dans cette situation, des éleveurs au monde politique qui nous interpelle. Cette question doit être prise à bras-le corps et elle l’a été par la Commission qui a été activée par le président de l’Assemblée de Corse, le président de l’Exécutif et le préfet de Haute-Corse. Cette Commission a fait un travail de fond et a établi un plan d’action qui est prêt à être mis en œuvre. Dans la suite de la motion qui a été déposée, nous proposons de réactiver, une dernière fois, cette Commission pour mettre en application toutes les décisions qui ont été prises.
 
- Concrètement, que préconise ce plan d’action ?
- Nous préconisons une sensibilisation, notamment au niveau des élus et des maires, et la détermination de zones test parmi les zones les plus impactées par cette problématique. Egalement des captures d’animaux en divagation, des battues administratives, tout cela avec l’encadrement nécessaire des services de l’Etat. Enfin, de mettre en place, au niveau des clôtures et au niveau, demain, des contentieux d’animaux, tous les dispositifs possibles qui bénéficieront des aides de l’ODARC et de la CTC (Collectivité territoriale). Tout un travail de fond est fait pour régler cette situation qui, aujourd’hui, risque de dégénérer et de devenir très difficile dans certains villages.
 
- Quand ces mesures seront-elles appliquées ?
- Nous avons proposé de réunir la Commission avant le 10 décembre. Nous attendons, donc, que les services de la CTC, les présidents de l’Assemblée et de l’Exécutif, et le préfet activent, une dernière fois, cette Commission pour que nous rentrions, enfin, dans le concret. Ensuite, les choses peuvent se faire assez rapidement.
 
- Malgré la polémique et les battues, le problème continue. Sa résolution ne dépend-elle pas, avant tout, de la bonne volonté des éleveurs ? 
- Une prise de conscience est en train de s’opérer dans le monde agricole. Les éleveurs sont conscients que cette situation ne peut plus perdurer. Tout le monde a très bien compris, y compris au niveau des Chambres d’agriculture, qu’aujourd’hui, il faut aller vers d’autres logiques, d’autres méthodes d’exploitation des troupeaux, et pas seulement au niveau des bovins, mais même au niveau des porcins et autres… A partir de cette prise de conscience et de la volonté politique qui se dessine, nous pouvons apporter des réponses concrètes à ce que nous sommes en train de vivre.
 
- Pourquoi y-a-t-il autant de vaches sur le bord des routes corses ?
- On trouve des vaches le long des routes à cause d’un système d’élevage établi, mais aussi de logiques d’abandon sur de nombreux territoires de l’intérieur. Nous devons y remédier en renforçant les capacités d’exploitation, en formant mieux les exploitants agricoles, et en réglant ce problème de manière définitive pour que nos villages puissent vivre de façon harmonieuse. Cette manière de travailler des éleveurs pèse sur les territoires. Il faut prendre le taureau par les cornes, comme on dit certains, et favoriser une évolution des méthodes d’élevage.
 
- Est-ce un problème lié au foncier ?
- C’est un problème lié à beaucoup de choses. Bien sûr, il est lié au foncier, mais il est lié aussi aux méthodes d’exploitation, à la formation des hommes… Il y a beaucoup de domaines sur lesquels nous devons agir.
 
- De plus en plus de vaches sont abattues sur le bord des routes. Craignez-vous que cela ne dégénère ?
- Bien sûr ! Ce n’est pas une solution ! La solution n’est pas que les gens se fassent justice eux-mêmes et qu’ils abattent les vaches le long des routes. Nous ne pouvons pas l’admettre ! De toute façon, tuer les vaches le long des routes ne va pas régler le problème qui va perdurer. C’est à nous, de la profession agricole jusqu’au politique, à trouver, tous ensemble, une voie et une solution. La Commission apporte des solutions de fond, il faut les mettre en œuvre.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.

*En savoir plus sur
http://www.corsenetinfos.corsica/Divagation-animale-Une-motion-sera-examinee-par-l-Assemblee-de-Corse_a30001.html
 

François Sargentini, conseiller exécutif et président de l’ODARC (Office de développement agricole et rural de la Corse).
François Sargentini, conseiller exécutif et président de l’ODARC (Office de développement agricole et rural de la Corse).