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CAB : Une nouvelle gestion des déchets adoptée sans enthousiasme


Nicole Mari le Mercredi 16 Septembre 2015 à 00:38

Rien de bien excitant lors de cette réunion de rentrée du Conseil communautaire de l'agglomération de Bastia (CAB), hormis l'adoption du protocole sur le changement de modèle de gestion des ordures ménagères, issu de la crise du centre de Tallone. Inquiète du surcoût pour la CAB, de l'incertitude à court terme et du manque de lisibilité, la majorité municipale bastiaise n'a pas participé au vote. Tous aussi inquiets quand à la réorganisation des services, les salariés de la CAB, ont déposé un préavis de grève pour jeudi. Explications, en vidéo, pour Corse Net Infos, de François Tatti, président de la CAB et du Syvadec, de Gilles Simeoni, maire de Bastia, et de Guy Armanet, maire de Santa Maria du Lota, tous deux, également, vice-présidents de la CAB.



Le président de la CAB, François Tatti, entouré des deux premiers vice-présidents, Michel Rossi et Jacky Padovani.
Le président de la CAB, François Tatti, entouré des deux premiers vice-présidents, Michel Rossi et Jacky Padovani.
Hasard du calendrier, le dossier des ordures ménagères était, ce 15 septembre, à l'ordre du jour, à la fois, du Conseil communautaire de la CAB et de l'Assemblée nationale. Le premier devait adopter le protocole sur le changement de modèle de gestion des déchets, approuvé en juillet dernier par l'Assemblée de Corse (CTC) pour tenter de trouver une issue à la crise, née de la fermeture, le 23 juin, du centre de stockage et d'enfouissement de Tallone. La second devait examiner et adopter un amendement visant une dérogation de la loi Littoral afin de permettre la construction de l'unité mécanobiologique sur ce même centre. Une unité exigée par le maire de Tallone, Christian Orsucci, pour creuser un nouveau casier de stockage. Face au blocage et dans l'urgence, un protocole d'engagement mutuel est soumis aux communes, aux intercommunallités, à l'Etat, au Syvadec et aux opérateurs privés. L'objectif affiché est de diminuer de 20% d'ici à un an et de 90% d'ici à 2020, les déchets fermentescibles et d'augmenter le tri à la source de 6% actuels à 58% en 2020. Cela suppose, à la fois, un changement de comportement des usagers et une réorganisation de la collecte, donc des services. Ce qui, apparemment, est encore loin d'être acquis.
 
Un manque de clarté
Personne ne remettant en cause l'urgence et la nécessité de mettre en place un tel protocole, le vote était acquis d’avance. Ce qui n’a pas empêché Julien Morganti, conseiller communautaire du groupe de Francois Tatti, de monter au créneau pour défendre le document : « Il faut trier. Personne ne peut être contre ce protocole et ne pas être solidaire. Cette évolution ne doit pas être considérée comme un caprice, mais un outil pour rendre un service de qualité ». Néanmoins, certains élus, notamment le maire de Bastia, s'inquiètent des dérives de coûts inhérentes à la crise de Tallone et de l’absence de lisibilité financière. « Nous souscrivons à l'objectif de changer de modèle, mais nous déplorons le manque de mise en perspective stratégique sur la vision d'ensemble. Le coût, qui sera répercuté sur la CAB, s'élève à 120 000 €, sans certitude de régler le problème. Cette tendance, que l'on ne peut pas considérer comme passagère, est ruineuse ». Taclant un système qui, à Bastia, « dysfonctionne complètement », Gilles Simeoni explique qu’Il « faut changer le système dans la concertation et avec l'adhésion des personnels ». Et conclut : « Nous ne participerons pas au vote compte tenu de l'absence de lisibilité sur la suite financière ».
 
La flambée des coûts
A sa suite, l’adjoint aux finances de la ville de Bastia, Jean Joseph Massoni, enfonce le clou sur la non-évaluation de l'impact financier : « La participation de la CAB au Syvadec était de 4,312 millions € en 2013, de 4,445 millions en 2014 et de 4,837 millions en 2015, soit une augmentation de 11,9% par rapport à 2013. Cette nouvelle augmentation porte la contribution à 4,947 millions €, soit 14,7% d'augmentation depuis 2013. Avons-nous la capacité financière de supporter de telles augmentations ? », questionne-t-il.
Même préoccupation de Guy Armanet qui remarque : « Nous allons devoir mettre encore la main à la poche. Cette mesure ne couvre que les deux mois à venir. Que va-t-il se passer après ? Le manque de visibilité fait qu'il sera difficile de se projeter. Il est important d'être prêt au moment opportun car ce montant risque encore d'évoluer dans les mois à venir ». " Le maire de Santa Maria di Lota s'interroge également sur la mise en œuvre du protocole par la CAB : « Trois options sont à prendre rapidement : redéployer les points d'apports volontaires pour le tri, s'orienter vers le tri sélectif et réorganiser les tournées. Il faut l'expliquer aux personnels, il en en va de la survie du service ».
 
Un acte politique
Le président de la CAB, en même temps, président du Syvadecn Francois Tatti, se veut rassurant : « Ce protocole nous va très bien. Je le prends comme un acte politique qui nous donne l'obligation de respecter les engagements pris devant la population insulaire ». Cependant, il botte en touche sur le coût de la crise, avouant son ignorance : « Il n'est pas possible de dire quels seront les surcoûts car on n'a pas encore fait d'appel d'offres. Il faut, aujourd'hui, rassurer les populations et leur montrer que nous sommes capables d’appliquer cette politique de tri ». Au final, le protocole a été adopté sans les voix de la majorité bastiaise.
Parmi les autres sujets à l'ordre du jour : la décision de participer à la journée nationale d'action contre les baisses de dotations de l'Etat. Une délégation d'élus de la CAB se rendra en préfecture, samedi 15 septembre, à 10 heures.
 
N.M.
 
 

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