Le maire nationaliste, Gilles Simeoni, entouré de sa première adjointe socialiste, Emmanuelle De Gentili, et de son second adjoint libéral, Jean-Louis Milani.
Depuis le début de la mandature, c’est lui qui donne le ton d’une opposition remontée à bloc qui n’a toujours pas digéré sa défaite électorale et s’est muré dans un refus obstiné de toute critique sur sa gestion passée. Mardi soir, lors de la première séance de l'année du Conseil municipal de Bastia, Francis Riolacci n’a pas dérogé à la règle, ni adouci sa stratégie de pression systématique. Avec une impressionnante pugnacité, il a, même plus qu’à son habitude, fait feu de tous bois, multipliant les prises intempestives de paroles, les invectives et les clashs, occupant le terrain, taclant sans répit ses adversaires ! Malgré sa volonté d’éviter toute polémique et ses efforts pour ramener le calme, le maire, Gilles Simeoni, n’a pu empêcher le court ordre du jour, comme le débat public sur les perspectives financières de la ville qui lui a succédé, de dégénérer.
Une brûlante embauche
La première salve est tirée dès l’examen des rares dossiers prévus au Conseil municipal proprement dit, qui examinait la vente de terrains communaux, situés à Montesoro, dans le cadre d’un appel à projets. Si la cession d’un terrain à la SEM Bastia aménagement en vue de la construction d’un établissement pour autistes et polyhandicapés ne pose pas problème, l’appel à projets d’intérêt public ou collectif sur un lot que la municipalité espère attribuer au futur funérarium « pour rassurer nos concitoyens et répondre à un besoin social », commence à échauffer Francis Riolacci. Il s’enflamme sur la modification du plan de financement de la voie douce et sur la création d’un emploi de chargé de mission "Grands travaux et projets structurants" qui aura pour tâche « d’éviter les surcoûts inattendus et les délais trop longs de réalisation, d’améliorer la planification et la gestion des projets importants de la ville ». La précision n’est pas du goût de l’ex-adjoint à la culture : « ça a mis du temps, mais ça a été réalisé ! Vous, vous ne faites rien ! ».
Des controverses stériles
Riposte immédiate de Jean-Joseph Massoni, adjoint aux finances qui égrène : « Vos méthodes de gestion ont été critiquées par la rapport 2010 de la Cour des Comptes qui dénonce des « opérations de gestion qui s’éternisent » ! Le Palais des gouverneurs : 20 ans avec un coût triplé par rapport au départ. Le parking de la Citadelle, comme le parking de la gare : 10 ans pour un coût final de 11 millions € chacun, deux fois supérieur aux annonces... ». Jean Zuccarelli tente d’en remettre une couche sur l’absence de projets et de vision de ses successeurs (cf vidéo), Jean-Louis Milani s’énerve : c’est le premier clash de la soirée (cf vidéo). La présentation par le cabinet Localnova d’une étude sur la situation des finances de la ville et sur les sombres perspectives financières de la mandature, vire, ensuite, au règlement de comptes politiques avec des controverses stériles souvent bien éloignées du sujet proposé.
De sombres perspectives
Cette étude, qui n’est pas un audit à proprement parler, évalue les forces et les faiblesses budgétaires de la commune, notamment l’impact de la diminution drastique des dotations de l’Etat : 13,2 millions € sur 4 ans, soit 60% des dépenses annuelles d’investissement. Elle formule des préconisations pour tenir le cap des prochaines années. Et le moins que l’on puisse dire est que l’état des lieux, comme les perspectives, sont inquiétants. LocalNova conclut que la ville souffre « d’une pauvreté structurelle confirmée par tous les indicateurs économiques (chômage, revenu moyen, zone sensible…), d’une faiblesse majeure liée à une insuffisance de ressources propres et à une dépendance des financements extérieurs ». Il tacle « une dégradation importante du patrimoine, un coût élevé de mise aux normes et des grands projets annoncés publiquement sans plan financier existant ». Il préconise « des arbitrages financiers drastiques (baisse des dépenses, optimisation fiscale) pour enrayer le glissement des frais de personnels, permettre le remboursement de l’annuité de la dette, le maintien du niveau de service public, la poursuite des investissements et la construction d’un pacte financier et fiscal avec une CAB (Communauté d’agglomération), elle-même, en grande difficulté financière ».
Des mauvaises surprises
Pour Gilles Simeoni, ce sombre constat signe la fin d’un modèle économique. « Ce choc budgétaire d’une violence absolue, qui touche toutes les collectivités, est aggravé à Bastia par un passif hérité de la gestion de l’ancienne équipe, qui pèsera sur les choix actuels ». Il dénonce « les mauvaises surprises » laissées par l’ancienne municipalité et « que nous devons gérer », notamment un fonds de roulement négatif d’1 million € et un emprunt de 4,4 millions € contracté un mois avant les élections. Il liste un certain nombre de charges nouvelles que son prédécesseur avait omis de budgéter, telles que les rythmes scolaires et le Centre culturel des quartiers Sud, un parc automobile et un patrimoine dégradés. Il déplore, ensuite, la faiblesse des recettes et les forts taux d’imposition, notamment la taxe d’habitation, qui pèsent sur les ménages. Ces remarques font bondir Francis Riolacci qui, sans souci de bienséance, coupe, à plusieurs reprises, la parole au maire de Bastia pour protester contre des affirmations qu’il juge mensongères. Ces interruptions intempestives finissent par provoquer un clash avec des élus de la majorité et le public qui n’apprécient pas ! Il faudra, un certain temps, avant que le maire puisse reprendre son discours et expliquer ses choix politiques (cf vidéo) en prévenant, in lingua nustrale : « Un si po caccià sangu di e petre. Un dà vulemu micca fà ! ».
Une motion contre l’austérité
Pour l’élu communiste, « le vrai problème de Bastia, c’est la politique d’austérité. Bastia n’est pas Neuilly-sur-Seine ! On n’a pas besoin d’un audit pour le savoir ! ». Il estime que « dans cette ville aux faibles revenus, la majorité précédente a accompli des exploits politiques et budgétaires et des équipements importants ». Il propose le vote d’une motion contre l’austérité « comme 10000 maires l’ont fait ». Et se déclare « heureux de ce qui s’est passé en Grèce ! ». Ce qui lui vaut une réplique ironique et amusée de Gilles Simeoni : « Vous parlez de l’alliance du parti qui prend le pouvoir avec les Nationalistes ! » et l’hilarité de la salle. Jean Zuccarelli enchaine et revient à la charge : « le seul choc en 2015 sera les dépenses de personnels et les embauches à la CAB et à la ville ». Il ré-enfourche, pour la seconde fois de la soirée, son cheval de bataille : « l’absence de projets et de vision » de la nouvelle municipalité. « Comment réaliser un PADD et un PLU à 10 ans alors que vous n’avez pas encore été capable de réaliser des projets qui sont finalisés, comme le Parking Gaudin ! Que de temps et de marchés perdus ! » s’exclame-t-il, déclenchant le rire général.
Un enjeu incompris
Pour lui, la nouvelle équipe a beau jeu de « s’abriter » derrière un contexte défavorable « parce qu’on ne sait pas où l’on va ! Vous êtes en panne ! Le choc, supplémentaire, que nous découvrons, ce soir, est votre incapacité à faire des choix ! Vous faites de la cavalerie électorale. En attendant, Bastia recule ! ». Il s’attire une froide réponse de Michel Castellani, adjoint à l'urbanisme et à la planification stratégique : « Je ne sais pas qui est en campagne électorale permanente, si c’est nous ou vous ! Qu’une municipalité qui est restée 135 ans au pouvoir, vienne nous reprocher, au bout de quelques mois, de ne rien faire, il faut pouvoir ! On ne peut pas dire que l’opposition est brimée, ici ! Mais, tout cela, n’est pas l’enjeu du débat de ce soir ». C’est l’avis de Gilles Simeoni qui conclut : « Tournons la page de cet emportement et des polémiques. On a un agenda de deux mois pour arriver jusqu’au budget. Si vous avez des idées, nous sommes preneurs. Nous nous en avons ! Nous avons des idées, une vision et un projet stratégiques pour Bastia. C’était le but du débat de ce soir ». Un enjeu, visiblement mal compris, qui augure mal du prochain Conseil municipal consacré au débat sur les orientations budgétaires et qui promet d’être tout aussi vif !
N.M.
Une brûlante embauche
La première salve est tirée dès l’examen des rares dossiers prévus au Conseil municipal proprement dit, qui examinait la vente de terrains communaux, situés à Montesoro, dans le cadre d’un appel à projets. Si la cession d’un terrain à la SEM Bastia aménagement en vue de la construction d’un établissement pour autistes et polyhandicapés ne pose pas problème, l’appel à projets d’intérêt public ou collectif sur un lot que la municipalité espère attribuer au futur funérarium « pour rassurer nos concitoyens et répondre à un besoin social », commence à échauffer Francis Riolacci. Il s’enflamme sur la modification du plan de financement de la voie douce et sur la création d’un emploi de chargé de mission "Grands travaux et projets structurants" qui aura pour tâche « d’éviter les surcoûts inattendus et les délais trop longs de réalisation, d’améliorer la planification et la gestion des projets importants de la ville ». La précision n’est pas du goût de l’ex-adjoint à la culture : « ça a mis du temps, mais ça a été réalisé ! Vous, vous ne faites rien ! ».
Des controverses stériles
Riposte immédiate de Jean-Joseph Massoni, adjoint aux finances qui égrène : « Vos méthodes de gestion ont été critiquées par la rapport 2010 de la Cour des Comptes qui dénonce des « opérations de gestion qui s’éternisent » ! Le Palais des gouverneurs : 20 ans avec un coût triplé par rapport au départ. Le parking de la Citadelle, comme le parking de la gare : 10 ans pour un coût final de 11 millions € chacun, deux fois supérieur aux annonces... ». Jean Zuccarelli tente d’en remettre une couche sur l’absence de projets et de vision de ses successeurs (cf vidéo), Jean-Louis Milani s’énerve : c’est le premier clash de la soirée (cf vidéo). La présentation par le cabinet Localnova d’une étude sur la situation des finances de la ville et sur les sombres perspectives financières de la mandature, vire, ensuite, au règlement de comptes politiques avec des controverses stériles souvent bien éloignées du sujet proposé.
De sombres perspectives
Cette étude, qui n’est pas un audit à proprement parler, évalue les forces et les faiblesses budgétaires de la commune, notamment l’impact de la diminution drastique des dotations de l’Etat : 13,2 millions € sur 4 ans, soit 60% des dépenses annuelles d’investissement. Elle formule des préconisations pour tenir le cap des prochaines années. Et le moins que l’on puisse dire est que l’état des lieux, comme les perspectives, sont inquiétants. LocalNova conclut que la ville souffre « d’une pauvreté structurelle confirmée par tous les indicateurs économiques (chômage, revenu moyen, zone sensible…), d’une faiblesse majeure liée à une insuffisance de ressources propres et à une dépendance des financements extérieurs ». Il tacle « une dégradation importante du patrimoine, un coût élevé de mise aux normes et des grands projets annoncés publiquement sans plan financier existant ». Il préconise « des arbitrages financiers drastiques (baisse des dépenses, optimisation fiscale) pour enrayer le glissement des frais de personnels, permettre le remboursement de l’annuité de la dette, le maintien du niveau de service public, la poursuite des investissements et la construction d’un pacte financier et fiscal avec une CAB (Communauté d’agglomération), elle-même, en grande difficulté financière ».
Des mauvaises surprises
Pour Gilles Simeoni, ce sombre constat signe la fin d’un modèle économique. « Ce choc budgétaire d’une violence absolue, qui touche toutes les collectivités, est aggravé à Bastia par un passif hérité de la gestion de l’ancienne équipe, qui pèsera sur les choix actuels ». Il dénonce « les mauvaises surprises » laissées par l’ancienne municipalité et « que nous devons gérer », notamment un fonds de roulement négatif d’1 million € et un emprunt de 4,4 millions € contracté un mois avant les élections. Il liste un certain nombre de charges nouvelles que son prédécesseur avait omis de budgéter, telles que les rythmes scolaires et le Centre culturel des quartiers Sud, un parc automobile et un patrimoine dégradés. Il déplore, ensuite, la faiblesse des recettes et les forts taux d’imposition, notamment la taxe d’habitation, qui pèsent sur les ménages. Ces remarques font bondir Francis Riolacci qui, sans souci de bienséance, coupe, à plusieurs reprises, la parole au maire de Bastia pour protester contre des affirmations qu’il juge mensongères. Ces interruptions intempestives finissent par provoquer un clash avec des élus de la majorité et le public qui n’apprécient pas ! Il faudra, un certain temps, avant que le maire puisse reprendre son discours et expliquer ses choix politiques (cf vidéo) en prévenant, in lingua nustrale : « Un si po caccià sangu di e petre. Un dà vulemu micca fà ! ».
Une motion contre l’austérité
Pour l’élu communiste, « le vrai problème de Bastia, c’est la politique d’austérité. Bastia n’est pas Neuilly-sur-Seine ! On n’a pas besoin d’un audit pour le savoir ! ». Il estime que « dans cette ville aux faibles revenus, la majorité précédente a accompli des exploits politiques et budgétaires et des équipements importants ». Il propose le vote d’une motion contre l’austérité « comme 10000 maires l’ont fait ». Et se déclare « heureux de ce qui s’est passé en Grèce ! ». Ce qui lui vaut une réplique ironique et amusée de Gilles Simeoni : « Vous parlez de l’alliance du parti qui prend le pouvoir avec les Nationalistes ! » et l’hilarité de la salle. Jean Zuccarelli enchaine et revient à la charge : « le seul choc en 2015 sera les dépenses de personnels et les embauches à la CAB et à la ville ». Il ré-enfourche, pour la seconde fois de la soirée, son cheval de bataille : « l’absence de projets et de vision » de la nouvelle municipalité. « Comment réaliser un PADD et un PLU à 10 ans alors que vous n’avez pas encore été capable de réaliser des projets qui sont finalisés, comme le Parking Gaudin ! Que de temps et de marchés perdus ! » s’exclame-t-il, déclenchant le rire général.
Un enjeu incompris
Pour lui, la nouvelle équipe a beau jeu de « s’abriter » derrière un contexte défavorable « parce qu’on ne sait pas où l’on va ! Vous êtes en panne ! Le choc, supplémentaire, que nous découvrons, ce soir, est votre incapacité à faire des choix ! Vous faites de la cavalerie électorale. En attendant, Bastia recule ! ». Il s’attire une froide réponse de Michel Castellani, adjoint à l'urbanisme et à la planification stratégique : « Je ne sais pas qui est en campagne électorale permanente, si c’est nous ou vous ! Qu’une municipalité qui est restée 135 ans au pouvoir, vienne nous reprocher, au bout de quelques mois, de ne rien faire, il faut pouvoir ! On ne peut pas dire que l’opposition est brimée, ici ! Mais, tout cela, n’est pas l’enjeu du débat de ce soir ». C’est l’avis de Gilles Simeoni qui conclut : « Tournons la page de cet emportement et des polémiques. On a un agenda de deux mois pour arriver jusqu’au budget. Si vous avez des idées, nous sommes preneurs. Nous nous en avons ! Nous avons des idées, une vision et un projet stratégiques pour Bastia. C’était le but du débat de ce soir ». Un enjeu, visiblement mal compris, qui augure mal du prochain Conseil municipal consacré au débat sur les orientations budgétaires et qui promet d’être tout aussi vif !
N.M.