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Bastia : A Fratellanza aide tous ceux qui sont dans la précarité à "retrouver leur dignité"


Thibaud KEREBEL le Vendredi 10 Février 2023 à 16:38

Depuis 1995, l’association A Fratellanza œuvre à l’appui des plus démunis. Parmi ses services : un accueil de jour multifonctions pour pallier les carences sociales, administratives et matérielles de chacun.



L'accueil est ouvert de 8 à 20 heures, que ce soit pour venir regarder la télévision, prendre une douche, ou simplement boire un café.
L'accueil est ouvert de 8 à 20 heures, que ce soit pour venir regarder la télévision, prendre une douche, ou simplement boire un café.
En passant la porte du local de l'association A Fratellanza, l’ouïe se met instantanément en éveil : au milieu de la pièce de vie, le son crépitant d'une petite radio portable se mêle au bruit lointain de la télévision et aux échos des multiples conversations. Certains bavardent autour d’un café, d'autres jouent aux échecs sur l'ordinateur. Assis derrière son bureau, au fond de la pièce, le directeur de la structure, Philippe Marcelli, prend le temps de décrire cet écosystème. « Notre mission, c’est de tenir un accueil inconditionnel aux personnes en situation de grande précarité. C’est-à-dire que nous, on ne porte pas de jugement sur qui est là, et pourquoi. Les gens viennent simplement chercher quelque chose. Ça peut être un accès multimédia, un petit déjeuner, un repas du soir, une machine à laver, une douche, ou juste un lien social. »

Cet accueil de jour, situé à Bastia, au 13 rue Luce de Casabianca, constitue depuis 1995 un point d’appui pour « toutes les personnes en situation de fragilité », complète Philippe Marcelli. « Chacun peut venir pallier ses carences administratives, sociales, matérielles... » Le directeur de la structure insiste d’ailleurs sur un point. « Notre travail, c’est de donner l’occasion à ces gens de se racheter une dignité, et de pouvoir être vus comme des personnes lambdas. » Car aujourd’hui, « la précarité peut toucher tout le monde, et surtout très très vite ». « Comme il n’y a plus les piliers familiaux et sociétaux d’avant, demain, tu peux te retrouver à la rue sans savoir pourquoi. Donc la chute est inévitable. »

« On est une grande famille ici »

Dans l’une des pièces du local, peu avant midi, un petit groupe s’est constitué devant la télévision. Julien et Hamza, deux habitués des lieux, taillent le bout de gras en regardant un film d’action. « C’est Snatch, avec Brad Pitt », lancent-ils d’une seule voix. Tout sourire, ils sont en terrain connu. « On est une grande famille ici. Quand on a de mauvaises périodes, on sait qu’on peut venir, et qu’on aura tout ce dont on a besoin », explique Julien. « Hier il a plu, où tu veux aller quand il pleut ? Donc on a passé la journée ici, on a pris un café, on a regardé la télé... » Actuellement sans emploi, tous deux attendent impatiemment la pleine saison, synonyme d’embauche massive. « On peut tout faire, la plonge, les chantiers, les jardins... »

C’est d’ailleurs la seconde mission de l'association A Fratellanza : accompagner son public vers l’insertion ou la réinsertion. « Ça peut être simplement de réapprendre à manger, à se comporter, à avoir des règles, un cadre », décrit Philippe Marcelli. « Quand des gens perdent tout repère, il faut parfois les aider à changer leur façon de parler, de regarder… » Les employés du centre d’accueil fournissent également un appui administratif, qui peut s’avérer indispensable pour trouver un emploi.

Depuis 2021, une équipe mobile couvre la Plaine orientale

Un local de consigne permet aux usagers de stocker leurs effets personnels. Des vêtements de seconde main sont également mis à disposition.
Un local de consigne permet aux usagers de stocker leurs effets personnels. Des vêtements de seconde main sont également mis à disposition.
Mais toute l’activité de l’association ne se concentre pas autour des locaux de Bastia. En 2021, avec le soutien de l’ARS, une équipe mobile a été créée, afin de couvrir le secteur de la Plaine orientale. « On voit que le dispositif marche très bien », se satisfait Philippe Marcelli. « Ça nous permet de détecter les personnes dans le besoin, pour ensuite les rediriger vers les différentes structures d’aide, comme les CCAS ou la collectivité. » Et pour apporter une solution aux différents problèmes de logement, A Fratellanza dispose également d’un centre d’hébergement d’urgence, basé à l’ancien hôpital de Toga. « Il y a 13 lits, et c’est ouvert sept jours sur sept ! »

Forcément, ces multiples installations ont un coût, qui est, pour le moment, couvert en intégralité par l’État. « Ils ont toujours répondu présents, pour tous nos besoins. Mais on n’a jamais assez de moyens pour tous nos projets, c’est évident. » Outre les gros dossiers en attente, l’association peut aussi se concentrer sur d’autres objectifs, qui dépendent moins d'hypothétiques investissements financiers. « On a remarqué que les femmes ont plus de mal à venir vers les structures d’aide, donc quand elles arrivent, on essaie maintenant de les préserver », note Philippe Marcelli. « Et je peux le comprendre : pour une femme, entrer dans un lieu collectif où il n’y a que des hommes, ce n’est pas évident. »