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Budget de la CTC : Un débat perturbé par le conflit social de l'Office de l'environnement


Nicole Mari le Jeudi 19 Décembre 2013 à 19:24

Hémicycle quasiment vide pour la majeure partie du débat du budget primitif 2014, jeudi après-midi, à l’Assemblée de Corse (CTC). La crise à l’Office de l’environnement (OEC) a mobilisé les élus nationalistes à l’extérieur et perturbé le déroulement de la session. Au final, ce budget contraint, qui s’inscrit dans le droit fil des orientations budgétaires débattues le mois dernier, a pu être adopté grâce à l’abstention habituelle de Corsica Libera et de deux élus de droite, auquel s’est joint, pour la 1ère fois, à la surprise générale, le groupe Femu a Corsica.



Les bancs de l'opposition désertés.
Les bancs de l'opposition désertés.
La crise à l’Office de l’environnement (OEC) s’est invitée au débat budgétaire. Après le clash du matin ou les 15 élus nationalistes ont quitté l’hémicycle en signe de protestation (cf par ailleurs), seuls 8 élus sur 51 étaient présents pour écouter la présentation par le président de l’Exécutif, Paul Giacobbi, des grandes lignes budgétaires pour l’exercice 2014. Une partie des élus des partis traditionnels siégeaient en commission d’appel d’offres. Les 15 élus nationalistes, tous groupes confondus, discutaient avec la délégation des personnels de l’OEC pour tenter de trouver une issue à la crise. Ils sont revenus en pleine journée, interrompant les interventions de leurs rares collègues présents, pour demander un point d’ordre qui leur a permis de s’expliquer, pendant quelques minutes, sur un certain nombre de points, notamment la raison pour laquelle ils avaient quitté l’hémicycle (cf article par ailleurs). Puis, ils sont retournés à leur médiation à l’exception de deux élus qui sont intervenus sur le budget.
 
Un budget contraint
Cette désertion majoritaire n’a pas, pour autant, raccourci le débat budgétaire qui s’est avéré aussi long et fastidieux que d’habitude. Il aura fallu toute l’après-midi aux élus présents pour commenter le rapport présenté et une partie de la soirée pour étudier les huit amendements proposés. Le document, finalement adopté, diffère assez peu des orientations budgétaires discutées début novembre (cf article en archive). Un budget tout aussi pessimiste, contraint par des causes extérieures, marqué par la baisse simultanée des dotations de l’Etat et des recettes fiscales et dont la marge de manœuvre est quasiment nulle. Seul, le PEI (Plan exceptionnel d’investissement) permet de maintenir un certain volume d’investissements nécessaires pour rattraper le retard structurel chronique de l’île.
 
Le poids du maritime
Au-delà de la bataille de chiffres, c’est, surtout, l’épée de Damoclès du transport maritime qui a pesé sur la totalité du débat. Soit, par le biais de la problématique de la taxe sur les transports que la CTC a bien du mal à recouvrer et qui constitue, au fil des années, autant qu’il est possible de les chiffrer, un joli matelas de recettes perdues. Un manque à gagner inacceptable dans un contexte de restriction drastique où les collectivités locales n’ont pas d’autre choix que de racler les fonds de tiroir et de se plier à une économie malvenue. Soit, par le biais des déboires de la SNCM et de la probabilité, annoncée et répétée en session par Paul Giacobbi, de créer, en cas de naufrage de la compagnie maritime, une SEM (Société d’économie mixte) maritime. SEM que réclament les Nationalistes et que récusent les Communistes et leurs alliés Cégétistes.
Vendredi matin, l’examen du renouvellement des OSP (Obligations de service public) maritime ne devrait qu’élargir le fossé entre ces deux visions antagonistes.
 
La droite tout contre
Une fois le problème de l’OEC réglé, les élus ont, presque tous, regagné l’hémicycle pour l’adoption du budget qui se fait désormais de manière uninominale à main levée. Ils se sont, pour la plupart, livrés à de longues explications de votes, dont certaines ont créé la surprise.
Comme d’habitude, l’Exécutif a pu compter sur la totalité des voix de sa majorité de gauche. Comme d’habitude, la droite a voté en ordre dispersé. Ce que Camille de Rocca-Serra, président du groupe Rassembler pour la Corse, a joliment justifié d’une suave formule : « Notre groupe a une très grande liberté de vote. C’est une polyphonie douce qui, parfois, arrive, sur des votes essentiels, à être une symphonie ». Sur les 12 élus que compte le groupe, 8, toujours les mêmes, ont voté contre le budget, 2, dont Antoine Sindali, se sont abstenus et 2 se sont faits porter absents.
Comme d’habitude, depuis qu’il fait cavalier seul, Paul-Félix Benedetti d’U Rinnovu a, également, voté contre.
 
L’abstention des Indépendantistes
Comme d’habitude depuis le début de cette mandature, les 3 élus indépendantistes du groupe Corsica Libera se sont abstenus. Toujours pour les mêmes raisons. « Ce qui justifie depuis 3 ans notre abstention régulière est qu’un Conseil Exécutif qui met à l’ordre du jour les revendications, que nous avons toujours portées, nous pousse à l’encourager. Notre vote est conforme à ce qu’il a été. Nous abstenir est, une fois de plus, un signe d’encouragement à l’Exécutif pour l’inviter à la plus grande fermeté dans le dialogue avec le gouvernement et dans la perspective des combats à-venir », commente Jean-Guy Talamoni.
 
La surprise des modérés
La surprise est venue des Nationalistes modérés de Femu a Corsica qui, rompant leurs habitudes de toujours voter contre le budget, ont décidé, cette fois, de s’abstenir. Le président du groupe, Jean-Christophe Angelini s’est livré à une explication d’autant plus longue qu’elle était malaisée, justifiant cette inflexion de cap par une sorte de ralliement implicite à la stratégie, très critiquée, de Corsica Libera. « Nous avons suivi un cap depuis le début de la mandature. Nous avons marqué un certain nombre de réserves sur le budget, mais nous pensons qu’un certain nombre d’éléments sont réunis pour avancer ensemble. Il nous paraît difficile et inopportun de distinguer le budget du contexte et des enjeux dont la résolution conditionne l’avenir de la Corse. Nous rappelons notre attachement fondamental au dialogue, plus encore, dans les périodes troublées, pour éviter, dans la transparence et la discussion, un certain nombre de conflits. Nous l’attachons au vote du budget ».
Paul Giacobbi était tout sourire. Le budget a été adopté avec 24 voix pour sur 51.
   
N.M.

Les élus nationalistes quittent l'hémicycle.