Le conseil communautaire de l'agglomération de Bastia.
La décision ne fut, de toute évidence, pas facile à prendre ! Surtout pas devant les personnels de l'office hydraulique présents en nombre sur les bancs du public. Les élus de la Communauté d’agglomération de Bastia (CAB) ont, donc, fait un choix par défaut en adoptant, à la quasi-unanimité, le transfert de la gestion du service de l'eau et de l'assainissement en régie. Les inquiétudes sont palpables, notamment du côté de la municipalité bastiaise. Le maire de Bastia, Gilles Simeoni, qui n'a pas évincé l'Office hydraulique de gaité de cœur (cf vidéo), a longuement expliqué le choix final de la régie et dénoncé les carences de la DSP en vigueur. « L'Office ne s'est pas montré conforme au cahier des charges de la CAB, un cahier des charges auquel nous n'avons pas participé. Le marché aurait été attribué à Veolia. Or, nous savons que le monopole d’un grand opérateur s'exerce au détriment de l'intérêt général. Nous ne voulons pas nous retrouver en situation de dépendance vis-à-vis de quelque opérateur que ce soit ». L'argument majeur est la hausse des prix qui aurait été exponentielle et non contrôlable par la CAB (cf interview de F.Tatti).
Un outil gangrené
Puis, le maire de Bastia, également conseiller territorial, lance une charge brève, mais assassine contre la gestion de l'OEHC : « Nous ne pouvons pas faire l'économie de savoir pourquoi un outil, comme l'OEHC, dysfonctionne gravement. Il est, aujourd'hui, gangrené par un certain nombre de pratiques avec lesquelles il faut rompre ! ». Il émet des réserves sur le risque financier de l'opération et le manque de précision de l'étude qui ne prend pas en compte certains coûts : « Ce qui me préoccupe, c'est l'équilibre financier qui est difficile à obtenir. Je regrette qu'il n'y ait pas de prévisionnel plus affiné. Je demande qu'il soit fait rapidement. J'insiste avec force sur la nécessité de contrôler toutes les dépenses, notamment de fonctionnement. Le risque de dérapage est réel. Si les dépenses dérapent, tout le processus se mettra en torche. Ce n'est pas envisageable ! Nous ferons tout pour que ce ne soit pas le cas ». Pierre-Noel Luiggi, vice-président de la CAB en charge du développement économique et de l’innovation, enfonce le clou sur la nécessité d'une bonne gestion comme gage de réussite.
Une tarification sociale
Côté opposition, le principe de la régie ne fait pas vraiment débat.
Le communiste, Francis Riolacci, qui y est favorable depuis longtemps, demande, seulement, de réfléchir à une tarification sociale. « Nous sommes d'accord pour la régie, mais une hausse des prix de 2%, c'est déjà beaucoup pour les familles. Je prends acte avec satisfaction du maintien des statuts des personnels. C'est un atout de réussite ». Il vote pour.
Son colistier, Jean Zuccarelli, profite de l'occasion pour lancer une diatribe contre le maire de Bastia. Il défend le « bilan positif » de la DSP, tout en reconnaissant que « des points devaient être corrigés ». Il est le seul à tacler la hausse inévitable des prix : « Force est de constater qu’on nous prépare à une hausse significative du prix de l'eau. Nous ne pouvons pas l'accepter ! On nous affirme que la régie permettra de limiter la hausse des prix. C'est un euphémisme ! ». Il doute de « la capacité à tenir la hausse annoncée qui est, déjà, inacceptable, dans le contexte économique difficile que nous connaissons » et se dit « soucieux de ne pas alourdir la facture des Bastiais ». C'est le seul élu qui s'abstient au moment du vote.
Des choix fondateurs
Le président de la CAB, François Tatti, trouve les réserves « fondées », mais dit-il : « le passage d'une étude à la réalité nous appartient. Ce sera notre responsabilité ». Il réaffirme le souci de maîtrise des prix et de qualité du service public et la capacité du budget annexe de l'eau à étancher une partie du coût de la mise en place de la régie. « D'une difficulté peut naître une chance ! Une nouvelle époque s'ouvre pour la CAB avec des choix fondateurs ».
Les représentants des personnels de l’Office hydraulique suivent le débat avec attention, mais en silence… et sans enthousiasme. Rassurés par l’accord sur le maintien de leurs statuts, ils semblent plutôt résignés par « cette décision politique » et plus préoccupés par la situation de crise inédite que connaît l’OEHC avec deux directeurs. Le matin même, Ange de Cicco, deux ans après avoir été licencié, a, sur décision du tribunal administratif de Bastia, réintégré son poste ! (cf vidéo)
Une escroquerie intellectuelle
Autre sujet à l’ordre du jour, la prorogation du traité de concession de la ZAE d’Erbajolo donne lieu à un tir nourri de Pierre-Noël Luiggi contre la gestion de l’ancienne municipalité. La SEM Bastia Aménagement, qui doit faire face à des difficultés financières, ne parvient pas à achever la commercialisation et l’aménagement de la ZAE. Elle demande, donc, la prorogation de la concession jusqu’à 2022. Le PDG d’Oscaro n’y va pas par quatre chemins ! « C’est un anachronisme ! Ce qu’on appelle Parc technologique d’Erbajolo est une escroquerie intellectuelle ! C’est un mensonge que l’on sert aux Bastiais depuis 20 ans ! C’est un cafouillage ! Nous héritons d’une situation catastrophique. On a mis une zone dans un endroit sans qu’une vision d’ensemble ait été construite. En 20 ans, rien n’a été fait ! Rien n’a été pensé, même pas un plan de circulation ! Nous sommes en train de le faire maintenant ». Fustigeant « un manque de volonté politique » de l’ancien maire, Emile Zuccarelli, il conclut par une métaphore sportive : « L’équipe n’a pas démérité, c’est, surtout, l’entraineur qui a démérité ! ».
Une promotion difficile
Ce sévère constat d’échec fait bondir Jean Zuccarelli : « Parler de manque de volonté politique quand la ville et la CAB ont investi massivement pour faire une zone de qualité, unique en son genre en Corse et très bien desservie ! La ZAE est un véritable atout pour la Corse ! ». S’il reconnaît que : « Effectivement, de grands activités technologiques ne sont pas encore installées », il en impute la responsabilité à d’autres : « S’il n’y a pas eu émergence d’un pôle technologique ENR, vos amis y sont pour quelque chose ! Promouvoir l’attractivité de la Corse était très difficile ces 20 dernières années, ça ne vous a pas échappé ! ». Puis contrattaque dans son registre habituel : « Depuis un an que vous êtes élu, il n’y a pas eu un compromis de vente. Nous n’avons rien vu ! ».
Une bombe à retardement
Ce que dément le président de la CAB, François Tatti, qui remet froidement les pendules à l’heure : « La situation financière de la CAB est très difficile. Cette ZAE est une bombe à retardement financière ! Le site est miné par une absence de propriété foncière et des terrains, en son cœur, qui ne sont pas propriétés de la CAB. Nous devons engager une DUP (Déclaration d'utilité publique) pour effectuer des expropriations. Plusieurs compromis de vente ont été signés, mais la ZAE a des handicaps majeurs qui me font craindre le pire. Je souhaite que ce rappel des faits soit pris en compte ! ». La prorogation est votée à l’unanimité. Comme le sera le compte administratif. François Tatti annonce, ensuite, l’ajournement à 15 jours, de l’examen du Document d’orientations budgétaires que la CAB, en quasi-faillite financière, a visiblement du mal à finaliser.
Une promesse électorale
Sera également adoptée, à l’unanimité, la construction d’un plan partenarial pour la gestion des demandes de logements sociaux, imposé par la loi ALUR. « La mise en place de cette nouvelle politique du logement basée sur l’équité et la transparence est une promesse électorale et est au cœur de notre pacte communautaire », rappelle le président de la CAB. Il réitère les principes d’attribution du logement social : « Il faut que l’ordre d’inscription soit pris en compte et que les citoyens sachent pourquoi ils n’ont pas été retenus pour qu’ils n’aient pas l’impression d’avoir subi un passe-droit. Il faut, ensuite, éviter de concentrer les logements sociaux dans les quartiers Sud, comme cela a été fait jusqu’à présent, mais les répartir équitablement sur tout le territoire ». L’objectif est de construire une offre équilibrée entre les communes de la CAB, dont certaines, comme Furiani et Ville-di-Pietrabugno, sont obligées de payer des amendes allant jusqu’à 67 000 € pour non respect des quotas.
Des Assises du logement social
Les deux communes arguent d’un manque de foncier et de prix de terrains prohibitifs. « A Furiani, chaque projet de logement social est attaqué par nos administrés au Tribunal administratif », ajoute Louis Pozzo di Borgo, délégué et 2ème adjoint de Furiani.
Francis Riolacci déplore le « manque d’une urgence absolue. Face à l’urgence sociale et à la difficulté de certains Bastiais à se loger, il faut répondre immédiatement ». Dans cette optique, seront organisées, avant l’été, les premières Assises du logement social.
Enfin, les 40 élus de la CAB ont validé la création d’un Conseil de développement. Cet organe consultatif a pour but d’améliorer la cohésion communautaire en faisant participer la société civile, notamment les acteurs économiques et sociaux, à la construction du projet de territoire. Un appel à candidature sera lancé de mars à juin. En septembre, sera fixée la feuille de route pour 2016.
N.M.
Un outil gangrené
Puis, le maire de Bastia, également conseiller territorial, lance une charge brève, mais assassine contre la gestion de l'OEHC : « Nous ne pouvons pas faire l'économie de savoir pourquoi un outil, comme l'OEHC, dysfonctionne gravement. Il est, aujourd'hui, gangrené par un certain nombre de pratiques avec lesquelles il faut rompre ! ». Il émet des réserves sur le risque financier de l'opération et le manque de précision de l'étude qui ne prend pas en compte certains coûts : « Ce qui me préoccupe, c'est l'équilibre financier qui est difficile à obtenir. Je regrette qu'il n'y ait pas de prévisionnel plus affiné. Je demande qu'il soit fait rapidement. J'insiste avec force sur la nécessité de contrôler toutes les dépenses, notamment de fonctionnement. Le risque de dérapage est réel. Si les dépenses dérapent, tout le processus se mettra en torche. Ce n'est pas envisageable ! Nous ferons tout pour que ce ne soit pas le cas ». Pierre-Noel Luiggi, vice-président de la CAB en charge du développement économique et de l’innovation, enfonce le clou sur la nécessité d'une bonne gestion comme gage de réussite.
Une tarification sociale
Côté opposition, le principe de la régie ne fait pas vraiment débat.
Le communiste, Francis Riolacci, qui y est favorable depuis longtemps, demande, seulement, de réfléchir à une tarification sociale. « Nous sommes d'accord pour la régie, mais une hausse des prix de 2%, c'est déjà beaucoup pour les familles. Je prends acte avec satisfaction du maintien des statuts des personnels. C'est un atout de réussite ». Il vote pour.
Son colistier, Jean Zuccarelli, profite de l'occasion pour lancer une diatribe contre le maire de Bastia. Il défend le « bilan positif » de la DSP, tout en reconnaissant que « des points devaient être corrigés ». Il est le seul à tacler la hausse inévitable des prix : « Force est de constater qu’on nous prépare à une hausse significative du prix de l'eau. Nous ne pouvons pas l'accepter ! On nous affirme que la régie permettra de limiter la hausse des prix. C'est un euphémisme ! ». Il doute de « la capacité à tenir la hausse annoncée qui est, déjà, inacceptable, dans le contexte économique difficile que nous connaissons » et se dit « soucieux de ne pas alourdir la facture des Bastiais ». C'est le seul élu qui s'abstient au moment du vote.
Des choix fondateurs
Le président de la CAB, François Tatti, trouve les réserves « fondées », mais dit-il : « le passage d'une étude à la réalité nous appartient. Ce sera notre responsabilité ». Il réaffirme le souci de maîtrise des prix et de qualité du service public et la capacité du budget annexe de l'eau à étancher une partie du coût de la mise en place de la régie. « D'une difficulté peut naître une chance ! Une nouvelle époque s'ouvre pour la CAB avec des choix fondateurs ».
Les représentants des personnels de l’Office hydraulique suivent le débat avec attention, mais en silence… et sans enthousiasme. Rassurés par l’accord sur le maintien de leurs statuts, ils semblent plutôt résignés par « cette décision politique » et plus préoccupés par la situation de crise inédite que connaît l’OEHC avec deux directeurs. Le matin même, Ange de Cicco, deux ans après avoir été licencié, a, sur décision du tribunal administratif de Bastia, réintégré son poste ! (cf vidéo)
Une escroquerie intellectuelle
Autre sujet à l’ordre du jour, la prorogation du traité de concession de la ZAE d’Erbajolo donne lieu à un tir nourri de Pierre-Noël Luiggi contre la gestion de l’ancienne municipalité. La SEM Bastia Aménagement, qui doit faire face à des difficultés financières, ne parvient pas à achever la commercialisation et l’aménagement de la ZAE. Elle demande, donc, la prorogation de la concession jusqu’à 2022. Le PDG d’Oscaro n’y va pas par quatre chemins ! « C’est un anachronisme ! Ce qu’on appelle Parc technologique d’Erbajolo est une escroquerie intellectuelle ! C’est un mensonge que l’on sert aux Bastiais depuis 20 ans ! C’est un cafouillage ! Nous héritons d’une situation catastrophique. On a mis une zone dans un endroit sans qu’une vision d’ensemble ait été construite. En 20 ans, rien n’a été fait ! Rien n’a été pensé, même pas un plan de circulation ! Nous sommes en train de le faire maintenant ». Fustigeant « un manque de volonté politique » de l’ancien maire, Emile Zuccarelli, il conclut par une métaphore sportive : « L’équipe n’a pas démérité, c’est, surtout, l’entraineur qui a démérité ! ».
Une promotion difficile
Ce sévère constat d’échec fait bondir Jean Zuccarelli : « Parler de manque de volonté politique quand la ville et la CAB ont investi massivement pour faire une zone de qualité, unique en son genre en Corse et très bien desservie ! La ZAE est un véritable atout pour la Corse ! ». S’il reconnaît que : « Effectivement, de grands activités technologiques ne sont pas encore installées », il en impute la responsabilité à d’autres : « S’il n’y a pas eu émergence d’un pôle technologique ENR, vos amis y sont pour quelque chose ! Promouvoir l’attractivité de la Corse était très difficile ces 20 dernières années, ça ne vous a pas échappé ! ». Puis contrattaque dans son registre habituel : « Depuis un an que vous êtes élu, il n’y a pas eu un compromis de vente. Nous n’avons rien vu ! ».
Une bombe à retardement
Ce que dément le président de la CAB, François Tatti, qui remet froidement les pendules à l’heure : « La situation financière de la CAB est très difficile. Cette ZAE est une bombe à retardement financière ! Le site est miné par une absence de propriété foncière et des terrains, en son cœur, qui ne sont pas propriétés de la CAB. Nous devons engager une DUP (Déclaration d'utilité publique) pour effectuer des expropriations. Plusieurs compromis de vente ont été signés, mais la ZAE a des handicaps majeurs qui me font craindre le pire. Je souhaite que ce rappel des faits soit pris en compte ! ». La prorogation est votée à l’unanimité. Comme le sera le compte administratif. François Tatti annonce, ensuite, l’ajournement à 15 jours, de l’examen du Document d’orientations budgétaires que la CAB, en quasi-faillite financière, a visiblement du mal à finaliser.
Une promesse électorale
Sera également adoptée, à l’unanimité, la construction d’un plan partenarial pour la gestion des demandes de logements sociaux, imposé par la loi ALUR. « La mise en place de cette nouvelle politique du logement basée sur l’équité et la transparence est une promesse électorale et est au cœur de notre pacte communautaire », rappelle le président de la CAB. Il réitère les principes d’attribution du logement social : « Il faut que l’ordre d’inscription soit pris en compte et que les citoyens sachent pourquoi ils n’ont pas été retenus pour qu’ils n’aient pas l’impression d’avoir subi un passe-droit. Il faut, ensuite, éviter de concentrer les logements sociaux dans les quartiers Sud, comme cela a été fait jusqu’à présent, mais les répartir équitablement sur tout le territoire ». L’objectif est de construire une offre équilibrée entre les communes de la CAB, dont certaines, comme Furiani et Ville-di-Pietrabugno, sont obligées de payer des amendes allant jusqu’à 67 000 € pour non respect des quotas.
Des Assises du logement social
Les deux communes arguent d’un manque de foncier et de prix de terrains prohibitifs. « A Furiani, chaque projet de logement social est attaqué par nos administrés au Tribunal administratif », ajoute Louis Pozzo di Borgo, délégué et 2ème adjoint de Furiani.
Francis Riolacci déplore le « manque d’une urgence absolue. Face à l’urgence sociale et à la difficulté de certains Bastiais à se loger, il faut répondre immédiatement ». Dans cette optique, seront organisées, avant l’été, les premières Assises du logement social.
Enfin, les 40 élus de la CAB ont validé la création d’un Conseil de développement. Cet organe consultatif a pour but d’améliorer la cohésion communautaire en faisant participer la société civile, notamment les acteurs économiques et sociaux, à la construction du projet de territoire. Un appel à candidature sera lancé de mars à juin. En septembre, sera fixée la feuille de route pour 2016.
N.M.